- numéro 392 - Août-septembre-octobre 2016
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donnée, la valeur ajoutée, qui compare
les taux de réussite obtenus à des taux
attendus en fonction des profils scolaires
et socio-économiques des élèves. Une
valeur censée profiter aux établisse-
ments qui font le plus progresser les élè-
ves aux dépens de ceux qui sélection-
nent à l’entrée en seconde afin de ne
garder que les élèves qui ont le plus de
chances de décrocher leur diplôme.
Chacun sa recette de fabrication
Si tous ces palmarès s’appuient sur les
mêmes données officielles, leurs résultats
doivent néanmoins être pris avec pré-
caution. D’une part parce qu’en fonc-
tion du média qui l’édite, un même éta-
blissement ne se situera pas forcément
au même rang dans le classement. S’ils
s’appuient sur les mêmes données bru-
tes, chaque média applique une for-
mule qui lui est propre.
« Pour notre part,
nous attribuons à chaque critère un
poids identique car nous estimons qu’ils
ont tous la même importance,
précise
Philippe Mandry, rédacteur en chef et
responsable des palmarès au magazine
L’Etudiant.
Mais tous nos confrères ne
procèdent pas
de la sorte. En
fonction de leur
lectorat ou pour
d’autres motifs, il
y en a qui attri-
buent des coeffi-
cients plus élevés
à certains critè-
res, voire ne tien-
nent pas compte
d’une partie des
données four-
nies. Il est essen-
tiel, au moment
de consulter ces
classements, de
se renseigner sur
la méthodologie utilisée et de fuir les
médias qui ne la communiquent pas »
.
Une autre différence vient du fait que
toutes les données fournies par
EDUCATION
VIE SCOLAIRE
(suite page 14)
ents scolaires :
ation !
Les lycées faisant l’objet d’une sectorisation, dans l’immense majorité des
cas, les élèves n’ont d’autre choix que de s’inscrire dans l’établissement
dans lequel ils sont affectés, quelle que soit sa place dans le classement !
Bruno Hannecart,
proviseur du lycée Alain au Vésinet (78) et secrétaire national du syndicat Indépendance et Direction
« Même si je sais que des collègues les scrutent avec
attention, personnellement, je ne me préoccupe pas de
ces classements car je trouve qu’ils ne sont pas pertinents
et qu’ils ne reflètent pas la situation réelle des
établissements. Par exemple, en fin d’année dernière, 50
élèves de seconde ont quitté mon lycée car ils voulaient
intégrer une filière technologique qui n’existe pas ici.
Conséquence : le taux d’accès des élèves de seconde au
bac va baisser alors que nous ne sommes en rien
responsables de cette situation et que ces élèves vont
poursuivre leurs études dans de bonnes conditions. Ces
palmarès ne tiennent pas compte non plus de critères
importants, comme l’environnement social de
l’établissement, la concurrence éventuelle des lycées
privés ou encore la capacité de nos élèves à poursuivre
leurs études dans le supérieur. Surtout, nous n’attendons
pas ces palmarès pour évoluer. Chaque année, nous
analysons nos échecs, nous cherchons à savoir pourquoi
tel élève a raté son bac et nous essayons sans cesse de
nous améliorer. Même si je comprends que les parents
veuillent le meilleur lycée pour leur enfant, je regrette
cette approche consumériste du système éducatif. Je
préfèrerais que chaque enfant ait les mêmes chances de
réussir quel que soit son lycée. »
« Nous n’attendons pas la parution des palmarès pour
nous améliorer »