EDUCATION
VIE SCOLAIRE
ire
sur les rails
(suite page 6)
tionnels de la phrase puis, dans une
phase ultérieure, de procéder à l’ana-
lyse plus détaillée de leurs compo-
sants »
. L’ASL souligne par ailleurs que le
Canada a introduit le prédicat dans ses
programmes
« sans que cela n’ait pro-
duit les effets catastrophiques annoncés
par d’aucuns »
. Une majorité de linguis-
tes aussi a pris fait et cause pour le pré-
dicat. Selon eux, la notion de complé-
ment d’objet est trop compliquée à
appréhender par des élèves de pri-
maire. Plus simple à cerner, le prédicat
facilite la compréhension des textes en
les abordant de manière plus globale et
non comme des jeux de construction
composés de pièces qui s’imbriquent les
unes avec les autres.
Des enseignants divisés
Parmi les enseignants de primaire aussi, il
y a les « pro » et les « anti » prédicat. Sur
un site d’actualité éducative*, Delphine,
enseignante en primaire, affirme que
l’apprentissage du prédicat ne pose pas
de problème particulier.
« Je l’enseigne
à mes CM2 depuis quelque temps sans
aucun souci. Le prédicat n’est pas plus
impressionnant pour les élèves que le
complément circonstanciel ou le déter-
minant démonstratif. C’est un mot nou-
veau comme tant d’autres. Je
demande à mes élèves d’isoler le sujet
de la phrase puis les compléments de
phrase (c’est-à-dire les
groupes que l’on peut
déplacer et supprimer) et
tout le reste, c’est le prédi-
cat. En une séance, mes
élèves avaient compris. En
deux semaines, c’était
solide pour tous »
, conclut
Delphine.
Son
collègue,
Benoît
Wautelet, voit lui le prédi-
cat comme un
« marche-
pied grammatical »
qui
permet de
« compléter
une démarche d’ana-
lyse ». « Dorénavant, on
www.peep.asso.fr- numéro 396 - Mai-juin-juillet 2017
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commence par décomposer la phrase
en 2 ou 3 parties (sujet, prédicat et éven-
tuellement complément de phrase) puis
on se lance dans l’analyse des fonctions
de chacune de ces parties. »
D’autres enseignants sont plus circons-
pects, à l’image de Pierre Jacolino.
« Le
prédicat n’est pas si simple à repérer,
Sylvie Plane,
vice-présidente du Conseil supérieur des programmes (CSP)
« Les anciens programmes portaient la trace d’une époque
où la majorité des enfants n’accédaient pas au second
degré. Toute la grammaire devait alors être enseignée en
primaire, avant de recommencer au collège en insistant
sur les détails. Notre ambition est de faire en sorte que la
grammaire ne soit plus vue comme un objet autonome
qu’il faut apprendre à tout prix, mais qu’elle permette aux
élèves de maîtriser les fondamentaux. C’est la raison pour
laquelle nous avons mis l’accent sur l’apprentissage des
fonctions essentielles de la phrase et sur les relations
entre les mots et les groupes de mots. L’enseignement du
prédicat va dans ce sens. Il doit permettre aux élèves de
mieux comprendre ce qu’est une phrase au-delà du fait
qu’elle commence par une
majuscule et qu’elle se
termine par un point.
Nous avons aussi voulu
rétablir une progression logique de l’apprentissage de la
grammaire en repoussant l’étude des compléments d’objet
de manière à la faire coïncider avec l’étude de l’accord du
participe. La polémique née de la publication de ces
programmes est en grande partie à mettre en rapport avec
le fort attachement patrimonial des parents à la
grammaire. Mais ceux-ci peuvent être rassurés car grâce à
ces nouveaux enseignements, notre langue sera plus
facile à apprendre et mieux apprise ».
« Notre langue sera plus facile
à apprendre »