éducatif théorique dans ce domaine d’ensei-
gnement », celui-ci, dans la réalité du terrain,
ne relève que d’une « participation de
façade » : « Les heures d’enseignements inté-
grées le plus souvent à l’histoire-géographie
ne sont pas toujours dispensées dans leur
totalité » indique le Cnesco.
« Beaucoup de
collègues sont un peu loin de l’éducation civi-
que, par rapport à la pression du programme,
des notes, des inspections… »
confirme Céline
Rigo, enseignante d’histoire-géographie et
secrétaire nationale du syndicat SE-UNSA.
Alors, pour combler ce manque, certains éta-
blissements ont décidé de mettre en place
leur propre manière de transmettre ces
valeurs. Dans le collège Charles-Dullin de
Yenne (Savoie), depuis 2012, pendant une
semaine en février, les élèves n’ont pas de
cours mais un volet de petites sessions éduca-
tives sur les thèmes de la prévention, de la
sécurité, du handicap, de l’action sociale,
avec des intervenants associatifs notamment.
Parmi eux, SOS-Racisme.
« C’est parti d’un
problème au collège,
explique Christophe
Consigny, le principal.
On a une population
immigrée relativement faible mais très stig-
matisée car le reste de la population est très
rural. Les élèves relayaient les propos enten-
dus par les familles. SOS Racisme est intervenu
pour poser le cadre de la loi et évoquer le fait
que l’école s’affranchissait de toute religion.
Cela consiste à faire réagir, débattre les élè-
est insupportable,
ajoute Roland Hubert, co-
secrétaire général du SNES, principal syndicat
enseignant dans le second degré,
elle n’est
toutefois pas à part de la société et c’est légi-
time que la société l’interpelle. »
L’éducation civique en question
En tant que pilier de la société, l’école ne
peut en effet éviter une remise en question.
D’abord, l’enseignement de l’éducation civi-
que ne semble pas à la hauteur. Le Cnesco
(Conseil national de l’évaluation du système
scolaire), dans un rapport du 12 janvier 2015,
souligne que si la France « se place en tête
des pays européens par son investissement
numéro 385 - Mars-avril 2015 -
www.peep.asso.fr22
Quid de l’enseignement du fait religieux à l’école ?
Il n’y a, actuellement, pas de cours spécifique d’en-
seignement du fait religieux à l’école. Toutefois, il
est présent dans plusieurs disciplines telles que
l’histoire, les lettres, l’histoire des arts ou la philo-
sophie. Dans un rapport annexé à la loi d’orienta-
tion de l’école de 2005, il est indiqué : « Il convient,
dans le respect de la liberté de conscience et des
principes de laïcité et de neutralité du service
public, d’organiser dans l’enseignement public la
transmission de connaissances et références sur le
fait religieux et son histoire ». Concrètement, les
élèves, en 6
e
et 5
e
, étudient la naissance des gran-
des religions avec notamment des extraits des
textes fondateurs, dans un « esprit de laïcité res-
pectueux des consciences et des convictions ».
L’étude de l’architecture des lieux religieux est
aussi au programme (cathédrales, abbayes, etc.).
UN FUTUR ENSEIGNEMENT MORAL ET CIVIQUE
Au sein du socle commun de 2005 encore en
vigueur, qui comprend sept grandes compétences,
deux concernent notamment le fait religieux : la
« culture humaniste », qui suppose la connaissance
« de la diversité des civilisations, des religions, du
fait religieux en France, en Europe et dans le
monde », ainsi que « les compétences sociales et
civiques » qui induit de « comprendre la diversité
culturelle de la France d’aujourd’hui pour contri-
buer à la construction d’une culture commune à
tous les élèves ». Le futur socle commun, actuelle-
ment en discussion, prévoit un enseignement moral
et civique dont les formes restent à préciser.
Au lendemain des attentats de janvier qui ont fait 17 morts, de nombreux jeunes ont
spontanément manifesté leur attachement à la liberté et aux valeurs de la République,
comme ici à La Rochelle.
DOSSIER
LAÏCITÉ ET « VIVRE ENSEMBLE » À L’ÉCOLE