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DOSSIER

APPRENTISSAGE DES LANGUES VIVANTES

des élèves français parleraient convenable-

ment anglais, contre 82 % à Malte ou en

Suède !

La France n’est pourtant pas restée les bras

croisés. Le début de l’enseignement des lan-

gues vivantes n’a cessé d’être avancé et la

formation des enseignants a été renforcée.

Depuis 2010, les lauréats au concours de pro-

fesseurs des écoles doivent justifier du niveau 2

du CLES, une certification mesurant les com-

pétences en langues, et des formations sont

prévues pour les enseignants ayant quitté les

IUFM (Instituts universitaires de formation des

maîtres, remplacés depuis par les Espé) avant

l’étranger devront dorénavant être valorisées,

par exemple en faisant figurer dans le nou-

veau livret scolaire les compétences acquises

par l’élève lors de ces déplacements.

La France à la traîne

Ce énième plan d’apprentissage des langues

vivantes sera-t-il le bon ? Il faut l’espérer, car

les années passent et les Français restent

inexorablement parmi les Européens maîtrisant

le moins bien les langues étrangères. Le der-

nier indice édité par EF Education First place la

France à la dernière place des pays de l’Union

européenne au niveau de leurs compétences

en anglais, très loin derrière la Suède et la

Finlande et juste devant la Russie, la Turquie et

l’Azerbaïdjan. Ces conclusions rejoignent cel-

les de la dernière enquête européenne sur les

compétences linguistiques, publiée en juin

2012, selon laquelle les Français seraient les

plus mauvais de tous les Européens en anglais,

que ce soit pour la lecture, la compréhension

orale et la production écrite. Seulement 14 %

www.peep.asso.fr

- numéro 391 - Mai-juin-juillet 2016

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(suite page 22)

Marie-Line Kiebel,

enseignante de primaire à l’école de Rhinau (67)

« Bien que je parle couramment l’anglais, je suis tenue

d’enseigner l’allemand à mes CM2. Pendant plusieurs

années, j’ai pu m’appuyer sur un intervenant, mais depuis

l’année dernière, ce n’est plus le cas. Deux formations de

3 semaines à Strasbourg et 1 mois à Stuttgart m’ont

permis de progresser, sans toutefois atteindre un niveau

suffisant pour enseigner correctement l’allemand à mes

élèves. Aujourd’hui, une collègue intervient dans ma

classe une fois par semaine pour s’occuper de la partie

orale dans le cadre d’un échange

de service. Pour ma part, je me charge de l’écrit en

m’appuyant sur les programmes officiels et sur divers

supports pédagogiques. Bien que les résultats soient là, je

voudrais pouvoir faire plus. J’aimerais instaurer des

rituels quotidiens en allemand comme le font des

collègues bilingues ou bien organiser des échanges avec

des écoles outre-Rhin, ce que je ne peux pas faire faute de

pouvoir communiquer avec les enseignants ».

« Je voudrais pouvoir faire plus »

En matière d’apprentissage des langues vivantes, le système éducatif

français n’a pas fini de rattraper son retard. Dans des pays comme

l’Espagne, Malte, la Croatie ou la Pologne, par exemple, l’enseignement

de l’anglais commence encore plus tôt qu’en France. Dans la grande

majorité des autres pays, la formation des enseignants est nettement

plus poussée. La France fait aussi partie des pays européens où l’ensei-

gnement d’une matière en langue étrangère (l’histoire enseignée en

anglais, par exemple) est le moins développé. Au-delà des cours, la

réussite passe également par un environnement linguistique favorable.

Ainsi, dans les pays qui affichent plusieurs langues officielles, les

enfants sont baignés dès leur plus jeune âge dans une culture multilin-

gue. Et si les élèves du Nord de l’Europe parlent mieux anglais que

nous, c’est aussi parce qu’ils y sont confrontés dès leur plus jeune âge,

à la télé et au cinéma notamment.

Un environnement

linguistique défavorable