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application… ou non ?
www.peep.asso.fr- numéro 393 - Novembre-décembre 2016
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et-un ») ; on rend invariable le participe
passé de « laisser » suivi d’un verbe à l’infi-
nitif (« elle s'est laissé maigrir », « je les ai
laissé partir »).
Enfin, un certain nombre d’anomalies sont
rectifiées. Par exemple : le participe mas-
culin du verbe « absoudre » prend un « t »
à la fin à la place du « s », pour marquer la
cohérence avec le participe passé fémi-
nin, « absoute ». « Ambiguë » devient
« ambigüe » : le tréma est déplacé sur la
lettre « u » afin d’éviter des difficultés de
lecture. Au masculin « ambigu » s’écrit
toujours sans le tréma.
Pour respecter la logique dictée par
« bonhomme », « bonhomie » prend dé-
sormais un « m » supplémentaire et de-
vient « bonhommie ». Autres cas particu-
liers : « corolle » devient « corole », « frisot-
ter » se transforme en « frisoter », « nénu-
phar » se simplifie en « nénufar » qui est son
orthographe originelle. Les mots « oi-
gnon », « saccharine » et « eczéma » de-
viennent « ognon », « saccarine » et
« exéma ». Plus difficile à faire accepter
pour le moment : la francisation des mots
comme « taliatelle » pour « tagliatelle » et
« paélia » pour « paella ».
Obligatoire, la nouvelle
orthographe ?
La réforme de l’orthographe s’apparente
à un feuilleton depuis 1990 ! Cette année-
là, le Conseil supérieur de la langue fran-
çaise rendait un rapport qui rappelait ce
pourquoi il avait été mis en place, en
« écartant tout projet d’une réforme bou-
EDUCATION
VIE SCOLAIRE
Etre incollable sur la réforme ? L’ensemble des
mots concernés par l’orthographe rectifiée est
consultable sur le site
www.renouvo.org.(suite page 14)
Dominique Dupriez,
agrégé de lettres et grammairien, auteur de « La nouvelle
orthographe expliquée à tous » (éd. Albin Michel, août 2016)
Simplifier l'orthographe facilitera-t-il
mécaniquement son apprentissage par les élèves ?
Attention, il ne s'agit pas de « simplifier »
l'orthographe ! Les maîtres-mots sont « cohérence »,
« régularisation » et « harmonisation ». Donc, oui, cette
régularisation facilitera l'apprentissage pour les jeunes
enfants et les étrangers.
Parmi les modifications apportées, quelles sont
celles qui vous semblent les plus pertinentes et
pour quelles raisons ?
Je pointerai quelques exemples de « régularisation ».
En nouvelle orthographe, on écrit « ruissèlement »
comme « harcèlement » et « démantèlement ». On écrit
« évènement » comme « avènement », « volleyball »
comme « football », « portemonnaie » comme
« portefeuille » et « portemanteau », « règlementation »
comme « règlement »…
Que diriez-vous à un parent d'élève qui se
montrerait très réticent à ce que
son enfant apprenne à écrire
« ognon » sans « i » et « voute »
sans accent circonflexe ?
L'orthographe du mot « ognon » n'est
pas nouvelle. Regardez dans les rues !
Regardez sur les pancartes des
magasins ! Regardez les livres des 18
e
et 19
e
siècles ! Regardez les dictionnaires. En
acceptant, la graphie « ognon », les dictionnaires
contemporains ne font qu'entériner l'usage. La graphie
« oi » pour le son « o » n'est pas cohérente et est
totalement isolée dans la langue française.
L'étymologie ne se justifie pas pour l'accent
circonflexe. Ici aussi, de plus en plus, dans l'usage,
l'accent circonflexe a tendance disparaître. Il n'a
aucune justification phonétique. Donc, de nouveau, les
dictionnaires qui acceptent la graphie « voute »
(Larousse, Hachette) ne font qu'entériner un usage de
plus en plus répandu.
« Cette régularisation facilitera
l'apprentissage pour les jeunes enfants »