EDUCATION
VIE SCOLAIRE
programme plus ludique
(suite page 10)
maternelle. Un premier projet fut remis
l’an dernier et soumis à la consultation
des enseignants, faisant remonter quel-
ques difficultés – projet trop ambitieux,
trop imprécis, pas assez clair. Le CSP l’a
alors retravaillé et le Conseil supérieur de
l’éducation l’a adopté à la quasi-unani-
mité le 5 février dernier, avant qu’il ne
soit publié au Bulletin officiel le 26 mars.
Une des différences majeures avec celui
de 2008 est que ce programme s’inscrira
dans un cycle unique, celui des
« apprentissages premiers », et non plus
dans un cycle comprenant également
le cours préparatoire.
« On a estimé
indispensable de redonner à l’école
maternelle son intégrité »
, indique
Michel Lussault.
La philosophie globale du nouveau pro-
gramme diffère également de la précé-
dente. Un mot la définit : bienveillance.
« En maternelle, il ne faut pas brusquer
les enfants mais mettre les cadres. Il ne
faut pas avoir le fantasme d’en faire des
pré-élèves. Faire apprendre trop tôt,
c’est faire apprendre mal et créer de
mauvaises conditions dans l’apprentis-
sage futur. L’important n’est pas la rapi-
dité de l’apprentissage mais sa solidité »
justifie le président du CSP. Il s’agit de
laisser plus de temps à l’enfant, de suivre
son rythme. Certains dénoncent alors un
manque d’ambition couplé à un abais-
sement du niveau.
« L’ambition que l’on
porte est que les élèves, au sortir de la
maternelle, doivent être aptes à
apprendre. Quelle autre ambition peut-
on espérer pour des enfants
de moins de 5 ans ? On ne
doit pas en faire de petits
perroquets qui ne font que
répéter ce qu’ils ont appris »
répond Michel Lussault.
5 grands domaines
Le futur programme de
maternelle sera ainsi davan-
tage axé sur des activités en
situation, des jeux, plutôt
que sur des exercices for-
mels, sur fiches par exemple.
« De nombreuses recher-
ches montrent que le jeu est
essentiel pour apprendre »,
www.peep.asso.fr- numéro 386 - Mai-juin-juillet 2015
11
relève Michel Lussault.
« Le jeu amène de
la motivation, de la confiance en soi,
ajoute Jeanne-Claude Mori.
En jouant, il
y a un échange avec l’enseignant, ce
n’est pas magistral. On apprend des
choses sans s’en rendre compte. Il y a du
plaisir, du vivre-ensemble, on apprend à
coopérer, on se socialise, ce qui n’est pas
le cas seul derrière sa table. »
« Les nouveaux programmes ne sont pas
révolutionnaires, on a connu des changements plus
radicaux. Les contenus ne changent pas forcément, c’est
plus la philosophie, les manières de faire qui évoluent, en
ne brusquant pas les enfants, en mettant moins la
pression, en mettant l’accent sur la bienveillance.
Ces programmes insistent plus sur les jeux dirigés, car on
faisait mal en voulant trop faire. On faisait faire des
exercices sur fiches – notamment car, ne nous cachons
pas, c’était aussi plus facile à faire pour les enseignants –
or, à cet âge-là, c’est surtout de la manipulation et des
jeux dirigés qui vont aider les enfants à atteindre leurs
objectifs. Ils insistent également sur le fait que l’on ne
peut rien faire sans les parents, sans co-
éducation, surtout à cet âge-là. L’école
maternelle est aussi l’école des parents.
Puis, les nouveaux programmes
réaffirment la place des activités
artistiques, que l’on avait un peu
laissées de côté.
Enfin, avec le cycle unique, on réaffirme la spécificité de
l’école maternelle car on a connu ces dernières années des
dérives de primarisation. En revanche, il ne faut pas que
ça empêche de faire un lien avec le CP, car on en a besoin.
Mais il est certain que l’école maternelle est spéciale, car
les enfants ne sont pas tous prêts au même moment. »
« On faisait mal en voulant trop faire »
Dominique Moinard,
enseignant à l’école maternelle Chambord, de Legé (Loire-Atlantique)
« Agir, s’exprimer, comprendre à travers les activités artisti-
ques » : un des 5 grands domaines d’apprentissage du futur
programme de l’école maternelle.