Des jeunes
entre privations
Pour la deuxième année consécutive, l’UNICEF-France a organisé
une grande consultation nationale auprès des jeunes âgés de 6 à
18 ans. Le constat se révèle sombre : les enfants en situation défa-
vorisée accumulent les difficultés, plus du tiers des sondés est en
souffrance psychologique, et pire, l’école aggrave ces difficultés.
vation matérielle. L’étude
révèle que plus de 17% des
enfants et adolescents
consultés seraient en situa-
tion de privation,
« c’est-à-
dire de pauvreté »
précise
Michèle Barzach, prési-
dente d’UNICEF-France.
Ces jeunes ont par exem-
ple répondu par la néga-
tive à des questions telles
que « Est-ce que je mange
trois repas par jour ? » ou
« Ai-je un endroit pour faire
mes devoirs au calme ? »…
En plus de s’accroître
avec l’âge, la privation
augmente également for-
tement chez les enfants
vivant en famille monopa-
rentale (27 %) et ceux
vivant dans un quartier
« insécurisant »
(32 %).
Avec des conséquences
sur l’intégration sociale :
« Les résultats confirment que vivre en
situation de privation constitue pour les
enfants et les adolescents un facteur de
risque de vivre en même temps des
E
couter les enfants. Voilà l’objec-
tif du Fonds des Nations unies
pour l’Enfance (UNICEF), réalisé
à travers la consultation de
11 232 enfants âgés de 6 à 18 ans de
mars à mai 2014. En effet, qui de mieux
que les enfants pour parler… des enfants.
« C’est un projet tout à fait novateur : on
a donné la possibilité à des enfants de
s’exprimer sur ce qu’ils vivent au quoti-
dien,
explique Serge Paugam, chercheur
et sociologue ayant encadré l’étude
avec Catherine Dolto.
C’est quelque
chose qui est peu fait par les enquêtes sur
les jeunes car on fait généralement par-
ler les adultes. »
Il s’agissait de demander
aux enfants de raconter leur vie chez
eux, avec leur famille, leurs amis, à
l’école ou encore dans leur quartier à
travers plus de 150 questions au sein de
quatre axes : les droits, la vie de tous les
jours, l’éducation et les loisirs, et la santé.
L’étude, intitulée « Adolescents en
France : le grand malaise » dévoile alors
certaines conclusions particulièrement
inquiétantes.
« Inégalités cumulatives »
Tout d’abord, la question de la pri-
expériences de difficultés d’intégration. Il
s’agit donc bien d’un phénomène d’iné-
galités cumulatives. »
Si l’étude de 2014
diffère – notamment les questions posées
EDUCATION
ZOOM
numéro 383 - Novembre-décembre 2014 -
www.peep.asso.fr4
Le défenseur des Enfants
Le Défenseur des enfants a pour mission de défendre et de promouvoir l’intérêt supérieur et les droits de
l’enfant définis par la loi ou par un engagement international de la France. L’institution est sous l’autorité du
Défenseur des droits, autorité indépendante de rang constitutionnel. Le Défenseur des enfants s’appuie sur
un réseau de 450 délégués qui accueillent enfants et adultes dans les permanences. Il peut notamment deman-
der des informations, saisir une autorité compétente, et être saisi pour informer d’une atteinte à un droit de
l’enfant, d’un cas de discrimination, solliciter une réflexion, etc. Renseignements : defenseurdesdroits.fr.
Plus d’un tiers des jeunes âgés de 6 à 18 ans (36%) affirment
être en souffrance psychologique.