Grand Témoin
Janine Reynaud,
référente éducation prioritaire
Quel est le rôle d’un référent académique sur l’éducation
prioritaire ?
Le rôle central est de faire en sorte que se déclinent au niveau
académique, sous l’autorité du recteur, toutes les mesures de
pilotage décidées par le ministère concernant l’éducation
prioritaire. Cela touche la formation, les réflexions autour de la
coordination des projets… Mon rôle se situe dans les grands
champs, mais chaque champ se particularise ensuite selon les
établissements. Le but est de travailler en lien avec l’ensemble
des pilotes de la réforme sur chacune des mesures pour
accompagner les équipes sur le plan pédagogique et organi-
sationnel. Il s’agit de coopérer, notamment avec les IPR
(Inspecteurs pédagogiques régionaux) qui travaillent avec
chacun des réseaux, sur des points comme la contractualisa-
tion, le suivi des dispositifs particuliers, l’accompagnement du
soutien des élèves… On travaille avec les personnels des deux
degrés autour des thématiques communes, la formation, la
définition des projets de réseaux, et avec les ESPE (Ecoles supé-
rieures du professorat et de l’éducation) sur la construction des
thèmes de formation.
Comment ont été sélectionnés les établissements qui allaient
appartenir ou non au réseau ?
Le ministère a indiqué quatre critères à prendre en compte
pour définir la nouvelle carte de l’éducation prioritaire : le taux
d’élèves en retard en 6
e
, le taux de boursiers, la part des CSP
(catégorie socio-professionnelle) défavorisées et la part des
élèves dont les parents vivent dans les quartiers difficiles dits
« politique de la ville ». On a travaillé entre le niveau national et
académique pour définir les REP+ et REP.
En raison des évolutions des publics et des quartiers, dans l’aca-
démie de Lyon, onze réseaux vont sortir en 2015 et dix nou-
veaux vont faire leur entrée, pour un effectif globalement simi-
laire. Sur l’académie, les établissements devant entrer en REP+
ont clairement été identifiés. C’est la démarcation
entre les établissements REP et d’autres
qui était plus difficile. Il y a eu quelques
points de discorde avec certains établis-
sements sortants car ce n’est jamais
facile. Certains paramètres, comme le
critère du redoublement en sixième, ont
été contestés, et certains auraient aimé
la prise en compte d’autres critères, tels
que les établissements comprenant des élèves nouvellement
arrivés en France.
Où en est-on dans la mise en place des futurs réseaux ?
Il y a les REP+ « préfigurateurs » qui ont déjà mis en place les dis-
positifs. On travaille aujourd’hui avec les REP+ de 2015 en met-
tant à profit l’expérience des REP+ préfigurateurs. Le 1
er
avril
s’est d’ailleurs tenue à Lyon une rencontre interacadémique
avec tous les REP+ préfigurateurs du quart sud-est et les REP+
de l’an prochain.
On sait que quelques-unes des mesures sont complexes à
mettre en place comme l’accompagnement continu, le tra-
vail collectif, la question de la formation (car la collaboration
avec les ESPE est toute nouvelle), du fait des interactions nom-
breuses et d’un cadre de travail nouveau à construire. Mais
on constate un engagement fort des équipes, une dynami-
que importante et, selon les histoires des établissements, des
réponses parfois très différentes aux problèmes.
L’enjeu est d’instaurer un travail collectif entre les professeurs
des écoles et les professeurs du second degré. Il y a un pilotage
académique pour que les actions aboutissent à un travail
effectif dès la rentrée prochaine. On souhaite que ces actions
soient pilotées mais de manière non contraignante, que ce soit
simplement une aide à construire des priorités. Mais il faut savoir
que pour qu’un réseau fonctionne pleinement, il faut environ
quatre années de réflexion et d’avancement. C’est un travail
à mener sur le long terme.
« On constate un engagement
fort des équipes, une dynamique
importante »
EDUCATION
ZOOM
www.peep.asso.fr- numéro 383 - Novembre-décembre 2014
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IA-IPR (inspectrice
d’académie - ins-
pectrice pédagogi-
que régionale) de
ma t héma t i que s ,
JANINE REYNAUD
est référente édu-
cation prioritaire de
l’Académie de Lyon.
Janine Reynaud est professeure agrégée de mathématiques, titulaire d’un DEA mathématiques et
applications fondamentales, d’un DEA de sociologie (sociologie de l’éducation), d’une licence de
psychologie. Enseignante en lycée de 1974 à 2002 (Centre international de Valbonne-Sophia Antipolis,
Lycée Bonaparte à Toulon - académie de Nice), formatrice en temps partagé à l’IUFM de Nice, chargée de
mission d’inspection de 2001 à 2002, elle est, depuis 2002, IA-IPR de mathématiques : (2002/2004 :
académie de Besançon, de 2004 à aujourd’hui : académie de Lyon).