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numéro 381 - Mai-juin-juillet 2014 -

www.peep.asso.fr

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ter tout dérapage. Si certains ont pris la

mesure de l’enjeu, ce n’est pas le cas

de tous.

De leur côté, les étudiants conviés à un

week-end d’intégration ne doivent pas

hésiter à se renseigner à l’avance sur le

lieu et le déroulement des « festivités ». Ils

doivent aussi s’assurer qu’ils pourront à

tout moment communiquer avec l’exté-

rieur et refuser de participer à tel ou tel

jeu s’ils le souhaitent, sans peur de repré-

sailles. Ils ne doivent pas non plus avoir

peur de se rebeller s’ils estiment que cer-

tains agissements ne sont pas accepta-

bles ni hésiter à en parler à la direction

de l’établissement, à leur famille ou à

une association, voire à porter plainte.

La sensibilisation reste

indispensable

Si elle est nécessaire en cas de faits gra-

ves, la réponse pénale n’est malheu-

reusement pas toujours à la hauteur de

l’enjeu. Une fois la plainte déposée, il

faut généralement que les faits soient

corroborés par d’autres victimes qui

acceptent de parler, ce qui n’est pas

toujours le cas. Et quand l’enquête

aboutit, c’est souvent au bout de plu-

sieurs années. Entre temps, les bizuteurs

ont quitté l’établissement. Ils ont même

souvent fondé une famille et décroché

un emploi. Autant d’éléments qui inci-

tent les magistrats à adoucir les peines,

quitte à les rendre moins dissuasives.

La lutte contre le bizutage passe donc

avant tout par des actes de prévention.

Créé en 1997, le Comité national contre

le bizutage (CNCB) met à la disposition

des établissements des plaquettes et

des affiches « En finir avec le bizutage ».

Des bénévoles sont disponibles pour

écouter les victimes, répondre par télé-

phone aux interrogations de leurs

parents et les conseiller sur la conduite

à tenir. Le CNCB se donne aussi pour

mission de sensibiliser l’opinion publique

en intervenant dans les médias ou

directement auprès des étudiants et

des personnels d’encadrement à la

demande des chefs d’établissement,

avec un objectif : faire disparaître à

tout jamais cette tradition qui n’aurait

jamais dû exister.

n

CB

EDUCATION

VIE SCOLAIRE

Malgré le traumatisme des humiliations subies lors d’un bizutage, l’effet de groupe et la

loi du silence empêchent la plupart des victimes de réagir.

« Mon fils a été victime d’actes répétés à caractère sexuel

alors qu’il était dans un établissement formant les futurs

sportifs de haut niveau. Il n’avait que 13 ans et demi. Je

me rendais compte qu’il n’allait pas bien, mais il ne nous

disait rien. Il lui a fallu plusieurs mois avant qu’il nous

raconte ce qu’il subissait. D’un coup, le ciel m’est tombé

sur la tête. J’ai pris contact avec le CNCB puis j’ai

rencontré le directeur de l’école qui a mis en doute la

parole de mon fils. Son témoignage était pourtant

tellement précis qu’il ne pouvait pas l’avoir inventé.

L’auteur des faits a finalement terminé sa formation sans

être inquiété. Sur le moment, mon mari et moi avons

préféré ne pas aller plus loin. Nous pensions que c’était la

meilleure solution pour protéger mon fils et lui permettre

de continuer ses études. Finalement, il a brutalement mis

un terme à son rêve de devenir sportif professionnel

alors qu’il venait d’être admis dans un centre de

formation. Avec le recul, je sais que nous avons eu tort et

je m’en veux. Nous aurions dû porter plainte. Je suis

certaine que cela l’aurait aidé à se reconstruire »

« Je regrette aujourd’hui de ne pas avoir porté plainte »

Laurence,

maman d’un adolescent victime de bizutage