numéro 386 - Mai-juin-juillet 2015 -
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En ce qui concerne les apprentissages,
ils se diviseront en cinq grands domai-
nes. Le premier, « Mobiliser le langage
dans toutes ses dimensions », doit ame-
ner les enfants à être capable, en fin de
maternelle, de « Communiquer avec les
adultes et les autres enfants par le lan-
gage », « S’exprimer dans un langage
syntaxiquement correct et précis » ou
encore « Ecrire son prénom en écriture
cursive, sans modèle ».
« Bien que fondé
sur le jeu et la socialisation, le pro-
gramme se donne des objectifs ambi-
tieux, notamment concernant la phono-
logie »
assure Michel Lussault.
« Ces
objectifs sont plus adaptés,
confirme
Jeanne-Claude Mori.
Avant on deman-
dait que les enfants en fin de maternelle
soient capables d’écrire une phrase
entière en cursive. Or peu d’enfants y
parvenaient. »
Les deuxième et troisième domaines,
« Agir, s’exprimer, comprendre à travers
l’activité physique » et « Agir, s’exprimer,
comprendre à travers les activités artisti-
ques », redonnent de l’importance au
corps et à l’art.
« Ils avaient été oubliés
dans le programme de 2008,
estime
Isabelle Racoffier,
alors qu’il est par
exemple démontré que les arts plasti-
ques jouent un rôle fondamental et
apprennent l’empathie envers l’autre. »
La numération prend elle place dans le
quatrième domaine intitulé « Construire
les premiers outils pour structurer sa pen-
sée » où la compréhension des nombres
et de leur fonctionnement est davan-
tage mise en avant que l’apprentis-
sage « par cœur », même si l’en-
fant devra pouvoir « dire la suite des
nombres jusqu’à trente ».
Enfin, le cinquième domaine, « Explorer
le monde », comprend les sciences de la
vie et de la terre ainsi que le numérique.
Précisons en outre que tous ces appren-
tissages feront l’objet d’évaluations
« positives ».
Garder le lien avec l’élémentaire
Si ce programme reprend de nombreux
points de son prédécesseur, il le fait de
manière moins ambitieuse et en modi-
fiant la manière de parvenir aux fins sou-
haitées. Désormais, le prochain enjeu
consiste en sa mise en œuvre, soumise à
plusieurs conditions. D’abord, l’appro-
priation du programme par les ensei-
gnants.
« C’est une question centrale,
estime Michel Lussault,
et elle passe par
deux choses : la production de ressour-
ces pédagogiques et l’accompagne-
ment des enseignants, à travers les corps
d’inspection et la formation, initiale et
continue »
. En outre, la mise en place du
cycle unique ne doit pas entraîner une
séparation avec l’élémentaire.
« Il ne
faut pas perdre les liens qui se sont
créés »
prévient Isabelle Racoffier.
« Il est
évident que le programme du cycle 2
doit être cohérent avec celui du cycle 1,
rassure Michel Lussault.
Mais la mater-
nelle n’étant pas obligatoire, on ne peut
pas mettre en place des apprentissages
qui seraient irrattrapables pour les
enfants qui n’y ont pas été. Ce serait tra-
hir le rôle de service public. »
Enfin, l’école maternelle devra laisser
une place aux parents.
« Le travail avec
les parents accompagne le travail sur la
bienveillance et le bien-être de l’enfant,
car notre objectif est commun : faire
réussir l’enfant »
explique Jeanne-
Claude Mori, avant de conclure :
« En
tout cas, avec ce programme, on
revient à l’idée qu’on se faisait de la
maternelle au départ. On va vers une
école plus juste, plus efficace, où tout le
monde peut réussir. »
n
EC
EDUCATION
VIE SCOLAIRE
Dans le futur programme de maternelle, le vivre ensemble est mis en avant : « L’école
maternelle structure les apprentissages autour d’un enjeu de formation central pour les
enfants : Apprendre ensemble et vivre ensemble. »
Zoom sur l’école à deux ans
En 2013, selon le ministère de l’Education nationale,
un enfant âgé de deux ans sur huit était scolarisé.
Dans le cadre de la loi de la refondation de l’école,
Vincent Peillon a souhaité relancer la scolarisation
des moins de 3 ans, en particulier dans les quartiers
les plus défavorisés. L’objectif, d’ici 2017, est de tri-
pler le nombre de ces enfants scolarisés. Une mesure
qui part du principe que l’échec scolaire se joue dès
la maternelle, et que celui-ci touche surtout les élèves
issus de ces quartiers, et plus encore les enfants de
familles étrangères.
« L’école permet de mettre l’en-
fant au contact des gens, car il y a une énorme diffé-
rence entre une famille qui emmène ses enfants à la
campagne et l’autre qui ne connaît que la TV ou le
terrain vague du coin,
souligne Isabelle Racoffier,
présidente de l’AGEEM.
Ces enfants ne développent
pas les mêmes capacités. L’école doit jouer ce rôle
d’ouverture au monde. »