nées. En 2002, Luc Ferry, alors ministre de
l’Education nationale, lance un plan de
lutte contre l’illettrisme. En 2013, la lutte
contre l’illettrisme est élevée au rang de
Grande cause nationale. Tout cela a
entraîné une communication accrue
faisant connaître la situation au
grand public, ainsi que des mesures
spécifiques.
A l’école, la prévention de l’illettrisme
s’est intensifiée.
« L’Education natio-
nale prend davantage en compte
ce problème depuis le début de la
décennie,
explique Max Gratadour,
le correspondant « prévention de l’il-
lettrisme » dans l’académie de
Limoges.
Plusieurs dispositifs sont en
place pour améliorer l’appétence de
la langue française pour les élèves les
plus en difficulté. »
Par exemple, le
plan « agir contre l’illettrisme » pré-
senté en novembre 2013 s’appuie sur
quatre grands principes : une meil-
leure sensibilisation des équipes édu-
catives ; la consolidation du pilotage
du réseau « maîtrise de la langue » ;
le renforcement du lien école-famil-
les ; le renforcement des partenariats.
Par ailleurs, la loi de la refondation de
l’école, en 2013, a notamment posé
pour objectif de tripler, d’ici à 2017, le
nombre d’enfants de moins de 3 ans
scolarisés, en particulier dans les milieux
défavorisés.
« Cela permet d’amorcer la
maîtrise de la langue orale, fondamen-
tale pour l’apprentissage plus tard de la
langue écrite »
, explique Max Gratadour.
A l’école élémentaire, le dispositif « plus
de maîtres que de classes », provenant
également de la loi de refondation,
permet, selon le correspondant aca-
démique,
« de faire face à l’hétéro-
généité de certaines classes »
et ainsi
de différencier davantage les
apprentissages en fonction des diffi-
cultés de chacun.
Evaluer pour prévenir
De même, une évaluation des élèves
en début de CE2 est désormais impo-
Parue en novembre dernier, une étude
de l’OCDE indique que la France « doit
davantage rentabiliser le temps sco-
laire » en mettant en place « une
façon différente d’enseigner pour per-
mettre aux élèves de travailler davan-
tage à leur rythme ».
EDUCATION
VIE SCOLAIRE
recule
5
(suite page 6)
www.peep.asso.fr- numéro 389 - Janvier-février 2016
A Lille, l’association La Clé propose des cours individuels à
des adultes en situation d’illettrisme ou d’analphabétisme, à
des étrangers et à des enfants en difficulté scolaire. La
première année, en 1985, huit personnes bénéficiaient de
ces cours. Pour cette année 2015-2016, ils sont environ 600,
et presque autant de formateurs !
« Chaque cours est
individuel et chaque formateur donne chaque semaine
une à deux heures de cours à la même personne »
, précise
Sonia Moussay, directrice de La Clé. Les formateurs (plus
de la moitié d’entre eux sont étudiants ou enseignants) sont
bénévoles et eux-mêmes formés préalablement.
« Pour les
scolaires, on insiste sur les difficultés d’organisation, de
mémorisation, d’attention,
explique Sonia Moussay.
S’ils
n’ont pas les bases, ils ne peuvent
acquérir la suite. Le but n’est pas
de faire pareil que l’école car ces enfants en difficulté ont
besoin d’autre chose. »
Selon elle, l’augmentation des
demandes d’aides que reçoit La Clé ne provient pas de
failles de l’école, qui
« n’est pas moins bonne qu’il y a dix
ans. C’est le résultat d’un bouche-à-oreille et cela montre
que les parents sont motivés pour que leur enfant
réussisse ».
Et la directrice de conclure :
« Une des
manières de prévenir l’illettrisme est d’accentuer les
partenariats école-associations ainsi que la
personnalisation de l’enseignement, car l’illettrisme a des
causes différentes chez chacun. »
« On insiste sur les difficultés d’organisation,
de mémorisation, d’attention »
Sonia Moussay,
directrice de l’association La Clé (Lille)