modifications des programmes, rédi-
gées dans des conditions obscures,
lance Claire Krepper, secrétaire natio-
nale SE-UNSA, syndicat enseignant des
premier et second degrés.
Il était urgent
de mettre en place une procédure
transparente qui associe toutes les par-
ties concernées, avec une distance vis-
à-vis du ministère. »
La composition du
CSP est en effet éclectique : six parle-
mentaires représentant la nation (trois
députés et trois sénateurs issus des com-
missions ad hoc respectives), deux
représentants du Conseil économique,
social et environnemental ainsi que dix
personnalités qualifiées, nommées par
le ministre pour cinq ans.
« Il fallait sortir
des programmes politiques,
estime
Claire Krepper.
C’était aberrant que ce
soit des membres du cabinet qui vali-
dent le contenu des enseignements. Les
programmes sont des outils profession-
nels devant être rédigés par des profes-
sionnels. »
Dans une logique de concertation et de
consensus, le CSP, qui reçoit régulière-
ment associations et syndicats, fera
appel à des groupes d’experts pour
l’élaboration des programmes, au sein
desquels seront présents des ensei-
gnants et des représentants des parents
d’élèves.
« Nous sommes attentifs aux
propositions des parents,
assure Alain
Les programmes devraient être pensés en fonc-
tion des cycles, et non plus de manière annuelle,
afin de donner plus de cohérence de la mater-
nelle au lycée.
EDUCATION
VIE SCOLAIRE
www.peep.asso.fr- numéro 381 - Mai-juin-juillet 2014
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vation des programmes ?
(suite page 6)
Alain Boissinot,
président du Conseil supérieur des programmes
Quelles sont les difficultés lorsque l’on veut
rénover des programmes ?
D’abord, résoudre l’instabilité. Les enseignants ont le
sentiment de ne plus savoir où ils vont. En 2008, on a
remis en cause ce qui avait été décidé en 2002 alors que
l’on commençait seulement à le mettre en œuvre. On
veut éviter ces virages à 180 degrés. La seconde est le
manque de perspective d’ensemble. Avant, on y allait
par petits bouts, sans s’occuper des autres niveaux ou
des autres disciplines. Il faut d’abord définir la
cohérence d’ensemble, dans le cadre du socle commun.
Allons-nous vers le « curriculum » ?
C’est un mot qui fait débat et qui paraît nouveau chez
nous. La logique sur laquelle nous travaillons s’en
approche. On préconise la cohérence globale avant le
détail, avec des programmes davantage portés sur les
cycles. On ne peut pas définir les programmes sans
s‘intéresser à l’évaluation, aux outils pédagogiques et à
la formation des maîtres. Avant, on prenait les
programmes comme un idéal théorique, or on doit
prendre davantage en compte ce que les élèves
apprennent réellement.
N’y a-t-il pas un risque d’abaisser le
niveau des élèves ?
Il s’agit de se donner les moyens d’atteindre les
ambitions. On doit définir ce qui est vraiment
fondamental. On pense qu’il faut faire davantage
confiance aux enseignants pour la mise en œuvre des
programmes. La rue de Grenelle ne peut pas décider de
ce qui se passe chaque heure dans chaque classe.
Cela entraînerait donc une formation différente
des enseignants ?
C’est essentiel. On est convaincu que ça ne sert à rien
d’avoir les meilleurs programmes du monde sans
donner aux enseignants les outils pédagogiques
nécessaires.
Doit-on s’attendre à de grands bouleversements ?
Non, ce ne serait pas raisonnable. Ce n’est pas la logique
de la table rase. Il y a des points qui doivent évoluer,
notamment avec l’émergence de domaines nouveaux
tels que le numérique. Nous devons nous pencher sur
son usage, sur les possibilités qu’il donne, ses problèmes
juridiques…
« On doit définir ce qui est vraiment fondamental »