fres-clés). Dans la majorité des cas, deux
niveaux consécutifs sont associés (le
plus souvent CM1/CM2 ou CE1/CE2).
Conscientes des difficultés supplémen-
taires que cela peut poser, les équipes
enseignantes évitent dans la mesure du
possible de mettre dans la même classe
les élèves de CP avec ceux de CE1
même si elles n’ont parfois pas d’autre
choix.
Des conditions à la réussite
Néanmoins, le double niveau n’est pas
en lui-même un frein à l’apprentissage. Il
suffit en effet qu’un certain nombre de
facteurs soient réunis pour que ses éven-
tuels effets négatifs soient compensés.
Le premier d’entre eux, c’est la compo-
sition de la classe. Pour permettre à l’en-
seignant de s’occuper au mieux de
chaque élève, il est impératif que l’ef-
fectif du groupe ne soit pas trop impor-
tant. Au-delà de 25 élèves, gérer une
classe à double niveau devient compli-
qué. Il faut par ailleurs que les élèves
d’un même niveau aient des compé-
tences à peu près équivalentes et sur-
tout qu’ils aient aussi une certaine apti-
tude à travailler seul.
L’étude de l’Iredu a montré que dans les
écoles où les élèves de double niveau
avaient été sélectionnés en fonction de
leurs compétences, de leur autonomie
et de leur comportement en classe, les
résultats étaient nettement meilleurs que
lorsque le tri était fait arbitrairement.
Malheureusement, sur le terrain, ce cri-
tère, aussi essentiel soit-il, n’est pas tou-
jours pris en compte par les équipes.
Faute d’enseignants suffisants, la répar-
tition des effectifs se fait le plus souvent
sur de simples critères comptables.
« On
regarde combien il y a d’élèves dans
chaque niveau et on voit quelles sont
les combinaisons possibles »
, admet une
enseignante.
Quant aux compétences des élèves, il
n’est pas rare qu’elles passent au
second plan.
« Alors que j’étais jeune
enseignante, je me suis retrouvée avec
13 CP ayant des compétences variées
et autant de CE1 ne sachant pas
déchiffrer alors que d’autres enseignan-
tes expérimentées avaient des classes
EDUCATION
VIE SCOLAIRE
numéro 390 - Mars-avril 2016 -
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Les classes à double niveau facilitent le décloisonnement, une pratique qui consiste à
regrouper les élèves d’un même niveau et à confier l’enseignement d’une matière à un
référent unique.
« En emménageant dans un village de 800 habitants il y
a 10 ans, nous savions que notre enfant connaîtrait les
classes multi niveaux. Il n’a connu que 4 enseignants
entre la petite section de maternelle et le CM2. Même si
je sais que des enfants et certains parents ont parfois
trouvé pesant le fait de devoir rester plusieurs années
avec la même enseignante, pour nous, le bilan a été
plutôt positif. Je pense sincèrement que le multi niveau
a considérablement facilité le passage anticipé de
Virgile en CP.
Un peu plus tard, lorsqu’il est arrivé en CM1,
l’enseignant a décidé de l’intégrer à la classe de CM2
avec deux autres camarades qui avaient un profil
identique. Si l’idée semblait plutôt intéressante, les
résultats n’ont pas été à la hauteur de nos espérances.
Notre fils a passé une année plutôt difficile. Mais ce
n’est pas à proprement parler à cause du double niveau.
Cela vient plutôt du fait qu’il s’est senti stigmatisé et
que l’enseignant n’a pas vraiment su répondre à ses
attentes. »
« le multi niveau a considérablement facilité le passage
anticipé de Virgile en CP »
Antoine,
papa de Virgile, 11 ans