

DOSSIER
plusieurs centaines de kilomètres entre leur
établissement de stage et l’ESPE dont ils
dépendent…
Certains cours semblent également désarçon-
ner les étudiants, qui n’en comprennent pas le
sens :
« Un jour, on a eu une conférence sur le
fonctionnement de la mémoire d’un élève
bilingue… »
, se souvient Florian.
« Il y a certes
beaucoup de difficultés mais cela s’améliore
chaque jour,
tempère Jacques Ginestié.
Il ne
faut pas oublier que les ESPE ont été créées en
juillet 2013 et ont ouvert leurs portes en sep-
tembre… 2013 ! » « Globalement, je dirais que
je me sens prêt et assez formé, estime Florian.
Je crois que le reste va venir de l’expérience,
de mes erreurs. »
n
EC
* Le prénom a été changé à sa demande.
grées à l’université.
« Cela a amené des
discussions entre des acteurs auparavant
éloignés : spécialistes disciplinaires, pro-
fessionnels de l’enseignement, universi-
taires…,
explique Jacques Ginestié.
Or,
faire travailler tout ce petit monde
ensemble n’est pas aisé, mais c’est ce
qui donne sa force au projet. »
Pour Philippe Watrelot, ce point est un
des « vices de construction » :
« Il fallait
trouver un compromis entre ceux qui
souhaitaient une structure autonome et
ceux qui la voulaient raccrochée à l’uni-
versité. On l’a trouvé, mais résultat : les
ESPE sont ingouvernables ! »
En effet,
certaines écoles, à l’instar des ESPE de
Versailles (lire ci-contre) ou de Paris,
n’ont toujours pas trouvé un modèle
économique et de gouvernance stabilisé.
« C’est différent dans les régions où il y a une
seule université et où les IUFM travaillaient déjà
avec, précise toutefois le formateur. Mais à
Paris, il y a sept universités qui tentent de payer
chacune le moins possible… »
Des situations très variables
Les ESPE, depuis trois ans, ont ainsi considéra-
blement changé la manière de former les
futurs enseignants. Un bouleversement qui,
inévitablement, entraîne quelques ratés. La
situation des étudiants varie ainsi beaucoup
d’une ESPE à une autre.
« Au niveau du suivi
des stages par exemple, certains élèves n’en
ont aucun. Il y a des situations très différentes
selon les tuteurs
», explique Florian. D’autres
incohérences ont vu le jour : certains étu-
diants doivent faire deux mémoires, d’autres
numéro 390 - Mars-avril 2016 -
www.peep.asso.fr24
ENSEIGNANTS : COMMENT SONT-ILS FORMÉS ?
Zoom sur
l’ESPE de
Versailles
L’ESPE de Versailles
est celle ayant connu
le plus de difficultés,
en particulier au
niveau des questions
de gouvernance. En
effet, l’école n’a
actuellement pas de
directeur. Depuis six
mois, elle est pilotée
par les cinq présidents
des universités mem-
bres, qui ont pris la
succession de l’an-
cienne directrice, res-
tée en poste… quatre
mois. Elle était la troi-
sième personne à ce
poste en deux ans.
Néanmoins, un appel à
candidature a été lancé
pour le poste de direc-
teur et, selon Jacques
Ginestié, président du
réseau national des
ESPE, « la situation
serait en bonne voie ».
Depuis l’instauration des ESPE, pour devenir enseignant,
l’étudiant doit passer par l’année d’alternance entre for-
mation et stages devant les élèves.
Dans les ESPE, « 14 profils différents » !
Depuis l’instauration des ESPE, pour devenir ensei-
gnant, l’étudiant doit passer par l’année d’alter-
nance entre formation et stage. Pour cela, il suffit
d’avoir un M1 ou un M2 (pas forcément du master
MEEF) et d’avoir réussi le concours. Ainsi, dans les
ESPE, en M2, selon les parcours, tous les étudiants
ne doivent pas suivre les mêmes cours et n’ont pas
tous les mêmes évaluations.
Une des grandes difficultés que connaissent alors
les ESPE est la gestion de tous ces cas différents.
« Les ESPE sont fabriquées pour un étudiant qui
n’existe presque pas, qui représente environ 1/5
des étudiants en ESPE : celui qui sait ce qu’il veut
faire dès le lycée, qui fait une licence en fonction,
va en master MEEF et passe et réussi le concours
du premier coup,
explique Philippe Watrelot.
Alors
qu’il y a des gens qui ont déjà un master, d’autres
en reconversion, d’autres qui réussissent le M1 et
ratent le concours ou inversement… En tout, on a
recensé 14 profils différents ! Tout cela n’a pas été
bien anticipé et crée beaucoup de problèmes d’or-
ganisation. »