apparues après la publication de la nou-
velle carte, provenant d’enseignants et
de parents d’élèves n’acceptant pas le
déclassement de leur établissement.
« C’était un coup de massue quand on a
appris qu’on sortait,
se souvient Richard
Galéra, dont le collège fut fermé pen-
dant plusieurs semaines en signe de pro-
testation.
On a du mal à comprendre
pourquoi au vu de nos difficultés, même
si on sait qu’il y a une logique comptable
et que si certains établissements
entraient, d’autres devaient sortir ».
En
effet, le ministère souhaitait une réforme
à moyens constants. Toutefois, pour évi-
ter qu’un établissement qui sort de la
carte ne se retrouve pas, du jour au len-
demain, dépourvu des moyens qu’offrait
son classement, ceux-ci devraient être
maintenus pendant trois ans.
De même, pour éviter les effets de seuil,
les moyens alloués à chaque établisse-
ment devraient être proportionnels à la
réalité sociologique et à ses difficultés.
Cela devrait par exemple permettre à
un établissement dont les caractéristi-
ques le situent aux portes de la carte
d’éducation prioritaire – avec les difficul-
tés auxquelles cela renvoie – de perce-
voir des ressources adaptées. Pour cela,
l’allocation des moyens ne sera plus uni-
quement basée sur le critère territorial
mais également sur des critères sociaux.
Néanmoins, comme le budget global ne
devrait pas augmenter, des craintes sur-
gissent dans les établissements classés.
« On était satisfaits d’entrer en REP mais
désormais, c’est un peu flou »
, s’inquiète
Honoré Séguy directeur de l’école élé-
mentaire Sauguet à Coutras (Gironde),
classée REP à la rentrée prochaine.
Si les
établissements sortants gardent leurs
moyens, qu’est-ce qu’on aura ? »
Ces
dernières semaines, plusieurs collèges
ont ainsi été perturbés par des contesta-
tions sur ce point tandis que le ministère
reste vague à ce sujet.
« Plus de maîtres que de classes »
Alors qu’appartenir à l’éducation priori-
taire était à ses débuts mal perçu, en
EDUCATION
ZOOM
numéro 386 - Mai-juin-juillet 2015 -
www.peep.asso.fr6
Les critères pour le classement en REP prennent en compte les pourcentages : d’élèves dont
les parents appartiennent aux catégories socioprofessionnelles les plus défavorisées, d’élèves
boursiers, d’enfants résidant en quartiers prioritaires de la ville et d’élèves redoublant en 6
e
.
Bruno Giry-Favard,
directeur de l’école élémentaire Saint-Charles 2,
Marseille (futur REP+)
Votre établissement devient REP+ à la rentrée
prochaine. Quel est votre sentiment ?
On aurait dû être classés depuis des années. Nous
sommes situés en zone urbaine sensible (ZUS) depuis
2001 et on n’a cessé d’envoyer des courriers pour
demander un classement. Mais ça n’a abouti à rien
jusqu’à cette année. Même notre inspecteur ne
comprenait pas…
Que va changer ce classement du point de vue des
moyens ?
Tous les enseignants vont bénéficier d’une décharge de
18 demi-journées pour de la formation, des réunions
avec les enseignants de 6
e
du collège rattaché ou de
l’école, pour rencontrer les familles. Ils auront aussi
une prime, ce qui est une reconnaissance de la
difficulté du travail dans ce type d’établissement et
permettra de stabiliser les équipes,
ce qui aidera notamment à
instaurer de la confiance avec les
familles.
Et d’un point de vue
pédagogique ?
Les effectifs par classe seront limités à 25 élèves,
permettant de travailler dans de meilleures conditions.
On aura le dispositif plus de maîtres que de classes : un
maître supplémentaire viendra donner du soutien dans
des classes de CP, CE1 ou CE2. On aura aussi des aides
pour mettre en place des projets avec les élèves,
notamment en fin de journée, par petits groupes. Tout
cela va forcément se faire ressentir sur les résultats des
élèves, même s’ils ne vont pas progresser en un an de
manière magique.
« Les effectifs par classe seront limités à 25 élèves »
(suite page 8)