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Grand Témoin

Françoise CARTRON

Après vous être rendue dans 12 départements et avoir ana-

lysé les réponses à un questionnaire diffusé auprès des mai-

res, vous avez remis au Premier ministre le 20 mai dernier

votre rapport sur la mise en place des activités périscolaires,

notamment en zone rurale. Finalement, votre constat se veut

plutôt rassurant.

La bonne surprise de ce rapport, c’est qu’il y a beaucoup

moins d’atermoiement dans les petites communes que ce

que l’on imaginait. Il faut rendre hommage aux maires qui,

dans leur grande majorité, ont pris conscience de l’impor-

tance de cette réforme pour leurs écoles et pour la vie de

leur village. Ils ont su aussi mobiliser le tissu associatif pour

valoriser l’identité de leur territoire et le patrimoine local.

Dans les Landes, par exemple, des écoliers apprennent à

faire des échasses. D’autres, qui s’initient à la musique, ont

intégré la fanfare du village. Autour d’Ajaccio, les enfants

apprennent la langue corse ou sont sensibilisés à la protec-

tion de l’environnement.

Les associations, quant à elles, profitent de ces activités pour

se faire connaître. Je me souviens notamment d’un centre

équestre des Pyrénées qui a vu ses effectifs doubler depuis

qu’il participe aux TAP.

Pourtant, avant la mise en place de la réforme, les maires

ruraux étaient ceux qui craignaient le plus de se retrouver

face à des difficultés importantes…

La réforme a poussé les maires ruraux à faire preuve d’imagi-

nation. Ils ont compris que proposer une offre riche et de

qualité leur permettrait d’attirer les parents de jeunes

enfants. Les intercommunalités ont souvent permis de

mutualiser les coûts et les moyens. Quant aux inégalités, que

certains mettent en avant, elles existaient avant la mise en

place de la réforme. Ce ne sont pas les TAP qui les ont

créées.

Trois ans après son entrée en vigueur, comment peut-on

améliorer l’application de cette réforme ?

Il faut d’une part amener enseignants et animateurs à mieux

communiquer ensemble afin de limiter les doublons et faire

en sorte que les enfants différencient bien le temps scolaire

du périscolaire. La réforme est récente et je suis certaine que

leur collaboration se renforcera. Il faut par ailleurs simplifier

les dossiers d’obtention des aides de la CAF, qui sont actuel-

lement trop compliqués.

Enfin, l’un des principaux enjeux, c’est le renouvellement des

activités dans le temps. Les animateurs peuvent se tourner

vers le réseau Canopé qui propose de nombreux ateliers à

des prix accessibles. Pour notre part, nous sommes en train

de développer des supports pédagogiques en collaboration

avec les musées nationaux.

Que pouvez-vous dire aux parents qui trouvent insuffisante la

qualité des activités proposées ?

Ils doivent avoir conscience que toutes ces activités appor-

tent aux enfants, quelles qu’elles soient. Dès lors qu’un

enfant agit, il apprend, son esprit s’ouvre, sa curiosité

s’éveille et donc son intelligence se développe. Je veux les

rassurer car sur le terrain, j’ai vu des enfants heureux.

« l’un des principaux enjeux,

c’est le renouvellement des

activités dans le temps »

EDUCATION

ZOOM

www.peep.asso.fr

- numéro 393 - Novembre-décembre 2016

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Françoise Cartron, séna-

trice PS de Gironde, char-

gée par le Premier ministre

Manuel Valls d’une mission

sur les rythmes scolaires.

Biographie

Françoise Cartron est née le 27 mars 1949 à

Bordeaux. De profession enseignante et direc-

trice d'école maternelle en zone d'éducation

prioritaire, elle est élue sénatrice de la

Gironde le 21 septembre 2008. Membre du

parti socialiste, elle est vice-présidente du

Sénat depuis 2014.