Background Image
Previous Page  12 / 36 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 12 / 36 Next Page
Page Background

numéro 386 - Mai-juin-juillet 2015 -

www.peep.asso.fr

12

En ce qui concerne les apprentissages,

ils se diviseront en cinq grands domai-

nes. Le premier, « Mobiliser le langage

dans toutes ses dimensions », doit ame-

ner les enfants à être capable, en fin de

maternelle, de « Communiquer avec les

adultes et les autres enfants par le lan-

gage », « S’exprimer dans un langage

syntaxiquement correct et précis » ou

encore « Ecrire son prénom en écriture

cursive, sans modèle ».

« Bien que fondé

sur le jeu et la socialisation, le pro-

gramme se donne des objectifs ambi-

tieux, notamment concernant la phono-

logie »

assure Michel Lussault.

« Ces

objectifs sont plus adaptés,

confirme

Jeanne-Claude Mori.

Avant on deman-

dait que les enfants en fin de maternelle

soient capables d’écrire une phrase

entière en cursive. Or peu d’enfants y

parvenaient. »

Les deuxième et troisième domaines,

« Agir, s’exprimer, comprendre à travers

l’activité physique » et « Agir, s’exprimer,

comprendre à travers les activités artisti-

ques », redonnent de l’importance au

corps et à l’art.

« Ils avaient été oubliés

dans le programme de 2008,

estime

Isabelle Racoffier,

alors qu’il est par

exemple démontré que les arts plasti-

ques jouent un rôle fondamental et

apprennent l’empathie envers l’autre. »

La numération prend elle place dans le

quatrième domaine intitulé « Construire

les premiers outils pour structurer sa pen-

sée » où la compréhension des nombres

et de leur fonctionnement est davan-

tage mise en avant que l’apprentis-

sage « par cœur », même si l’en-

fant devra pouvoir « dire la suite des

nombres jusqu’à trente ».

Enfin, le cinquième domaine, « Explorer

le monde », comprend les sciences de la

vie et de la terre ainsi que le numérique.

Précisons en outre que tous ces appren-

tissages feront l’objet d’évaluations

« positives ».

Garder le lien avec l’élémentaire

Si ce programme reprend de nombreux

points de son prédécesseur, il le fait de

manière moins ambitieuse et en modi-

fiant la manière de parvenir aux fins sou-

haitées. Désormais, le prochain enjeu

consiste en sa mise en œuvre, soumise à

plusieurs conditions. D’abord, l’appro-

priation du programme par les ensei-

gnants.

« C’est une question centrale,

estime Michel Lussault,

et elle passe par

deux choses : la production de ressour-

ces pédagogiques et l’accompagne-

ment des enseignants, à travers les corps

d’inspection et la formation, initiale et

continue »

. En outre, la mise en place du

cycle unique ne doit pas entraîner une

séparation avec l’élémentaire.

« Il ne

faut pas perdre les liens qui se sont

créés »

prévient Isabelle Racoffier.

« Il est

évident que le programme du cycle 2

doit être cohérent avec celui du cycle 1,

rassure Michel Lussault.

Mais la mater-

nelle n’étant pas obligatoire, on ne peut

pas mettre en place des apprentissages

qui seraient irrattrapables pour les

enfants qui n’y ont pas été. Ce serait tra-

hir le rôle de service public. »

Enfin, l’école maternelle devra laisser

une place aux parents.

« Le travail avec

les parents accompagne le travail sur la

bienveillance et le bien-être de l’enfant,

car notre objectif est commun : faire

réussir l’enfant »

explique Jeanne-

Claude Mori, avant de conclure :

« En

tout cas, avec ce programme, on

revient à l’idée qu’on se faisait de la

maternelle au départ. On va vers une

école plus juste, plus efficace, où tout le

monde peut réussir. »

n

EC

EDUCATION

VIE SCOLAIRE

Dans le futur programme de maternelle, le vivre ensemble est mis en avant : « L’école

maternelle structure les apprentissages autour d’un enjeu de formation central pour les

enfants : Apprendre ensemble et vivre ensemble. »

Zoom sur l’école à deux ans

En 2013, selon le ministère de l’Education nationale,

un enfant âgé de deux ans sur huit était scolarisé.

Dans le cadre de la loi de la refondation de l’école,

Vincent Peillon a souhaité relancer la scolarisation

des moins de 3 ans, en particulier dans les quartiers

les plus défavorisés. L’objectif, d’ici 2017, est de tri-

pler le nombre de ces enfants scolarisés. Une mesure

qui part du principe que l’échec scolaire se joue dès

la maternelle, et que celui-ci touche surtout les élèves

issus de ces quartiers, et plus encore les enfants de

familles étrangères.

« L’école permet de mettre l’en-

fant au contact des gens, car il y a une énorme diffé-

rence entre une famille qui emmène ses enfants à la

campagne et l’autre qui ne connaît que la TV ou le

terrain vague du coin,

souligne Isabelle Racoffier,

présidente de l’AGEEM.

Ces enfants ne développent

pas les mêmes capacités. L’école doit jouer ce rôle

d’ouverture au monde. »