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numéro 386 - Mai-juin-juillet 2015 -

www.peep.asso.fr

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un des points de contestation. Le pro-

gramme insistait par exemple sur le

« devenir élève ».

« On faisait faire aux

enfants des exercices pour réussir le

contrôle et on en faisait seulement des

exécutants, non des êtres pensants »

explique Isabelle Racoffier.

« Or, des

recherches scientifiques démontrent

que les élèves de maternelle sont imma-

tures, fragiles dans leur processus d’ap-

prentissage »

, souligne Michel Lussault.

Il apparaît donc erroné de vouloir en

faire des « élèves » si tôt. » En outre, les

connaissances et compétences atten-

dues en fin de maternelle paraissaient,

pour beaucoup, trop élevées.

« En

demandant des choses trop ambitieu-

ses, on crée de l’échec scolaire,

assure

Jeanne-Claude Mori, enseignante à

l’école maternelle Saint-Morand, à

Altkirch (Haut-Rhin).

Cela est plus vrai

encore pour les enfants des milieux

sociaux défavorisés pour qui il faut beau-

coup d’éducatif pour les aider à acqué-

rir la culture scolaire. »

Un mot-clé : bienveillance

Fort de ce constat, Vincent Peillon, alors

ministre de l’Education nationale, a

demandé au CSP, au moment de la loi

sur la refondation de l’école en 2013, de

produire un nouveau programme de

Maternelle :

un nouveau

« Stopper la dérive de l’école

maternelle en cours depuis plusieurs

années. » Voici, selon Michel Lussault,

le président du CSP (conseil

supérieur des programmes), l’objectif

du futur programme de maternelle,

qui entrera en vigueur à la rentrée

prochaine.

L

e programme de maternelle

actuel, effectif depuis 2008, fait

presque aujourd’hui l’unanimité

contre lui. A tel point qu’il aurait,

selon Michel Lussault, président du

Conseil Supérieur des programmes

(CSP),

« provoqué une sorte de malaise

dans la profession »

. Pour beaucoup

d’enseignants, le programme d’au-

jourd’hui aurait fait perdre à l’école

maternelle ses spécificités, son identité.

« Peu à peu, on a primarisé l’école

maternelle »

, estime ainsi Isabelle

Racoffier, présidente de l’Association

générale des enseignants des écoles et

classes maternelles publiques (AGEEM).

« L’école maternelle jouait le rôle de

« classe préparatoire » au CP, rôle qui

n’était pas le sien »

renchérit Michel

Lussault. La manière de vouloir faire tra-

vailler les enfants de maternelle, une

manière déjà très scolaire, était

EDUCATION

VIE SCOLAIRE

Le futur programme de maternelle sera davantage axé sur des activités en situation, des

jeux, plutôt que sur des exercices formels.

Apprendre le “vivre ensemble”

Dans le futur programme de maternelle, le vivre ensemble est présent

dès les premières pages. Il est notamment écrit : « L’école maternelle

structure les apprentissages autour d’un enjeu de formation central

pour les enfants : Apprendre ensemble et vivre ensemble. » La laïcité

a également sa place : « La classe et le groupe constituent une com-

munauté d’apprentissage qui établit les bases de la construction

d’une citoyenneté respectueuse des règles de la laïcité. » En outre, il

s’agit notamment de « développer un regard positif sur les

différences » et construire « les conditions de l’égalité ».