EDUCATION
VIE SCOLAIRE
(suite page 10)
apprentissages… Cette matinée « en
plus » permettrait de répartir plus effica-
cement les activités de la semaine en
fonction des pics d'attention des élèves.
De la théorie à la pratique : incohérence
ou impasse d'emploi du temps, Louise, 6
ans en CP dans le 18
e
arrondissement à
Paris, se retrouve avec un cours d'EPS
d'1 h 30 et seulement 1h de classe, le mer-
credi matin !
Pour Astrid, enseignante de CM1 dans
une autre école de la capitale, c'est tou-
jours le même casse-tête organisationnel
pour cette deuxième rentrée au régime 4
jours et demi.
« Je suis pour une demi-jour-
née supplémentaire mais sans réduire les
après-midi car le programme reste le
même. Avec des ateliers mardi et ven-
dredi, aucune sortie n'est possible ; et le
jeudi les élèves sont infernaux. Si avant, je
prévoyais des activités plus cool le ven-
dredi, désormais c'est le jeudi, la journée
problématique. A l'inverse, j'avance moins
vite, à cause de leur fatigue chronique.
Les vacances de la Toussaint seraient arri-
vées une semaine plus tôt, cela n'aurait
pas été plus mal. »
Côté pratique, sa
classe est réquisitionnée dès 15 h 00 et elle
est obligée de se réfugier en salle des maî-
tres. Là, parfois, elle assiste impuissante
aux mauvais comportements des élèves
dans le cadre périscolaire.
« Ils mélangent
le scolaire et les TAP (temps d'activité
périscolaire) avec des règles de discipline
qui ne sont plus les mêmes et des anima-
teurs pas forcément compétents, qui se
laissent déborder. Personnellement je me
sens dépossédée de mes élèves ne
sachant pas ce qu'ils font en ateliers et je
n'ai pas l'impression que ces change-
ments leur bénéficient. »
En tant que maman d'un fils scolarisé à
Bondy (Seine-Saint-Denis), Astrid est tout
aussi perplexe face à une école dans l'in-
capacité de l'informer sur les activités pré-
vues. Et c'est bien ce problème de com-
www.peep.asso.fr- numéro 383 - Novembre-décembre 2014
9
s rythmes scolaires
Michel Leroux,
maire de Pont-Audemer (27)
Comment s'est passée cette deuxième rentrée scolaire
appliquant ces nouveaux rythmes dans les six écoles
de votre ville ?
Beaucoup mieux car nous avons fait des adaptations entre
2013 et 2014 étant donné que nous sommes un peu rodés.
Nous avons décidé de laisser de la souplesse en maternelle
pour respecter les temps de vie du petit enfant. La question
de la sieste a donc été réglée. Tout est une question de
volonté, il faut être sensible aux questions éducatives et
c'est notre cas.
Plus que de la sensibilité éducative, ne faut-il pas
avoir les moyens ?
Il est évident que pour certaines petites communes c'est
moins facile ; c'est pourquoi nous avons aidé deux
communes sur l'intercommunalité à mettre en place la
réforme. Pour notre ville le coût total se situe entre 250 000
et 300 000 euros par an, moins les aides de l'Etat. Grâce à
notre volonté et notre détermination, nous nous sommes
donné les moyens également d'évaluer et de suivre le
dispositif grâce à la mise en place d'un grand conseil des
écoles où se réunissent les délégués des enseignants et les
parents au moins une fois par trimestre.
Justement quels sont les retours que vous avez eus
sur cette nouvelle organisation ?
L'évaluation que nous avons faite au mois de juin est sans
appel au niveau du discours des enseignants qui trouvent les
enfants plus disponibles le matin. Concernant les activités
proposées, il y en a 80 et un peu moins de 90 % des élèves y
participent (contre plus de 90 % l'année dernière). Chaque
enfant s'inscrit au début du trimestre et aucune participation
n'est demandée aux parents. Quelques élèves sont partis dans
le système privé mais cela reste très marginal.
« Nous avons décidé de laisser de la souplesse en maternelle »
munication de l'école vers les parents
qu'elle constate également dans sa pro-
pre école.
« Nous voyons beaucoup
moins les parents si ce n'est plus du tout
car nous ne sommes pas à la sortie des
Selon l’enquête Peep, pour 40 % des parents,
cette réforme fatiguerait davantage les enfants !