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pas. Même si les directives ministérielles insis-

tent sur l’importance d’une pratique régulière

de l’oral en classe, les enseignants français ont

encore trop tendance à privilégier la perfec-

tion grammaticale sur la base d’exercices, là

où ils devraient tout faire pour inciter l’enfant à

parler, quitte à ce qu’il se trompe. C’est tout le

message de François Grosjean, professeur à

l’université de Neuchâtel en Suisse, dans son

ouvrage « Parler plusieurs langues : le monde

des bilingues » :

« Pour apprendre une langue

étrangère, il faut surtout qu’il existe un besoin,

si possible accompagné d’une motivation,

précise-t-il.

Avant d’être une matière scolaire,

la langue vivante devrait être un moyen de

communication »

.

n

Faire débuter plus tôt l’étude de la première

langue vivante va aussi dans le bon sens, à

condition que la qualité de l’enseignement

soit à la hauteur, ce qui est loin d’être le cas au

primaire. Même si des efforts ont été réalisés, le

niveau des élèves dépend encore en trop

grande partie de l’investissement de l’ensei-

gnant et de sa capacité à lui-même parler

cette langue. La loi pour la refondation de

l’école votée en 2013 prévoit bien un plan

exceptionnel de formation des enseignants du

premier degré en langues, mais l’effort fourni

semble insuffisant pour permettre de rattraper

rapidement le retard accumulé.

Besoin et motivation

Quant à la réforme de la formation initiale, elle

a été mise en place trop récemment pour

montrer son efficacité. Sans compter qu’en

matière de formation, tous les enseignants ne

sont pas logés à la même enseigne. En fonc-

tion de l’académie dans laquelle ils exercent,

certaines enseignants bénéficient de stages

de plusieurs semaines à l’étranger alors que

d’autres doivent se contenter de quelques

outils censés leur permettre d’enseigner une

langue qu’ils ne maîtrisent pas.

Pour pallier ce manque d’expérience, certai-

nes écoles font appel à de jeunes diplômés en

langue ou à des locuteurs natifs aux qualités

éducatives plus ou moins développées. Parfois,

ce sont des professeurs de collège qui assurent

les cours de langue en primaire. Mais faute de

budget suffisant, ces alternatives restent rares

et dans 98 % des cas, ce sont les enseignants

du primaire qui assurent les séances de langue.

La situation ne s’améliorera pas non plus tant

que l’approche pédagogique ne changera

DOSSIER

APPRENTISSAGE DES LANGUES VIVANTES

www.peep.asso.fr

- numéro 391 - Mai-juin-juillet 2016

Des classes bilangues préservées… mais pas partout

Elles devaient disparaître à partir de la rentrée

2016 avec le lancement de l’enseignement d’une

deuxième langue vivante dès la cinquième.

Finalement, environ deux tiers des classes bilan-

gues devraient être préservés. Face à la grogne, le

ministère de l’Education nationale a étendu le

concept de « classe bilangue de continuité » qui

permet de maintenir une classe bilangue dans le

cas où les élèves de sixième ont appris une autre

langue que l’anglais au primaire. Le nombre d’éco-

les proposant une autre langue que l’anglais étant

censé augmenter, des classes bilangues ouvriront

dans certains collèges alors que d’autres ferme-

ront ailleurs.

Pour autant, tous les collégiens ne seront pas logés

à la même enseigne. Alors que l’académie de Paris

gardera toutes ses classes bilangues, celles de

Poitiers, Grenoble, Rouen et Lyon en perdront près

des trois quarts. Quant à celle de Caen, elle n’en

conservera que trois.

L’apprentissage du chinois est en plein boom dans le secondaire. Il arrive en 5

e

position

derrière l’anglais, l’espagnol, l’allemand et l’italien.

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