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DOSSIER
renforcer leur volonté de réussir ». Mais il per-
dure. Pourtant, d’autres méthodes ont fait
leurs preuves, plus interactives et mieux adap-
tées à l’époque actuelle. Le ministère de
l’Education nationale vient d’annoncer qu’il
planchait sur une « évaluation positive de l’or-
thographe » qui permettrait d’additionner les
points obtenus en dictée plutôt que d’en reti-
rer. Une piste parmi d’autres pour sortir d’un
fonctionnement (trop) conservateur de
l’école comme le fait remarquer Nathalie
Mons, présidente du Conseil national d’éva-
luation du système scolaire (CNESCO), grand
témoin de ce dossier (lire son interview page
ci-contre).
n
semblent guère avoir évolué en 20 ans. Trop
souvent, les séances se limitent à des cours
magistraux au cours desquels les élèves doi-
vent écouter religieusement l’enseignant et
prendre des notes. Entre les dictées, les problè-
mes à résoudre et les récitations « par cœur »,
le contrôle des connaissances ne semble pas
non plus avoir changé. Le système de notation
est régulièrement décrié. Même l’IGEN
compte sur sa refonte pour « redonner
confiance aux élèves dans leurs capacités et
numéro 381 - Mai-juin-juillet 2014 -
www.peep.asso.fr22
BAISSE DU NIVEAU SCOLAIRE : FAUT-IL S’ALARMER ?
Le bilan de la dernière enquête Pisa a conduit le
ministre de l’Education nationale de l’époque,
Vincent Peillon, à reconnaître publiquement que
les résultats des élèves français étaient « de plus
en plus mauvais ».
Zéro pointé en orthographe !
Les élèves d’aujourd’hui sont-ils si mauvais en orthogra-
phe ? C’est ce que tendrait à montrer l’expérience menée
par Sauver les lettres. L’association fait passer à des élè-
ves l’épreuve de français du brevet des collèges de 1976
et leur soumet une dictée d’une douzaine de lignes, de
difficulté moyenne. A en croire les résultats de la der-
nière vague, réalisée fin 2008, 58 % des élèves testés ont
obtenu la note de 0 sur 20 et à peine 14 % ont obtenu la
moyenne ! Près d’un élève sur deux (48,44 %) a fait plus
de 15 fautes et près d’un élève sur trois (28,85 %) a fait
plus de vingt fautes. Les principales difficultés concer-
nent les accords et la conjugaison des verbes. Avec cet
exercice, l’association montre qu’après huit années de
scolarité, un élève sur deux ne reconnaît pas un complé-
ment d’objet direct et plus de huit sur dix ne repèrent
pas un sujet inversé. Près de 44 % d’entre eux se révè-
lent même incapables de transposer une phrase du singu-
lier au pluriel ! Face à ce constat, l’association Sauver
les lettres demande une hausse des heures de français,
une meilleure formation des enseignants, des program-
mes plus cohérents et progressifs ainsi qu’une vérifica-
tion sérieuse de la maîtrise de la langue lors des exa-
mens. Des demandes qui emporteraient à coup sûr
l’adhésion de la grande majorité des parents d’élèves…
« Depuis 10 ans que je travaille en ZEP, je dois me rendre à l’évidence :
le niveau a tendance à baisser. Et les dernières évaluations de CP
menées dans mon école ne font que confirmer cette tendance. Les
élèves me semblent moins attentifs qu’avant, moins impliqués. La
situation de plus en plus précaire des familles n’est certainement pas
étrangère à cette situation. Les programmes de plus en plus lourds ont
aussi leur part de responsabilité. L’apprentissage de l’anglais, de
l’informatique ou des premiers secours se fait forcément aux dépens du
français et des mathématiques. Je me rends bien compte que certaines
de mes séances pourraient être plus interactives. Mais, entre les
réunions avec l’équipe, les rencontres avec les parents, les différents
dossiers à rédiger (PAI, PPRE…) et les livrets de compétences à
remplir, je n’ai pas le temps de préparer mes journées comme je le
voudrais. Alors, pour venir à bout du programme, je n’ai pas d’autre
choix que d’avoir recours à des exercices tout prêts pour aborder
certaines notions. C’est frustrant, mais on n’a pas le choix. On nous en
demande trop ».
« On nous en demande trop »
Cécile,
enseignante en CM1