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numéro 381 - Mai-juin-juillet 2014 -

www.peep.asso.fr

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avaient participé à une « soirée d'inté-

gration » au cours de laquelle des élè-

ves de deuxième année leur avaient

scotché aux poignets des bouteilles en

plastique remplies d’alcool qu’ils les

avaient forcés à boire. Victime d’un

traumatisme crânien et de multiples

fractures, le garçon a dû subir plusieurs

opérations chirurgicales.

Le bizutage est pourtant, depuis la loi

du 17 juin 1998, considéré comme un

délit passible de 6 mois d’emprisonne-

ment et 7500 euros d’amende.

Difficile, 16 ans après son entrée en

vigueur, de savoir si cette loi a réelle-

ment permis de faire reculer le bizu-

tage. Il n’existe aucune statistique offi-

cielle sur le sujet.

Mais, à en croire les nombreux témoi-

gnages reçus par le Comité national

contre le bizutage (CNCB), la pratique

reste toujours ancrée dans les traditions

de nombreux établissements d’ensei-

gnement. Chaque année, des centai-

nes voire des milliers d’étudiants, mais

Le bizutage

a la vie dure

Bien qu’il soit interdit depuis plus

de 16 ans, le bizutage reste

profondément ancré dans les

traditions de certaines grandes

écoles.

I

l s’appelait Jocelyn. Il avait tout

juste 19 ans. Son corps sans vie a été

retrouvé le 24 septembre 2013 au

pied d’une résidence de la presti-

gieuse école des Mines qu’il s’apprêtait

à intégrer. Même si les circonstances

restent vagues, tout porte à croire que

le jeune homme a chuté de 7 étages à

la suite d’un bizutage qui a mal tourné.

Peu de temps auparavant, il avait été

contraint à participer à une soirée

alcoolisée organisée par le Bureau des

élèves (BDE) de l’école et le jour du

drame devait marquer son départ pour

un week-end d’intégration. Quelques

semaines plus tard, c’est un étudiant en

première année à l’Ecole des hautes

études commerciales (Edhec) de Lille

(59) qui a été grièvement blessé après

être tombé d'une fenêtre dans un état

d’ivresse avancé. Cette fois, le bizu-

tage ne fait aucun doute. La nuit pré-

cédant les faits, le jeune homme de

20 ans et huit de ses camarades

EDUCATION

VIE SCOLAIRE

« Le bizutage ne fait qu’entretenir l’intolérance et le non-respect de l’autre. Il n’existe pas de

bizutage « gentil » ou « bon enfant », affirme Marie-France Henry, présidente du Comité

national contre le bizutage (CNCB).

Ce que dit la loi

L’article 225-16-1 du Code pénal introduit par la loi n° 98-468 du 17

juin 1998 stipule que « le fait d’amener autrui, contre son gré ou

non, à subir ou commettre des actes humiliants ou dégradants lors de

manifestations ou de réunions liées aux milieux scolaire et socio-

éducatif est puni de 6 mois d’emprisonnement et de 7 500 euros

d’amende ».

Cette peine peut être alourdie lorsque les faits sont commis sur une

personne vulnérable (art.225-16-2). Les personnes morales (établis-

sements, associations…) peuvent également être condamnées

(art.225-16-3).