Grand Témoin
Catherine Gervais
Vous êtes responsable des « formations spécialisées » à l’ESPE
de Lyon, qui permettent de devenir enseignant spécialisé
« ASH » (Adaptation scolaire et scolarisation des élèves han-
dicapés). Qu’est-ce que cela signifie ?
Quand il est question des formations spécialisées, cela fait
référence aux formations que dispense l’ESPE aux ensei-
gnants titulaires qui ont été retenus pour partir en formation.
La formation les prépare pour se présenter à une certification
leur permettant d’exercer les missions d’enseignants spéciali-
sés. De fait, ce sont des enseignants déjà experts qui sont
concernés et ils deviennent des stagiaires avant de réussir
leur examen et devenir enseignants spécialisés. Le terme ASH
recouvre deux champs : la difficulté scolaire et le handicap.
Des enseignants spécialisés sont formés afin de répondre aux
besoins des élèves sur ces deux champs.
Néanmoins, actuellement, tous les enseignants sont concer-
nés par les élèves relevant de ces deux champs dans la
mesure où ces derniers sont de plus en plus accueillis dans les
classes. Ainsi dans les formations initiales actuelles, des
modules sont proposés pour sensibiliser les enseignants sta-
giaires à la question des « élèves à besoins éducatifs particu-
liers », qui recouvre les élèves handicapés, ceux en difficulté
scolaire passagère, durable, les élèves allophones… Tous les
élèves qui ont besoin que les enseignants aménagent leurs
dispositifs ou adaptent leurs enseignements pour les faire
réussir. C’est le sens de l’école inclusive.
Comment forme-t-on des enseignants ou futurs enseignants à
ces enseignements spécialisés ?
La formation est conçue par une équipe composée de for-
mateurs disposant d’une expertise sur une des spécialités
existant dans l’ASH. Chaque enseignant spécialisé choisit
une option (élèves sourds, aveugles, présentant une défi-
cience motrice, etc.).
Les principes reposent sur une formation par alternance : les
stagiaires sont positionnés sur un poste spécialisé et exercent,
de façon accompagnée, le métier auquel ils se destinent
tout en suivant la formation. Ils bénéficient à ce titre de visi-
tes dans les lieux de l’éducation spécialisée : les « prisons »,
les Institut médico-péda-
gogique (IME), Institut
thérapeutique éducatif
et pédagogique (ITEP),
etc.
L’arrivée des ESPE a-t-
elle changé la formation
ASH ?
Aujourd’hui les ensei-
gnants débutants commencent le métier à un niveau de
master 2. A l’ESPE de Lyon, nous avons maintenu les forma-
tions ASH alors que de nombreuses ESPE, au vu du coût, s’en
sont progressivement retirées. Cela parce que nous disposons
d’une réelle expertise et que l’institution a besoin d’un orga-
nisme de formation à la pointe.
Concernant les ESPE en général, quel bilan tirez-vous après
plus de deux ans d’existence ?
Les ESPE et l’ESPE de Lyon particulièrement sont de jeunes
écoles qui doivent encore trouver leur équilibre dans le pay-
sage universitaire d’une part et dans le paysage de la forma-
tion initiale et continue des enseignants d’autre part.
Cependant, les réussites sont patentes au vu du nombre de
stagiaires titularisés mais, comme notre ambition est grande,
nous ne sommes pas encore complètement satisfaits…
Qu’en est-il de la formation des enseignants aux relations
avec les familles ?
Outre les enseignements sur la place des parents à l’école
d’un point de vue historique et un état des lieux des textes en
vigueur en la matière, il existe des modules optionnels sur la
relation avec les familles. Puis, dans la mesure où les ensei-
gnants stagiaires sont en classe sur la moitié de la semaine et
en formation à mi-temps, ils sont directement confrontés à
l’exercice du métier et les dispositifs de formation sur l’ana-
lyse des situations professionnelles leur permet d’approfondir
la place et le rôle des parents d’une façon très opération-
nelle.
Catherine Gervais, responsable des
formations spécialisées à l’ESPE de
Lyon.
DOSSIER
ENSEIGNANTS : COMMENT
SONT-ILS FORMÉS ?
www.peep.asso.fr- numéro 390 - Mars-avril 2016
25
« les enseignants stagiaires
sont directement confrontés
à l’exercice du métier »