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Grand Témoin

Béatrice Gaultier

En quoi est-ce le rôle de l’Education nationale de prendre en

charge la santé des élèves ?

L’adolescence est une période compliquée pendant

laquelle émergent des difficultés ponctuelles ou durables.

C’est l’âge où les jeunes se détachent de leurs parents et se

posent beaucoup de questions sur eux-mêmes et sur le

monde qui les entoure. Il est indispensable que l’on prenne le

temps de les écouter et qu’on apporte des réponses précises

à leurs questions. 80 % des élèves qui vont voir l’infirmière

n’ont pas de souci médical. Mais il est nécessaire d’être là où

se trouvent les jeunes pour faire de la prévention et résoudre

le plus tôt possible les problèmes susceptibles de perturber

leur scolarité afin d’éviter qu’ils n’empirent. Nous faisons aussi

le lien avec la famille. Avec l’accord du jeune, nous pouvons

être amenées à rencontrer les parents pour les aider à abor-

der certains sujets avec leur enfant.

En quoi, d’après vous, les infirmières scolaires sont-elles les

mieux placées pour résoudre à ces problèmes ?

Les infirmières sont des professionnelles de santé. Elles savent

analyser la situation des élèves qu’elles accueillent à l’infir-

merie. Selon les cas, elles les suivent elles-mêmes ou les diri-

gent vers l’équipe éducative, un médecin, l’assistante

sociale voire des partenaires extérieurs... Les infirmières ont

aussi un rôle de conseil auprès du chef d’établissement en

matière de santé des élèves et participent aux réunions de

suivi au sein de l’équipe éducative sans jamais trahir le secret

professionnel. Les adolescents ne parlent pas de certaines

choses avec leurs parents. Ils ne se voient pas non plus

confier leurs états d’âme à un enseignant ou au conseiller

principal d’éducation. L’infirmière garantit, grâce à la régle-

mentation de sa profession, la possibilité de recueillir la confi-

dence et de construire un lien de confiance indispensable

pour le soin.

Les infirmières scolaires ont-elles les moyens d’assurer cette

mission ?

Il arrive encore trop souvent que, faute de poste, une infir-

mière ne soit pas suffisamment présente sur un établissement,

ce qui ne permet pas de prendre en charge des demandes

d’élèves au bon moment et d’apporter les réponses adap-

tées. Néanmoins, les gouvernants ont toujours eu conscience,

jusqu’ici, du rôle des infirmières de l’Education nationale. Ce

n’est pas un hasard si, dans un contexte délicat, leur nombre

a augmenté et que l’on compte aujourd’hui 7 500 infirmières

scolaires pour 8 000 collèges et lycées et 55 000 écoles publi-

ques. Pour autant, nous nous interrogeons sur l’avenir de la

politique éducative et nous nous inquiétons du devenir de la

santé à l’école. Les statistiques que nous faisons remonter

chaque année ne sont pas analysées et la renégociation en

cours des métiers de l’éducation nous inquiète. Elle doit,

selon nous, conforter la politique de santé des élèves au ser-

vice des objectifs de l’école. Il y a en effet un vrai besoin.

Chaque année, on comptabilise 15 millions de passages

dans les infirmeries des établissements scolaires.

Béatrice Gaultier

est

secrétaire

générale

du

Syndicat national

des infirmier(e)s

conseiller(e)s de

santé (SNICS).

DOSSIER

LA SANTÉ À L’ÉCOLE

www.peep.asso.fr

- numéro 380 - Mars-avril 2014

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Béatrice Gaultier est infirmière de l’Education nationale depuis 21 ans. Auparavant, elle a exercé en

milieu hospitalier et pour la médecine du travail dans une entreprise privée. Ses 11 années d’affectation

dans un gros internat de Rennes (35) lui ont permis de comprendre le lien spécifique qui unit l’infirmière

aux élèves et à l’équipe éducative. Elle travaille aujourd’hui dans un lycée péri-urbain de 800 élèves à

Monfort-sur-Meu en Ille-et-Vilaine.

« Les réformes à venir

nous inquiètent »