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sée.

« Un des principaux leviers pour pré-

venir l’illettrisme est l’évaluation régulière

des élèves, du CP au CM2,

pour repérer

ceux en difficulté, estime Caroline Viriot-

Goeldel.

L’enseignant peut alors là aussi

différencier son enseignement. »

Toutefois, selon la chercheuse, la clef se

trouve dans la manière d’enseigner la

lecture et l’écriture.

« La meilleure des

solutions est d’offrir un enseignement de

qualité, bien avant les dispositifs d’aide,

d’autant que dans les recherches en

sciences de l’éducation ou cognitives,

on commence à bien connaître ce

qu’est un enseignement de la lecture de

qualité. »

Une étude de l’OCDE parue en

novembre dernier démontre d’ailleurs

que les élèves français passent plus de

temps que leurs voisins à étudier les « fon-

damentaux » : 37 % du temps scolaire au

primaire, contre 22 % en moyenne dans

les pays de l’OCDE. Or, les résultats ne sui-

vent pas. L’étude note ainsi que la

France « doit davantage rentabiliser le

temps scolaire » en mettant en place

« une façon différente d’enseigner pour

permettre aux élèves de travailler

davantage à leur rythme ».

« Devant les élèves les plus en difficulté,

il faut des leviers ludiques car davan-

tage de scolaire ne permet pas de

mieux faire adhérer ces élèves et creuse

encore davantage les écart

s, confirme

Max Gratadour.

Dans notre académie,

on essaie de valoriser l’entrée dans la lit-

térature. On incite les enseignants à lire

des histoires, des contes, parfois en

mobilisant des intervenants. Il y a

aussi des « valises littérature » à

disposition des enseignants

contenant un ensemble d’ou-

vrages et de fiches pédagogi-

ques. »

Donner le goût de lire

En dehors de l’école, plusieurs

organismes viennent en aide

aux élèves les plus en difficulté,

tels que l’association Lire et

Faire lire ou l’AFEV (Association

de la fondation étudiante

pour la ville). Localement,

beaucoup d’associations per-

mettent également de préve-

nir l’illettrisme. C’est le cas de

« Ecoute mes histoires », en

Seine-Saint-Denis. La prési-

dente, Françoise de Blangy,

est conteuse. Avec les autres

membres de l’association, elle

se rend dans des écoles et des

instituts médico-éducatifs et

raconte les histoires qu’elle a elle-même

écrites.

« Le but est de développer

l’écoute et l’attention puis, de fil en

aiguille, le goût de lire »

, précise-t-elle. A

l’école élémentaire, elle fait écrire des

histoires aux enfants, dans une démar-

che pédagogique

« élaborée avec des

enseignants et des psychologues ». « Il y

a des enfants qui n’ont pas accès à la

lecture de livres en français,

explique-t-

elle.

D’autres ne font plus l’effort d’ouvrir

un livre et se mettent devant la TV. On

veut refaire découvrir la beauté et l’im-

portance du livre et aider à l’apprentis-

sage de la communication et de l’auto-

nomie. »

Un apprentissage essentiel dans notre

société actuelle.

« Certes, si l’apprentis-

sage de la lecture se passe mal, l’élève a

des difficultés pour apprendre pouvant

mener à l’échec et au décrochage,

sou-

ligne Caroline Viriot-Goeldel.

Mais, plus

encore, dans notre société de l’informa-

tion, on écrit beaucoup plus qu’avant

(mails, SMS…) et s’il ne peut pas utiliser

ces moyens, l’enfant ne pourra pas bien

s’insérer dans la société. »

n

EC

EDUCATION

VIE SCOLAIRE

numéro 389 - Janvier-février 2016 -

www.peep.asso.fr

6

Donner le goût de lire dès le plus jeune âge : une des clés

de la prévention de l’illettrisme.

Quel rôle pour les parents ?

Selon l’Education nationale : « pour produire tous

ses effets, la prévention de l’illettrisme doit être

menée dans une relation de confiance avec les famil-

les ». Ainsi, partout en France, des actions sont

menées par des parents d’élèves. Depuis maintenant

30 ans, la PEEP organise par exemple le Grand prix

de jeunes lecteurs, un concours qui encourage le

goût de la lecture des élèves du CM1 à la 5

e

.

Des Actions éducatives familiales (AEF) existent

également, pour aider les parents en difficulté.

« Les parents impliqués peuvent alors aller voir les

parents qu’ils estiment pouvant être dans cette

situation et les aider, par exemple en leur expli-

quant qu’il existe ces AEF »

indique Marie-Thérèse

Geffroy, présidente de l’ANLCI. En effet, ajoute-t-

elle,

« il faut s’assurer que les parents soient à

l’aise avec le système scolaire d’un côté, mais aussi

avec la lecture et l’écriture. »