- numéro 383 - Novembre-décembre 2014
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Cette dernière étape doit être préparée
scrupuleusement, le matériel nécessaire
collecté et vérifié, les tâches réparties, les
prises de parole chronométrées.
« Nous
avons eu 30 minutes pour présenter notre
sujet devant le jury. A la fin, les examina-
teurs nous ont posé des questions sur le
fond, aussi bien sur ce que nous venions
de dire que sur le document écrit que
nous leur avions remis. Mieux vaut donc
parfaitement connaître son sujet »,
conseille Camille.
Au-delà de la qualité des informations
avancées et de la présentation, les exa-
minateurs évaluent aussi la démarche
empruntée pour parvenir à ce résultat. Ils
s'appuient pour cela sur une synthèse
que chaque élève doit leur remettre.
Dans ce document, ce dernier recense
les ressources sur lesquelles il s’est
appuyé, décrit le cheminement de sa
réflexion, justifie les choix qui ont été faits
et fait le point sur les connaissances qu’il
a acquises. Les examinateurs demande-
ront également à voir le carnet de bord,
un autre document dans lequel les élè-
ves, au fil des séances, recensent les
questions qu’ils sont amenés à se poser,
le matériel qu’ils ont à se procurer, le tra-
vail que chacun a à faire pour les pro-
chaines séances, etc. Ils y notent égale-
ment les noms et les fonctions des per-
sonnes qu’ils rencontrent, les références
des documents qu’ils consultent, ainsi
que leurs doutes et leurs impressions...
Une nouvelle manière
de travailler
Lancés il y a plus de 10 ans, les TPE n’ont
plus à prouver leur intérêt pédagogique.
Ils permettent aux élèves de sortir des
sentiers battus en apprenant à travailler
avec une méthodologie jamais rencon-
trée jusque-là qui leur sera utile non seu-
lement pour la suite de leur cursus mais
aussi dans leur vie professionnelle future.
Grâce au travail de groupe, par exem-
ple, ils n’ont d’autre choix que de se
répartir les tâches, de s’accorder une
confiance mutuelle, mais aussi d’écouter
ce que les autres ont à dire, de trouver
des arguments pour imposer leurs idées,
éventuellement de faire des compromis
pour trouver une position qui convienne
à tous… Ils apprennent aussi à synthétiser
une importante masse d’informations, à
orienter leurs recherches pour ne pas
s’éparpiller, à respecter des délais. Ils doi-
vent enfin faire preuve d’une bonne
capacité d’adaptation.
« Il nous est
arrivé d’avoir des idées que nous avons
fini par abandonner car cela nous sem-
blait difficile de les intégrer dans notre
travail ou de les aborder lors de l’oral. Il
ne faut pas hésiter à se remettre en ques-
tion régulièrement »
. Rarement, au cours
de leur scolarité, les élèves ont été pous-
sés à ce point à réfléchir sur un sujet
donné et à s’impliquer autant dans un
travail.
n
CB
EDUCATION
VIE SCOLAIRE
Parce qu’il doit être réalisé à deux, trois ou
quatre, le TPE apprend aux élèves à échanger
entre eux, défendre leurs arguments, faire des
concessions pour trouver un consensus, etc.
Philippe,
professeur de français au lycée
« Je dois avouer que lorsqu’en début d’année, je présente
aux élèves ce qu’ils auront à faire dans le cadre de leur
TPE, je vois bien que cela crée une certaine inquiétude
chez certains d’entre eux. En réalité, la quantité de
travail qu’ils ont à fournir n’est pas insurmontable. En
général, une à deux heures de travail personnel par
semaine suffisent pour venir à bout de son TPE dans les
temps, à condition de ne pas s’éparpiller, ce que,
malheureusement, beaucoup d’entre eux ont tendance à
faire. L’autre risque majeur, c’est de tomber dans la
banalité. Les élèves ne doivent surtout pas faire la même
chose que leurs voisins car ils prennent le risque
d’ennuyer le jury, surtout s’ils passent dans les derniers à
l’oral. Ils doivent réussir à surprendre, à étonner et
surtout à intéresser les examinateurs. Pendant les deux
heures hebdomadaires dédiées aux TPE, je regarde où
en est chaque groupe et je leur donne des pistes pour
avancer dans la bonne direction. Au final, la plupart des
élèves gardent un bon souvenir de cette expérience. Ils
apprécient cette façon de travailler. Ce qu’ils aiment
surtout, c’est de pouvoir approfondir un sujet qu’ils ont
eux-mêmes choisi. Et puis, comme seuls les points
obtenus au-dessus de la moyenne sont pris en compte,
c’est un bon moyen pour avoir de l’avance pour le bac. »
« La quantité de travail n’est pas insurmontable »