- numéro 384 - Janvier-février 2015
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été remplacé. Une situation que beau-
coup de parents d’élèves ne connais-
sent que trop bien…
Le deuxième Café des Parents avait
pour thème la démocratie scolaire.
D’autres parents – choisis pour certains
en collaboration avec les fédérations
de parents d’élèves – ont ainsi pu faire
partager la manière dont ils partici-
paient à la vie de l’établissement.
« Chacun expliquait ce qui se mettait en
place dans son école, et tout le monde
est reparti avec des idées ! »,
s’est féli-
cité Yves Guéchi, papa de trois enfants
à Saint-Rémy (71), présent lors de ce
deuxième Café. Le troisième rendez-
vous de ce type s’est lui tenu dans le
Gers, dans un collège que visitait la
ministre, avec des parents d’élèves de
l’établissement.
« On écoute la voix des parents »
L’échange entre les parents pendant
ces rencontres peut s’avérer précieux
pour les parents eux-mêmes, qui décou-
vrent des expériences et des actions
d’autres parents. En revanche, des
doutes subsistent quant au réel objectif
de ces Cafés : vont-ils engendrer des
résultats concrets ou sont-ils seulement
une opération de communication ?
« L’initiative est très bonne mais il faut
qu’il y ait une solution aux problèmes
que l’on a rapportés. On attend des
retours »,
souligne Nabila Fertas. Dans
l’entourage de la ministre, on explique
que ces rendez-vous sont une manière
pour elle de « prendre le pouls » sans le
filtre de ses conseillers et de son cabinet.
Le but ne serait donc pas que la ministre
prenne des décisions mais qu’elle s’ins-
pire de ce qu’elle peut y entendre,
qu’elle s’en nourrisse.
« Dans tous les
cas, ces Cafés ont le mérite de montrer
à l’ensemble du personnel éducatif
qu’au plus haut niveau, on écoute la
voix des parents et qu’elle a de l’impor-
tance. Cela met les parents sur le
devant de la scène »
, affirme Yves
Guéchi.
« On a l’impression que les
parents servent à quelque chose »
, sur-
enchérit Agnès Kirtz, maman de trois
enfants à Noyon (64), présente au
deuxième Café des Parents.
Ces Cafés apparaissent pour le moment
comme le symbole de la volonté minis-
térielle de faire mieux et davantage
cohabiter l’école et les parents d’élè-
ves. Actuellement, en effet, la place
des parents d’élèves à l’école pose
question. Nombre d’entre eux ont sou-
vent le sentiment d’être écartés de
l’école, de ne pas être invités à partici-
per à la vie de l’établissement et à
l’éducation scolaire de leurs enfants.
Ces familles peuvent ressentir un senti-
ment d’infériorité et se percevoir
comme peu légitimes à participer.
« Il en
résulte souvent une absence de com-
EDUCATION
ZOOM
Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education
nationale, et Florence Robine, directrice géné-
rale de l’Enseignement scolaire (Dgesco).
(suite page 16)
Hela Daassi,
maman de deux enfants scolarisés à l’école primaire Diderot de Gennevilliers
« Avec une autre maman, nous avons sollicité la ministre
lors de sa venue à Gennevilliers, et elle nous a alors dit
qu’elle nous accueillerait. Une semaine plus tard, on a
reçu une convocation pour venir au premier Café des
Parents. Tout s’est très bien passé, dans un cadre
convivial. C’était vraiment un moment formidable. Cela
fait plaisir que les parents soient reçus, écoutés. C’est
une bonne initiative. On a pu discuter des problèmes à
l’école (comme les non-remplacements des maîtres) et
échanger avec d’autres parents. Chacun parlait des
projets des parents dans leur école, et on a eu des idées
et découvert des expériences que l’on n’aurait jamais pu
connaître sans ce Café des parents.
La ministre était à notre écoute, investie à 100 %. Je
m’attendais à ce qu’on ait droit à une sorte de QCM mais
pas du tout : elle nous a laissé parlé, même entre nous.
Elle écoutait, elle était très modeste. Elle n’a pas fait
d’engagements concrets, mais on n’était pas non plus
venus pour qu’elle nous fasse des promesses.
En tout cas, je conseille aux parents de s’inscrire à ces
Cafés, pour faire partager leurs expériences car la
mienne ne sera pas forcément celle d’un autre parent.
Et, plus généralement, il faut que les parents
s’investissent dans l’école. Je pense que si les parents
sont derrière leurs enfants, l’équipe pédagogique fait
plus attention. »
« Cela fait plaisir que les parents soient reçus, écoutés »
photos : Philippe Devernay / MENESR