Période redoutée mais néanmoins incontournable, la puberté peut
être un cap compliqué à franchir. Pour qu’elle se déroule au
mieux, les parents peuvent préparer leurs pré-ados à ce grand
passage.
MAGAZINE
SANTÉ
numéro 390 - Mars-avril 2016 -
www.peep.asso.fr30
Puberté :
bien préparer
nos enfants
H
ier c’était votre petit garçon ou
votre petite fille et aujourd’hui
c’est un pré-adolescent qui
s’apprête à entrer dans le
monde des pubères, ou poilus pour les la-
tinistes ! Car le terme puberté provient du
latin
pubere
qui signifie se couvrir de
poils. La puberté est en effet une période
de transition entre l’enfance et l’état
adulte, qui s’accompagne de transfor-
mations somatiques, psychologiques,
métaboliques et hormonales conduisant
à la possibilité de procréer.
Etant donné le cortège de change-
ments qui les attend, les parents ont un
rôle crucial pour accompagner leur
adolescent en devenir à vivre le mieux
possible cette traversée
de la puberté.
Trouver le bon compromis
Si le pré-requis est d’accepter de voir son
enfant grandir, il faut aussi anticiper l’an-
nonce de ces changements afin qu’il ne
soit pas trop surpris par ce qui lui arrive.
Car ce qu’observe le plus fréquemment
le pédopsychiatre Gilles-Marie Valet,
c’est que le jeune n’a pas très envie d’en
parler spontanément à ses parents.
« Il y
a une culpabilité de ne plus être le petit
enfant de ses parents et une vraie honte
face à ces transformations physiques.
C’est une période ambivalente car si le
jeune attendait cette période pour pas-
ser à l’état adulte, cela nourrit dans le
même temps des angoisses. Il faut trouver
le bon compromis entre rassurer sans in-
quiéter. »
C’est aux alentours de 10 ans
pour les filles et de 12-13 ans pour les gar-
çons que les transformations vont appa-
raître. Il devient donc important de res-
pecter sa pudeur et son besoin d’intimité
en s’assurant qu’il puisse s’enfermer dans
une pièce comme la salle de bains, en
frappant à sa porte avant d’entrer et en
évitant de crier sur tous les toits ce qui re-
lève de l'intimité de chacun.
Etapes de passage et rituels
Premier rasoir du fiston acheté avec
papa, premier soutien gorge de la fille
acheté avec maman ou un cadeau lors
des premières règles, il peut être envi-
sagé aussi de ritualiser ces grandes éta-
pes de passage. Pour Gilles-Marie Valet,
« cela dépend du mode de fonctionne-
ment de la famille. Dans une famille atta-
chée aux traditions, faire son entrée dans
la puberté revêt une importance comme
quelques années plus tôt la perte des
dents de lait et le recours à la petite sou-
ris. De même, pour un pré-pubère
anxieux, il peut être important de rituali-
ser. »
Mais ce rituel ne doit pas être enva-
hissant et rester quelque chose d’intime
entre le ou les parents et leur enfant, de-
venu(e) une jeune fille ou un jeune
homme…
n
JNV
Docteur Gilles-Marie Valet,
pédopsychiatre. Auteur de « Les 101
règles d’or de l’éducation bienveillante » (Larousse Poche) et de « Comprendre
son enfant de 6 à 11 ans » (Larousse).
« Trop anticiper une discussion avec son pré-adolescent
pourrait être générateur d’angoisses. Dès qu’ils aperçoivent les
premiers signes d’une transformation physique comme le
duvet de la moustache chez le garçon ou l’amorce d’un
mamelon chez la fille, les parents peuvent ainsi aborder le
sujet de manière plus concrète. « J’ai remarqué que tu avais…,
il y en a d’autres dans ta classe qui… ». Partir d’une
observation comme point de départ n’apparaîtra pas comme
intrusif. Il est important de rappeler qu’il s’agit d’un moment naturel par
lequel tout le monde passe et de ne pas apporter une attention excessive à ces
changements. »
« Partir d’une observation comme
point de départ de la discussion »