Previous Page  13 / 36 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 13 / 36 Next Page
Page Background

:

application… ou non ?

www.peep.asso.fr

- numéro 393 - Novembre-décembre 2016

13

et-un ») ; on rend invariable le participe

passé de « laisser » suivi d’un verbe à l’infi-

nitif (« elle s'est laissé maigrir », « je les ai

laissé partir »).

Enfin, un certain nombre d’anomalies sont

rectifiées. Par exemple : le participe mas-

culin du verbe « absoudre » prend un « t »

à la fin à la place du « s », pour marquer la

cohérence avec le participe passé fémi-

nin, « absoute ». « Ambiguë » devient

« ambigüe » : le tréma est déplacé sur la

lettre « u » afin d’éviter des difficultés de

lecture. Au masculin « ambigu » s’écrit

toujours sans le tréma.

Pour respecter la logique dictée par

« bonhomme », « bonhomie » prend dé-

sormais un « m » supplémentaire et de-

vient « bonhommie ». Autres cas particu-

liers : « corolle » devient « corole », « frisot-

ter » se transforme en « frisoter », « nénu-

phar » se simplifie en « nénufar » qui est son

orthographe originelle. Les mots « oi-

gnon », « saccharine » et « eczéma » de-

viennent « ognon », « saccarine » et

« exéma ». Plus difficile à faire accepter

pour le moment : la francisation des mots

comme « taliatelle » pour « tagliatelle » et

« paélia » pour « paella ».

Obligatoire, la nouvelle

orthographe ?

La réforme de l’orthographe s’apparente

à un feuilleton depuis 1990 ! Cette année-

là, le Conseil supérieur de la langue fran-

çaise rendait un rapport qui rappelait ce

pourquoi il avait été mis en place, en

« écartant tout projet d’une réforme bou-

EDUCATION

VIE SCOLAIRE

Etre incollable sur la réforme ? L’ensemble des

mots concernés par l’orthographe rectifiée est

consultable sur le site

www.renouvo.org.

(suite page 14)

Dominique Dupriez,

agrégé de lettres et grammairien, auteur de « La nouvelle

orthographe expliquée à tous » (éd. Albin Michel, août 2016)

Simplifier l'orthographe facilitera-t-il

mécaniquement son apprentissage par les élèves ?

Attention, il ne s'agit pas de « simplifier »

l'orthographe ! Les maîtres-mots sont « cohérence »,

« régularisation » et « harmonisation ». Donc, oui, cette

régularisation facilitera l'apprentissage pour les jeunes

enfants et les étrangers.

Parmi les modifications apportées, quelles sont

celles qui vous semblent les plus pertinentes et

pour quelles raisons ?

Je pointerai quelques exemples de « régularisation ».

En nouvelle orthographe, on écrit « ruissèlement »

comme « harcèlement » et « démantèlement ». On écrit

« évènement » comme « avènement », « volleyball »

comme « football », « portemonnaie » comme

« portefeuille » et « portemanteau », « règlementation »

comme « règlement »…

Que diriez-vous à un parent d'élève qui se

montrerait très réticent à ce que

son enfant apprenne à écrire

« ognon » sans « i » et « voute »

sans accent circonflexe ?

L'orthographe du mot « ognon » n'est

pas nouvelle. Regardez dans les rues !

Regardez sur les pancartes des

magasins ! Regardez les livres des 18

e

et 19

e

siècles ! Regardez les dictionnaires. En

acceptant, la graphie « ognon », les dictionnaires

contemporains ne font qu'entériner l'usage. La graphie

« oi » pour le son « o » n'est pas cohérente et est

totalement isolée dans la langue française.

L'étymologie ne se justifie pas pour l'accent

circonflexe. Ici aussi, de plus en plus, dans l'usage,

l'accent circonflexe a tendance disparaître. Il n'a

aucune justification phonétique. Donc, de nouveau, les

dictionnaires qui acceptent la graphie « voute »

(Larousse, Hachette) ne font qu'entériner un usage de

plus en plus répandu.

« Cette régularisation facilitera

l'apprentissage pour les jeunes enfants »