numéro 383 - Novembre-décembre 2014 -
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classes ce qui oblige à transférer beau-
coup d'informations par cahier de corres-
pondance interposé ; cela complique le
relationnel. »
Le grand écart des TAP
Si justement le relationnel parents-ensei-
gnants doit désormais s'adapter à des
modes de communication indirects, cer-
tains subissent en plus le manque d'infor-
mations. Preuve en est, ce courrier reçu
par les parents de l'académie de Rouen
en date du 30 septembre dernier et qui
les informe, enfin, des raisons et des bien-
faits de cette semaine avec 5 matinées.
Jusque-là, pour beaucoup, aucune réu-
nion ni consultation. Pour Jennifer, maman
d’une petite Louise en classe de CP dans
une école qui a adopté les nouveaux
rythmes en 2013, les ateliers qui devaient
être un choix des enfants s'est révélé un
choix des animateurs eux-mêmes sans
consultation des parents. D'autant
qu'
« en fonction de la compétence et de
la sympathie des animateurs, l'activité est
cool… ou beaucoup moins ! »
. Pour cette
maman, gratuité rime avec garderie
déguisée à la vue des activités Kapla,
puzzle et jeux de société.
Autre son de cloche dans la petite ville de
Lampertheim, près de Strasbourg,
Vanessa, maman de deux enfants,
est, elle, ravie des activi-
tés proposées à ses
enfants : initiations spor-
tives, création d'un
conte musical, cours
d'anglais ou de danse.
L'organisation trimestrielle
est bien rodée et la muni-
cipalité a mis les moyens
mais cela a un prix pour les familles : 24
euros par enfant et par trimestre. Un coût
qui s’ajoute aux activités extrascolaires
que ses enfants n'ont pas abandonnées
pour autant.
Alors faut-il en conclure qu'il faut payer
pour que les enfants aient accès à des
activités qualitatives et qu'il ne faut pas
s'attendre à grand-chose quand il y a gra-
tuité ? Certes non. Mais il est clair que les
élèves qui sont scolarisés dans des com-
munes riches ont plus de chances de
bénéficier d’activités périscolaires attrac-
tives. Ce qui est le cas pour les enfants de
Florence, en région bordelaise. Si l'année
dernière elle payait 5 euros par enfant et
par an à Eysines, cette année dans
l’école de Saint-Médard-en-Jalles, où elle
a scolarisé ses enfants, c'est gratuit et
qualitatif. Danse, musique, photo, vélo ou
encore « atelier attitude citoyenne » ravis-
sent Camille (CM2), Manon (CE2), Luka
(CE1) et Théa (Moyenne section).
« Tout le
monde y trouve son compte et ils sont très
contents d'aller au TAP qu'ils choisissent
eux-mêmes. »
Bouleversements dans les familles
On le voit bien, cette réforme engendre
des sentiments très divers chez les
parents. Que l’on soit dans une com-
mune avec des moyens financiers impor-
tants ou non, à la campagne ou en ville,
dans une école avec des intervenants
qualifiés et motivés… ou non. Mais on
peut faire un constat : si le temps scolaire
est désormais le même pour tous les élè-
ves de primaire, les TAP creusent, eux, des
inégalités entre les écoles et les commu-
nes sans partout « contribuer au dévelop-
pement de leur curiosité intellectuelle » ;
ce qui est pourtant l'ambition du ministère
si l'on se réfère au discours officiel relayé
par le site 5matinees.education.gouv.fr.
Sans oublier d’autres points négatifs
comme la fatigue constatée chez un
grand nombre d’enfants ainsi que les
bouleversements dans la vie personnelle
et professionnelle que cette réforme a
provoqués dans les familles.
Comme le montre l’enquête Peep (lire ci-
contre), la réforme des rythmes scolaires
reste bel et bien un sujet à polémique
pour la majorité des parents interrogés. Ce
qui est loin d’instaurer un climat serein au
sein de la communauté éducative alors
même que des dossiers d’importance
attendent la ministre Najat Vallaud-
Belkacem, à commencer par la redéfini-
tion du socle commun de connaissances,
de compétences et de culture. S'il est
connu qu'un clou chasse l'autre, cela n'est
pas forcément vrai avec ce dossier des
rythmes scolaires, qui pourrait devenir plus
qu’une épine dans le pied de la ministre
de l’Education nationale.
n
JNV
EDUCATION
VIE SCOLAIRE
Des parents dubitatifs
Une enquête réalisée par la Peep du 12 au 19 septembre sur un échan-
tillon de 4484 parents permet d'avoir une vue d'ensemble du ressenti
des parents sur le terrain. Si 82 % des parents interrogés estiment
que la rentrée scolaire s'est déroulée de manière satisfaisante, chez
les 18 % de mécontents c'est la mauvaise organisation des TAP qui
arrive en tête des doléances. Mais quand il s'agit de juger de l'intérêt
pédagogique des activités proposées, ils sont 47 % à estimer qu’elles
n’en ont pas.
Concernant plus généralement l'aménagement de ce nouveau temps
scolaire, ils sont très nombreux (64%) à ne pas le trouver adapté aux
élèves de maternelle. Enfin, 67 % des sondés ne pensent pas que cette
réforme permettra aux élèves de mieux réussir à l'école ; pire, pour
40%, elle les fatiguerait davantage !
Retrouvez l’intégralité de l’enquête Peep sur le site de votre magazine
www.lavoixdesparents.com.Ateliers ludo-pédagogiques attractifs et bien encadrés ou séan-
ces « jeux » s’apparentant plus à de la garderie… les temps d’ac-
tivité périscolaire sont très variables d’une école à une autre…