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numéro 391 - Mai-juin-juillet 2016 -

www.peep.asso.fr

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dans la voie technologique ou une filière

générale non souhaitée. Cependant,

pour Mme Veylon, principale de collège

à Montfermeil,

« cela ne fonctionne que

pour des élèves motivés qui se départis-

sent du « je connais, j’ai déjà fait » mais

changent leurs habitudes et décident de

redoubler et de se donner les moyens de

réussir ».

Une deuxième chance pour certains,

une démotivation pour d’autres, mais

tous s’accordent à croire qu’il faut avant

tout accompagner les élèves à combler

leurs lacunes. Antoine, le professeur d’his-

toire-géographie veut croire à une muta-

tion majeure qui fera émerger d’autres

leviers pour faire progresser ces élèves

qui ne seraient plus menacés par un

redoublement. Mais quels sont-ils ?

Permettre à l’élève de rester dans

la course

La loi Fillon pointait une condition au

redoublement à l’école primaire pour en

assurer l’efficacité pédagogique : la

mise en place d’un programme person-

nalisé de réussite éducative (PPRE). Le

récent décret, qui rend le redoublement

exceptionnel, renvoie lui aussi au PPRE

pour répondre aux besoins d'un élève

lorsqu'il apparaît qu'il risque de ne pas

maîtriser les connaissances et les com-

pétences du socle commun. Elaboré

par l'équipe pédagogique, discuté

avec les parents et présenté à

l'élève, ce plan d’aide est proposé dès

l'école élémentaire, tandis qu’au col-

lège, chaque élève pourra également

bénéficier d’un accompagnement per-

sonnalisé : 3 heures en 6

e

, et 1 heure

pour les élèves du cycle 4 (5

e

, 4

e

et 3

e

)

comme le prévoit la réforme mise en

œuvre à la rentrée.

Mais ces « béquilles » sont-elles effica-

ces ? Qu’en est-il ailleurs ? Direction la

Finlande, pays parmi les mieux classés

dans les comparaisons internationales

des résultats scolaires et dont le redou-

blement, quasiment inexistant, n’affecte

que 0,5 % des élèves. Mais cette volonté

de limiter au maximum le redoublement,

la Finlande s’en donne les moyens en

permettant aux enseignants d’adapter

leurs cours au niveau de leurs élèves et

en organisant un soutien scolaire au sein-

même des établissements. L’adaptation,

c’est tout l’enjeu de la pédagogie diffé-

renciée, assez nouvelle en France et qui

reste encore compliquée à mettre en

œuvre.

Autres pistes : pourquoi ne pas s’inspirer

également de la quasi-totalité des pays

européens qui offrent aux élèves la possi-

bilité de passer des épreuves supplémen-

taires (écrites et/ou orales selon les pays)

en fin d’année scolaire pour rattraper des

résultats jugés trop faibles par l’équipe

enseignante ? Ou encore de l’Italie qui

développe des stages d’été obligatoires

pour les élèves en difficulté : un dispositif

particulièrement efficace et adapté aux

élèves de primaire, selon les experts.

Si le redoublement est également coû-

teux (2 milliards d’euros par an selon

l’Institut des politiques publiques), sa

quasi-suppression doit s’accompagner

en parallèle d’un dispositif ambitieux

d’aide aux élèves en difficulté, dès

l’école primaire. Pour une véritable

seconde chance donnée aux élèves.

n

JNV

EDUCATION

VIE SCOLAIRE

Perte de confiance, stigmatisation, sentiment d’infériorité… Les côtés sombres du redoublement.

Redoubler : qu’en pensent les élèves ?

Le Cnesco a mené en novembre 2014 une étude auprès

de plus de 5 000 collégiens et lycéens pour les interro-

ger sur leur perception du redoublement. Voici les

principaux enseignements chiffrés de cette enquête.

• 64 % des lycéens et collégiens sont tout à fait ou plu-

tôt d’accord avec le fait que le redoublement démotive.

• Pour 64 % des élèves, le redoublement diminue la

confiance en soi.

• 59 % considèrent qu’il entraîne un sentiment d’infé-

riorité. La crainte la plus forte, s’ils devaient redou-

bler, et partagée par les trois quarts des élèves, est

d’une part de décevoir ses parents (77 %) et d’autre

part de ne plus être avec ses amis (76 %).

• 67 % des redoublants déclarent s’être plus investis

dans leur travail l’année de leur redoublement.

Pour 56 % d’entre eux, les parents se sont plus inves-

tis dans le suivi de leur travail scolaire. 35 % des

redoublants disent avoir eu envie d’arrêter l’école à

cause du redoublement et 33 % affirment qu’ils ne se

sont pas bien intégrés dans la nouvelle classe l’année

de leur redoublement.

Pour 26 %, les autres élèves se sont moqués d’eux

parce qu’ils avaient redoublé.

• 67 % des élèves sont favorables à la mise en place de

stages de soutien pendant les vacances scolaires afin

d’éviter le redoublement.