Concernant respectivement 3,5 % et 4,5 % des enfants, les cas d’obésité et de
surpoids n’ont cessé de progresser ces dernières années. Entre dépistage et
prise en charge, la prévention de l'obésité infantile est une priorité sanitaire.
MAGAZINE
SANTÉ
numéro 381 - Mai-juin-juillet 2014 -
www.peep.asso.fr28
Le surpoids chez l'enfant,
un défi de taille
P
our l'OMS (Organisation mon-
diale de la santé), il ne fait au-
cun doute que l’obésité des en-
fants constitue l’un des plus
grands défis pour la santé publique au
21
e
siècle. En France, la prévalence de
l'obésité et du surpoids chez les enfants
et les adolescents a fortement aug-
menté entre les années 1980 et 2000. No-
tre changement de mode de vie
comme l'augmentation du nombre de
voitures, de supermarchés ou de réfrigé-
rateurs a eu des répercussions sur notre
sédentarisation et notre mode d'alimen-
tation. L'obésité est donc multifactorielle
car son développement repose sur des
facteurs biologiques, comportementaux
et environnementaux.
On considère aujourd'hui que c'est plus
l'interaction entre ces facteurs et non un
seul d'entre eux, qui va entraîner l'appa-
rition de l'obésité. Ainsi, en 2006, 18 % des
enfants âgés de 3 à 17 ans (16 % des
garçons et 19 % des filles) étaient consi-
dérés en surpoids ou obèses. Cepen-
dant, une stabilisation de cette préva-
lence a été récemment observée chez
les enfants de 5-6 ans entre 2000 et 2005
(Drees, 2010). Les données traduisent
aussi de fortes inégalités sociales et une
plus forte prévalence de l'obésité dans
les familles modestes.
De bonnes résolutions, pour toute
la famille !
La Haute Autorité de Santé, dans ses re-
commandations de bonnes pratiques
aux professionnels, rappelle l'importance
d'un suivi de l'IMC et de la courbe de
poids chez l'enfant et l'adolescent. De
plus, elle souligne également qu'il n'y a
aucun argument pour inciter un patient
en simple surpoids stable et « sans co-
morbidité associée » à perdre du poids,
mais qu’il est important de prévenir une
prise de poids supplémentaire. En effet,
le but principal est de stabiliser ou de ra-
lentir la prise de poids tout en assurant
un développement normal. A noter que
lors de la croissance, un enfant prend
environ 3 kg par année.
Dans le cas d'un enfant en surpoids, l'ob-
jectif n'est pas de perdre du poids, mais
de continuer à grandir tout en gardant
le même poids pendant un certain
temps. Ainsi, il ne maigrit pas mais il s'af-
fine. Mais cette prise en charge doit s'ins-
crire dans la durée et impliquer toute la
famille. Les parents jouent un rôle déter-
minant sur le comportement des enfants
ainsi que sur l'environnement à la maison.
Si les changements prennent du temps, il
est recommandé de choisir un ou deux
objectifs, à la fois réalistes et qui peuvent
être maintenus sur le long terme.
Médecins généralistes, pédiatres, nutri-
tionnistes… Les parents peuvent bien en-
tendu se faire aider de professionnels de
santé pour prévenir et résoudre les pro-
blèmes de surpoids concernant leur en-
fant : nouvelles habitudes alimentaires,
pratique sportive. En résumé, « Manger,
bouger », le slogan – très médiatisé – du
programme national nutrition santé
(www.mangerbouger.fr/pnns) !
n
Dr Bogna Gehanno,
pédiatre et coordinatrice médicale du Repop-HN (Réseau de Prévention et Prise en Charge
de l'Obésité Pédiatrique de Haute-Normandie -
www.reseaux-perinat-hn.com)
« Si on ne fait rien, en 2025, 25 % des enfants 0 à 16 ans
seront obèses ou en surpoids d'où la création du réseau
Repop il y a 10 ans. Si le dépistage peut être fait par
l'enseignant, l'infirmière scolaire ou le médecin scolaire,
l'annonce du diagnostic à l'enfant et ses parents nécessite
énormément de tact. Il faut impérativement intégrer que
l'obésité est une maladie et être empathique et valorisant
avec ces jeunes malades et leurs parents. Certains enfants
en consultation souffrent plus des moqueries que des
contraintes physiques liées à la maladie. »
« Être empathique et valorisant avec ces jeunes malades »