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Près de quatre ans après le vote de la loi d’orientation, estimez-

vous avoir réussi à « refonder » l’école ?

Nous avons respecté l’engagement que François Hollande

avait pris devant les Français, redonner la priorité à l’École, à

travers la refondation. Nous avons créé les 60 000 postes dans

l’Éducation, priorité budgétaire indispensable. À la rentrée

2017, ce seront encore 8 711 créations de postes d’ensei-

gnants. Nous avons fait porter l'essentiel des efforts sur l'école

primaire, là où se joue l’essentiel, l’apprentissage des fonda-

mentaux, mis en place de nouveaux programmes de la mater-

nelle au collège, plus cohérents et progressifs, une nouvelle

organisation du collège. Enfin, nous avons agi pour résorber les

inégalités, dont tous les rapports internationaux pointent qu’il

s’agit du défi prioritaire pour l’école française. C’est pourquoi

nous avons mis en place une nouvelle éducation prioritaire,

une allocation progressive des moyens, un plan pour la Seine-

Saint-Denis, déployé un plan ambitieux de lutte contre le

décrochage scolaire qui nous a permis de passer sous la barre

des 100 000 décrocheurs, mis en œuvre un plan de lutte contre

la grande pauvreté.

Certaines réformes, comme la refonte des pro-

grammes du collège ou l’aménagement des

rythmes scolaires, font toujours l’objet de criti-

ques. Selon vous, des aménagements seront-ils

nécessaires ?

Ces réformes sont essentielles car elles portent

sur les apprentissages des élèves. La France était

loin derrière tous les pays en termes de nombre

de jours d’école. Avec la réforme des rythmes,

nous nous sommes rapprochés de nos voisins

européens et nous avons donné une matinée

de plus aux enfants pour mieux apprendre. Les programmes

des neuf années de la scolarité obligatoire ont été écrits dans

la logique du socle (que doit maîtriser tout élève à la fin de sa

scolarité obligatoire) et nous avons renforcé pour chaque

enseignement et pour chaque discipline la cohérence et la

progressivité des programmes. Enfin au collège, grâce à la

réforme, on consacre désormais plus de temps à accompa-

gner véritablement les élèves, on leur fait comprendre et met-

tre en pratique leurs apprentissages, on les aide à préparer leur

avenir en s’ouvrant davantage au monde professionnel, aux

langues vivantes étrangères ou encore au numérique... Parce

que ces réformes sont essentielles, il est important de leur don-

ner du temps : j’ai veillé à ce que ces nouvelles réformes soient

évaluées et accompagnées dans leur mise en œuvre, afin de

pouvoir les juger en toute objectivité sur le long terme.

L’école est affaire de temps long et ne doit pas être rythmée

par la vie politique. Nous avons fait preuve de cet esprit de res-

ponsabilité avec la réforme du lycée, qui n’avait que deux

années en 2012 et à qui nous avons donné le temps de s’instal-

ler dans les pratiques des établissements et des professeurs.

Les mesures prises dans le cadre de la loi sur la refondation de

l’école suffiront-elles à faire réussir tous les élèves ?

Ces mesures étaient nécessaires : donner plus à ceux qui ont

moins ; insister sur les apprentissages fondamentaux. Mais pour

que les résultats puissent être au rendez-vous, il faut absolu-

ment poursuivre ces efforts. Si, demain, les moyens venaient de

nouveau à manquer dans l’Éducation, les résultats de nos poli-

tiques seraient bien évidemment annihilés. Si, au contraire, les

créations de postes se poursuivent, les moyens

sont prioritairement alloués à la réduction des

inégalités, les réformes ne sont pas détricotées

au gré des majorités, alors oui, les professeurs

retrouveront les conditions d’exercice qui per-

mettront de faire réussir tous les élèves.

Les parents d’élèves peuvent-ils être certains, où

qu’ils habitent et quelle que soit leur situation

sociale, que tous les moyens sont mis œuvre

pour que leur enfant réussisse ?

Tous les territoires fragiles ont fait l’objet d’atten-

tion : les territoires urbains avec la nouvelle carte

de l’éducation prioritaire et les territoires ruraux défavorisés et

isolés avec les conventions ruralité. Rappelons-le, la nouvelle

carte des REP et REP+ a permis d’intégrer 206 nouveaux collè-

ges et 1 547 nouvelles écoles dont la population scolaire est

composée à 55 % de PCS défavorisées et à 44 % de boursiers.

Elle a donné à ces établissements des moyens nouveaux très

renforcés (352 millions d’euros) pour abaisser le nombre d’élè-

ves par classe et soutenir les apprentissages par un investisse-

ment massif sur la formation des enseignants. Regardez

aujourd'hui, certains des collèges qui ont bénéficié de ces

numéro 395 - Mars-avril 2017 -

www.peep.asso.fr

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Grand Témoin

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nati

de l’enseignement supérieur et de la recherche

« La réussite des élèves ne pe

qu’avec la participation des pa

“L’école est

affaire de

temps long

et ne doit pas

être rythmée

par la vie

politique.”