corps médical, restait localisé sur les
hanches mais je voyais bien qu'elle était
anxieuse »
, explique Corinne sa maman.
Les classes défilent, Camille suit les cours
de loin en loin, mais le mal persiste
jusqu'à ce qu'une conférence sur la pho-
bie scolaire ouvre les yeux de sa maman
sur le mal dont souffre sa fille.
« J'ai
demandé au collège que soit mis en
place un Parcours d'Accueil Individualisé
(PAI) en justifiant un moral en berne et
des problèmes d'alimentation mais l'infir-
mière scolaire me soutenait que le pro-
blème était médical. »
« On ne sait pas vers où nous
diriger »
Pour Nicolas, le verdict du centre
médico-psychopédagogique (CMPP)
consulté est sans appel : trouble du
comportement. Pendant un an et demi,
Nicolas va donc être suivi par une psy-
chopédagogue et les
parents par une psycholo-
gue, mais le résultat n'est
pas satisfaisant.
« On nous
a dit de faire un dossier
auprès de la Maison
départementale des per-
sonnes
handicapées
(MDPH) pour déclarer
Nicolas, handicapé. Cela
nous a fait très mal car il
n'est pas handicapé pour
autant. »
La réponse se
révèle alors négative pour
cause de phobie scolaire.
« Personne ne
sait, personne ne comprend donc on ne
sait pas vers où nous diriger. »
EDUCATION
VIE SCOLAIRE
www.peep.asso.fr- numéro 380 - Mars-avril 2014
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ui ? pourquoi elle ?
(suite page 6)
Docteur Marie-France Le Heuzey,
praticien au service de psychiatrie de l'enfant de l'Hôpital Robert Debré à
Paris et auteur de Phobie scolaire, comment aider les enfants et adolescents en mal d'école (Editions J. Lyon)
Y a-t-il de plus en plus de cas de phobie ou de
décrochage scolaire ?
Je rencontrais déjà des cas du temps de mon internat,
mais soit on en parle plus, soit effectivement il y en a plus.
La question est de savoir ce qui relève de la phobie
scolaire au sein du décrochage scolaire. Je ne suis pas
pour tout mettre sur le dos de l'école ; je pense que notre
société va mal. Dans les situations de rupture scolaire on
voit des situations de plus en plus complexes où les
enfants ou ados cumulent tout un tas de problèmes :
difficulté à s'éloigner de leur famille, agression sur le
chemin de l'école, humiliation en situation scolaire,
divorce des parents, conditions de vie précaires… Tous
ces problèmes vont au-delà du simple environnement
scolaire mais touchent l'ensemble de la société.
Comment savoir si on est face à une phobie
scolaire ?
Dans les pics de survenue, les grands tournants de la
scolarité comme le CP ou la 6
e
sont des révélateurs de
phobie scolaire. Et à partir du moment où cela dure, nous
rentrons dans la pathologie voire le handicap
avec une déscolarisation partielle ou totale.
Il n'y a pas toujours les vomissements et
l’anxiété qui sont les tableaux de la phobie
scolaire classique. Et parfois l'anxiété n'est
pas toujours évidente à voir.
Que faut-il faire face à une phobie scolaire ?
Tout d'abord il faut s'assurer de ce qu'il se passe à
l'école. Il faut parler avec le jeune s'il s'exprime sur le
sujet sinon aller rencontrer l'équipe enseignante à savoir
le CPE, le professeur principal, la maîtresse ou le maître
et poser des questions sur l'ambiance de la classe, de
l'école… Eventuellement rencontrer le psychologue
scolaire et/ou le médecin scolaire… Heureusement
toutes les situations ne finissent pas dramatiquement en
consultation à l'hôpital. Un certain nombre de mal-être
peuvent se régler par le dialogue avec l'école, avec le
jeune et éventuellement le médecin généraliste. Dans un
deuxième temps seulement, il faut consulter un service
psychiatrique.
« Tout n'est pas la faute de l'école,
la société va mal »
La phobie sco-
laire concerne
autant les gar-
çons que les fil-
les, les bons
élèves que les
moins bons…