EDUCATION
ZOOM
(suite page 14)
pour réussir son pari – soulignons que la
PEEP est associée au projet Class’code.
Tout est prêt pour qu’une fois validés les
futurs programmes des cycles 2, 3 et 4,
actuellement en cours de discussion, la
machine soit lancée.
Un contenu à définir
Il est encore un peu tôt pour savoir préci-
sément à quoi ressembleront concrète-
ment les futures séances de codage. La
ministre de l’Education nationale Najat
Vallaud-Belkacem a toutefois laissé
entrevoir quelques pistes.
« Les textes
publiés par le Conseil supérieur des pro-
grammes proposent, par exemple, que
les élèves puissent apprendre à coder
des déplacements dans l’espace dès le
CE1, à l’aide d’un logiciel de program-
mation adapté, afin de les amener, en fin
de CE2, à la compréhension et à la pro-
duction d’algorithmes simples »
, avait-
elle annoncé le 7 mai dernier.
« Plus que
l’apprentissage d’un langage informati-
que particulier, nous souhaitons initier les
élèves du primaire à la programmation
au sens large, afin de développer chez
eux une culture numérique, une pensée
logique
, précise-t-on par ailleurs à la
Direction du numérique pour l’éducation
(DNE).
Cet apprentissage s’inscrit dans le
cadre des enseignements des mathé-
matiques et de la technologie. Il s’articu-
lera autour de projets pédagogiques,
porteurs de sens pour l’élève. »
Ce qui est sûr, c’est qu’enseigner le code
à des enfants de 8 ans sans les ennuyer
n’a rien d’insurmontable. De nombreux
pays étrangers l’ont déjà intégré à leur
cursus et en France, des dizaines d’asso-
ciations et de clubs initient depuis des
années des enfants volontaires. La plu-
part s’appuient sur des logiciels éducatifs
tel que Scratch, le plus connu d’entre
eux, qui permet aux enfants de créer leur
propre jeu vidéo en assemblant des bri-
ques, chacune correspondant à une
commande. Les grands principes de la
pensée informatique peuvent même
s’apprendre sans ordinateur grâce à un
enseignement dit « débranché » s’ap-
puyant sur des jeux de cartes ou de billes,
par exemple.
La formation au cœur de la
réussite
Au-delà de l’aspect pédagogique, le
codage pour tous les élèves ne réussira
que si le matériel est à la hauteur.
Aujourd’hui, le niveau d’équipement
www.peep.asso.fr- numéro 388 - Novembre-décembre 2015
13
fait le pari du codage
varie énormément d’un établissement à
l’autre. Alors que certains bénéficient
d’ordinateurs de dernière génération
entretenus par des équipes dédiées,
d’autres doivent se contenter de quel-
ques postes vieillots que les enseignants
tentent tant bien que mal de maintenir en
état de fonctionnement. Pour réduire ces
Virgile,
enseignant en classe de CE2
« Si j’adhère complètement au projet, j’ai un peu peur
car aucune formation n’est prévue pour l’instant alors
que nous sommes censés commencer à l’enseigner à la
rentrée prochaine. En plus, il existe de grosses
différences de niveau entre les enseignants. Si la plupart
savent se servir d’un ordinateur, d’autres ne sont même
pas capables de lire leurs emails.
Pour les élèves aussi cela risque d’être compliqué. Pour
utiliser le logiciel Scratch, par exemple, il est nécessaire
de connaître ce que sont les repères orthonormés
(abscisses et ordonnées). Or, cette notion est abordée
au collège en temps normal. Si certains élèves
comprendront, pour d’autres, ce sera nettement plus
difficile.
Même si dans mon école on est plutôt bien lotis pour ce
qui est du matériel, ce n’est pas évident de gérer seul 24
élèves en salle informatique quand certains maîtrisent
alors que d’autres ne savent pas utiliser le « double
clic » sur une souris. J’aimerais faire venir un parent
pour m’aider, mais pour cela, il faut que je rédige un
projet que mon inspecteur devra valider. Pour l’instant,
je n’ai pas eu le temps. »
« Elèves ou enseignants, pour certains, ce sera compliqué »