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Phobie scolaire :

pourquoi

Derrière l'expression assez floue de

phobie scolaire ou refus scolaire

anxieux se cachent des situations

diverses mais une détresse commune :

une peur panique à l’idée de se rendre

à l’école. Une souffrance partagée par

des milliers d'enfants et leurs parents,

en mal d'écoute et de reconnaissance.

au moment de l’entrée au cycle élé-

mentaire ou au collège. L’enfant

éprouve alors une angoisse croissante

au moment de partir pour l’école,

jusqu’à refuser de quitter la maison.

L’angoisse peut être verbalisée et/ou

s’exprimer de façon plus implicite par

des manifestations somatiques : maux

de ventre, nausées, maux de tête,

sueurs, sensation de malaise... Si le jeune

est contraint à aller à l’école, des mani-

festations plus « bruyantes » peuvent

alors apparaître : pleurs, cris, agitation,

violence. La panique est telle que l’en-

fant n’est pas accessible à la discussion

ou au raisonnement. Si les parents

cèdent à sa demande, il se calme et

promet de retourner à l’école le lende-

main ; les symptômes disparaissent. Mais

la scène se répète à l’identique le jour

d’après.

Pendant un mois et demi les parents de

Nicolas ont malgré tout tenu bon en le

déposant tous les matins au collège

même si Nicolas passait finalement une

«N

ous l'emmenions à

l'école et le CPE était

obligé de le tenir pour

que nous puissions

partir sinon il courait après la voiture. »

Pour Sophie et Gwenaël, la deuxième

semaine de rentrée en 6

e

de leur fils

Nicolas a sonné le début du cauchemar.

Maux de ventre, maux de tête… ils ne se

sont pas tout de suite inquiétés pensant

que cela allait passer, mais un matin

Nicolas n'a pas pu se lever.

« Les maux

n'apparaissaient plus seulement le matin

avant de partir au collège mais aussi le

soir, du coup il dormait mal. »

Quand l'angoisse monte...

Comme l'explique le site Intergrascol

(1)

à destination des enseignants et des

professionnels de l'Education, la phobie

scolaire se déclenche effectivement

avec une plus grande fréquence

grande partie de sa journée avec le CPE

et à l'infirmerie. Mais les crises d'angoisse

sont devenues plus fortes jusqu'à ce que

Nicolas se tape la tête contre les murs et

finisse prostré dans son lit sans que ses

parents ne puissent le toucher ni lui par-

ler.

« Nous avons pensé qu'il s'était fait

agresser, violenter mais l'enquête du CPE

n'a rien révélé. »

Malgré ce recensement de symptômes,

la porte d'entrée de la phobie scolaire

dans la vie d'un élève peut également

se révéler moins évidente, comme par

exemple la survenue d'un problème de

santé. C'est le cas de Camille, en classe

de CE1, quand elle contracte un rhume

des hanches et développe un « conflit

de hanches » qui va handicaper toute

sa scolarité physiquement et mentale-

ment. Absente de l'école pour cause

d'immobilisation, il sera presque impossi-

ble pour elle d'y retourner malgré une

sociabilité et une intégration jusque-là

réussie.

« Elle n'a jamais eu de suivi psy-

chologique car le problème, pour le

EDUCATION

VIE SCOLAIRE

numéro 380 - Mars-avril 2014 -

www.peep.asso.fr

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Selon le Dr Marie-France Le Heuzey (en interview ci-contre), face à une phobie scolaire,

« il faut [tout d’abord ] s'assurer de ce qu'il se passe à l'école ».

Etat des lieux

La phobie scolaire concernerait

environ 1 % des enfants d’âge

scolaire ; elle représente 5 %

des motifs de consultation en

pédopsychiatrie. Elle atteint les

garçons comme les filles, les

bons élèves comme les moins

bons, et toutes les catégories

socioprofessionnelles.