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DOSSIER

ENSEIGNANTS : COMMENT SONT-ILS FORMÉS ?

méthodes et pratiques de l’enseigne-

ment, alors que les deux années,

dans les IUFM, servaient à préparer le

concours.

Relation aux familles

En outre, les ESPE ont rétabli l’alter-

nance dans la formation des ensei-

gnants, supprimée en 2010. Ainsi, en

M2, les étudiants sont en fait des sta-

giaires et combinent d’un côté douze

concours de recrutement des enseignants

sont essentiellement portés sur les savoirs disci-

plinaires, laissant une place marginale aux

questions de pédagogie et de didactique.

« Or, si le concours se base sur les disciplines,

les cours dans les ESPE aussi car les écoles

menant au métier d’enseignant ont pour but

la réussite de leurs élèves, donc leur réussite

au concours »

, relève Jacques Ginestié. Avec

les ESPE, si le M1 reste logiquement centré sur

la préparation du concours, de nombreux

modules de M2, en revanche, concernent les

www.peep.asso.fr

- numéro 390 - Mars-avril 2016

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(suite page 22)

Claude Lelièvre,

historien de l’éducation

Peut-on dater le début de la formation des

enseignants ?

A la fin du XVIII

e

siècle et première partie du XIX

e

, les

enseignants étaient formés dans des congrégations, de

petits centres mobiles, sortes de frères des écoles

chrétiennes. Mais ce n’est pas institutionnalisé. Il faut

attendre la loi Guizot de 1833 pour voir la généralisation

de la formation des enseignants du primaire, au sein des

écoles normales. C’est l’institutionnalisation d’une

formation académique et professionnelle.

Pour le secondaire, même s’il y avait l’Ulm dès la fin du

XIX

e

, la formation commence dans les années 1960 avec

les CPR (centres pédagogiques régionaux) et la création

du CAPES.

Quelles évolutions ces formations ont-elle

connues ?

Il y a eu un double mouvement. D’abord,

l’ « universitarisation » de la formation des enseignants

du primaire qui a décentré leur formation des écoles

normales. Petit à petit, le niveau de recrutement des

instituteurs s’est élevé : du bac, il est passé au DEUG

dans les années 1970 puis à la licence, à la fin des années

1980.

Le deuxième mouvement souhaitait former les

enseignants du secondaire plus professionnellement. Ces

deux mouvements conjugués ont amené la création des

IUFM, en 1990.

Qu’étaient alors ces Instituts universitaires de

formation des maîtres ?

Les enseignants du primaire avaient une formation

davantage portée sur la didactique et ceux du secondaire

sur la discipline académique. Les IUFM devaient alors

rapprocher les deux formations. On voit dans le sigle le

but de ces IUFM, avec à la fois les mots « université » et

« maîtres ». On voulait plus de formation académique,

disciplinaire et donc universitaire pour le primaire, et

plus de didactique, de pédagogie, pour le secondaire.

Mais ça ne s’est pas fait sans mal, car il fallait que se

rencontrent deux mondes très différents. Mais là était le

but : rapprocher les deux corps au niveau des statuts, des

rémunérations et donc de la formation.

Les ESPE (Ecoles supérieures du professorat et de

l’éducation) sont-elles finalement la suite logique à

toute cette histoire de la formation des

enseignants ?

Elles sont une évolution. Leur mise en place s’avère

difficile car il a en quelque sorte fallu recréer les IUFM,

liquidés sous Nicolas Sarkozy. On est même allé plus loin,

en les intégrant dans les universités. Le changement de

sigle, même si ça ne veut pas tout dire, est tout de même

significatif : on y trouve les termes de professorat et

d’éducation. Autrement dit, on ne forme pas qu’au métier

d’enseignant, mais à tous les métiers de l’éducation. Et

quand on regarde l’histoire, c’est assez logique.

« On ne forme pas qu’au métier

d’enseignant, mais à tous les métiers

de l’éducation »

Selon les parcours, tous les étudiants ne doivent

pas suivre les mêmes cours en seconde année.