numéro 388 - Novembre-décembre 2015 -
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disparités, le gouvernement cher-
che à inciter les collectivités locales
à investir en leur promettant de leur
verser un euro pour chaque euro
qu’ils auront dépensé en matériel.
Mais, de tous, le principal enjeu
demeure sans aucun doute celui
de la formation des enseignants.
Pour les volontaires maîtrisant l’infor-
matique, cela ne devrait pas poser
de problème. Pour d’autres, moins
enclins à utiliser les nouvelles tech-
nologies, cela sera d’autant plus
compliqué qu’ils risquent, plus que
dans d’autres matières, de se
retrouver régulièrement face à des
élèves qui en savent plus qu’eux. Le
ministère a promis de faire de la for-
mation des enseignants une priorité
absolue. Il sera aussi possible de faire
appel à des animateurs extérieurs à
condition de disposer d’un budget pour
les rémunérer, voire de laisser la possibi-
lité aux écoles de s’organiser pour que
des enseignants volontaires assurent ces
cours à la place de leurs collègues.
Cette situation n’est pas sans rappeler
celle de l’apprentissage de l’anglais, qui
a bien du mal à être généralisé de
manière satisfaisante au primaire faute
d’une formation satisfaisante.
Si la rentrée 2016 marquera le top départ
de cette réforme, nul doute que de
nombreuses années seront nécessaires
pour que tous les élèves de France
puissent réellement en bénéficier dans
des conditions satisfaisantes. Il faut pour-
tant faire vite…
Un enjeu pour l’avenir
Dans une société toujours plus connec-
tée, sensibiliser les jeunes enfants à la
programmation est plus que jamais une
nécessité, que ce soit pour faire naître
des vocations dans les domaines tech-
nologiques que pour permettre aux futurs
citoyens de comprendre comment fonc-
tionnent les objets et le monde qui les
entourent.
« Hier, on pouvait se contenter
d’être de simples consommateurs d’infor-
matique, mais aujourd’hui, ça ne suffit
plus,
constatait il y a peu un profes-
seur d’informatique sur le site
Vousnousils.fr,site internet d’informa-
tions au service de la communauté
éducative.
Ceux qui réussissent à
s’adapter sont ceux qui compren-
nent les mécanismes sous-jacents,
c’est-à-dire le code »
. Sans compter
que l’apprentissage du codage
impose à la fois réflexion, patience,
rigueur et logique, autant de facul-
tés utiles dans d’autres matières et
dans la vie de tous les jours.
Pour autant, le numérique ne fait pas
tout. Une enquête Pisa (Program for
International Student Assessment)
menée en 2012 et dévoilée en sep-
tembre dernier montre que l’usage
des nouvelles technologies en
classe n’a finalement qu’un faible impact
sur les résultats scolaires des élèves et ne
contribue pas à réduire les écarts entre
les élèves favorisés et les autres. La même
étude estime que l’ordinateur ne devrait
être utilisé qu’une à deux fois par
semaine en classe, qu’au-delà, l’effet
pourrait être contre-productif. Enfin, les
auteurs de l’étude déplorent que les nou-
velles technologies soient encore mal uti-
lisées en classe et que les enseignants
manquent de formation. La révolution
numérique est en marche, mais la route
sera encore longue, et sans doute parse-
mée de bugs…
n
CB
EDUCATION
ZOOM
Les parents enthousiastes
D’après une grande enquête menée par la PEEP en
octobre, 3 parents sur 4 sont favorables à ce qu’une
initiation à l’informatique soit organisée dès le pri-
maire (la majorité estime toutefois qu’elle ne doit
pas se faire au détriment d’autres matières). Pour la
moitié des parents, cette initiation doit se tenir dans
le cadre scolaire (46 %) et de manière obligatoire
pour tous (49 %) afin d’assurer un enseignement de
qualité et une égalité territoriale.
Dans le secondaire, l’intérêt des parents pour l’infor-
matique est encore plus grand. 86 % sont favorables
à ce que les élèves abordent l’informatique au collège
et 92 % au lycée. 70 % des parents estiment que l’en-
seignement de l’informatique doit y être obligatoire
et deux sur trois sont favorables à ce qu’elle
devienne une discipline à part entière menée par des
enseignants dédiés. Les parents ne sont que 20 % à
penser qu’un autre enseignant peut s’occuper de l’ap-
prentissage de l’informatique dans le secondaire
après une rapide formation.
Enquête réalisée du 17 au 20 octobre 2015 auprès des
adhérents de la PEEP. Résultats obtenus sur la base de
3077 réponses.
Plus de 70 000 élèves doivent expérimenter cette
année de nouvelles formes d'enseignement et d'ap-
prentissage grâce au numérique.