DOSSIER
BAISSE DU NIVEAU SCOLAIRE : FAUT-IL S’ALARMER ?
Le contenu des enseignements aurait sa part de responsabilité dans la chute du
niveau des élèves : la baisse régulière du nombre d’heures de français et de
mathématiques au profit d’autres disciplines obligerait les enseignants à revoir
leurs exigences à la baisse dans les matières fondamentales.
vrent des langues étrangères dès leur plus
jeune âge, sont initiés aux règles de sécurité
routière, etc. On leur demande aussi de déve-
lopper leur réflexion, de maîtriser diverses
méthodologies, de préparer des exposés...
Ces enseignements empiètent forcément sur
les apprentissages fondamentaux.
l’école d’aujourd’hui à celle d’il y a 20, 30 ou
40 ans. D’une part parce que la société a
changé. Alors que seuls 3 % des élèves attei-
gnaient le bac en 1947, ce sont aujourd’hui
66 % d’une classe d’âge qui décrochent le
fameux sésame vers l’enseignement supé-
rieur. D’autre part, les études se basent systé-
matiquement sur des dictées ou des exercices
de mathématiques d’il y a 10 ou 20 ans qui ne
correspondent plus forcément aux enseigne-
ments d’aujourd’hui. Les critères d’évaluation
sont aussi devenus plus exigeants. Alors qu’il y
a 50 ans il suffisait de lire un texte à haute voix
pour être considéré comme lecteur, il faut
désormais pouvoir l’aborder silencieusement
et en comprendre le sens.
Mais le plus important, c’est qu’en 30 ans,
l’école a profondément changé et les priori-
tés d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui.
« Demandez à un lycéen de situer Napoléon
sur une frise ou faites-lui effectuer un calcul
mental simple, je ne suis pas sûr que le résultat
soit probant »
, s’interroge à juste titre un
parent d’élève sur un forum dédié à l’éduca-
tion. Pour de nombreux adultes, le fait de ne
pas être capable de lister les chefs-lieux de
départements ou de citer les grandes dates
de l’Histoire est aussi la preuve que le niveau
baisse. Mais c’est oublier que les exigences
d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier. A côté
des fondamentaux du « lire, écrire, compter »,
les élèves reçoivent des enseignements en
éducation civique, en informatique, décou-
www.peep.asso.fr- numéro 381 - Mai-juin-juillet 2014
19
(suite page 20)
Jean-Paul Delahaye,
ex-directeur général de l’enseignement scolaire (DGESCO) –
il a démissionné de son poste fin avril 2014, quelques jours après cette interview.
« La loi de refondation de l’école a un objectif :
l’élévation générale du niveau de tous les élèves et la
réussite de tous. Il faut pour cela agir précocement.
Scolariser les enfants de moins de trois ans permet de
réduire les inégalités dans l’acquisition du langage et de
préparer les premiers apprentissages, en particulier
pour les enfants dont les familles sont éloignées de la
culture scolaire. Le dispositif « Plus de maîtres que de
classes », à l’école élémentaire, permet d’accompagner
les élèves les plus fragiles. Les nouveaux cycles
d’enseignement facilitent la prise en compte de la
progressivité des apprentissages et l’articulation école-
collège. La redéfinition du socle
commun de connaissances, de
compétences et de culture, la
refonte des programmes,
l’accompagnement de
l’évolution des pratiques pédagogiques, notamment
d’évaluation, renforceront confiance et motivation des
élèves, favorisant ainsi l’amélioration des acquis
scolaires. La réforme de la formation des maîtres et la
création des ESPE (écoles supérieures du professorat et
de l’éducation, NDLR) sont au service de ces
évolutions. »
« Il faut agir précocement »