dans la classe de leur enfant car il n’a
pas été encore abordé.
« C’est prévu
pour la rentrée après les vacances de la
Toussaint »
, précise Céline, maman
d’Apolline, élève de CM2 à Bourg la
Reine (92).
Pour Laurent Grandmontagne, ensei-
gnant de CM1/CM2 à l’école Lagrâce-
Dieu (31), l’EMC est loin d’être un cours
de morale comme ceux qui ont survécu
jusqu’aux années 60 et qui consistaient
souvent en la lecture et l'analyse d'une
fable ou d'un conte dont la « morale » est
ensuite écrite au tableau et recopiée par
les élèves. C’est sur la base d’une discus-
sion que naît le règlement de la classe.
« On attend d’avoir quelques soucis dans
la vie de la classe, comme trop d’élèves
qui se lèvent pour prendre un mouchoir,
des chaises qui font du bruit, qui les amè-
nent à chercher des solutions. C’est eux
qui ressentent le besoin d’un règlement. »
Pour cet enseignant expérimenté qui a
vécu quelques années auparavant dans
les cités, la période post attentats de
Paris a été dure à vivre.
« J’ai trouvé ça
triste de voir des jeunes qui se disaient
« pas Charlie » et qui ne voulaient pas
participer. Ce sont des jeunes qui se sen-
tent abandonnés par la République. »
« Nous exigeons de la politesse »
Pour sensibiliser à ces valeurs du « vivre
ensemble » et faire connaître les institu-
tions de la France, rien de tel que
« des
débats sur les religions mais aussi pour
régler un problème d’agression dans la
cour, des moqueries à cause de lunettes
,
reprend Laurent Grandmontagne.
Nous
faisons même des débats philosophi-
ques : pourquoi trouve-t-on une
chose belle ? Peut-on vivre sans mentir ?
Pour discuter des institutions, nous travail-
lons sur l’élection, on se pose la question
de « comment on fabrique une loi ? ».
Dans ce cas, il s’agit plus de cours
comme sur le fonctionnement de la
sécurité sociale. Il est aussi important de
rappeler que les propos racistes et antisé-
mites ne sont pas de simples avis mais des
délits et j’encourage les enfants à trans-
mettre le message à leurs parents. »
Pour faire exister ces valeurs, cette petite
école de campagne fonctionne sur la
base même de ces valeurs de tolérance,
de respect…
« Par exemple, nous exi-
geons de la politesse, les élèves se lèvent
quand un adulte entre dans la classe. Et
à partir du CM2 nous instaurons le vou-
voiement. En ce moment d’ailleurs c’est
une période de transition, 90 % des élè-
ves de ma classe l’ont intégré. Pour les
autres, il s’agit d’une erreur et non d’une
provocation »,
se réjouit l’enseignant de
Lagrâce-Dieu.
Pour faire exister aux yeux des élèves
cette vie riche de valeurs, rien de tel que
les exemples concrets. C’est pourquoi
Laurent Grandmontagne va accueillir
dans sa classe une femme correspon-
dante de l’association La chaîne de l’es-
poir qui, entre autres, permet de soigner,
en France ou à l’étranger, des enfants
qui ne peuvent l’être dans leur pays d’ori-
gine faute de moyens techniques ou
financiers. Loin d’une morale « moraliste »
à ingérer, il faut donner à voir, à com-
prendre, à questionner ces valeurs que
nous leur demandons d’appliquer dans
leur quotidien. L’EMC n’est pas un mot
magique qu’il suffirait de prononcer pour
instaurer de la liberté, de l’égalité et de la
fraternité. Aux adultes aussi, parents en
premier, de montrer l’exemple.
n
JNV
EDUCATION
VIE SCOLAIRE
numéro 388 - Novembre-décembre 2015 -
www.peep.asso.fr6
Lutter contre les stéréotypes sexistes
Dans la fiche ressource à la disposition des
enseignants intitulée « les discriminations sexistes,
travail sur les stéréotypes » à destination des élèves
de 3
e
, l’un des exercices consiste à indiquer les
caractéristiques masculines / féminines de
personnages réels ou de fiction.
Exemples : Billy Elliot, jeune danseur, Laurence
Parisot, chef d’entreprise ou Angela Merkel, chef de
gouvernement. Si l’exercice perpétue pour certains
des clichés sexistes et a soulevé une mini polémique,
le ministère a tenu à rappeler que l’unique objectif
de cet exercice est « de mettre en évidence cette
vision très « stéréotypée » des hommes et des femmes
et de la nuancer ». Place au débat.
L’enseignement de l’hymne national, qui figure dans le nouveau programme d’EMC en
primaire dévoilé en juin, était déjà donné aux élèves au cours de l’année de CM1.