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sans que la taille des portions ne soit

réduite ! Au final, le montant moyen fac-

turé aux familles est resté raisonnable

(3,13 euros par repas) et l’impact de l’in-

troduction du bio sur le budget de la

commune a été quasiment nul.

Une filière qui s’organise

Autre difficulté à laquelle sont confrontés

les gestionnaires de cantines qui veulent

passer au bio : l’approvisionnement.

Dénicher aux alentours de l’établisse-

ment des producteurs labellisés bio

capables de répondre à des comman-

des importantes n’est pas toujours une

mince affaire. Et quand ils en trouvent, ils

doivent contracter avec chacun d’entre

eux indépendamment. Mais sur ce point

aussi, les choses sont en train de chan-

ger. La filière bio s’organise.

« Nous avons

créé des groupements bio dans presque

tous les départements. Les gestionnaires

de restauration collective peuvent

s’adresser à eux pour connaître les capa-

cités d’approvisionnement en bio sur leur

territoire et limiter le nombre d’interlocu-

teurs,

explique Stéphanie Pageot, éle-

veuse en Loire-Atlantique et présidente

de la Fédération nationale d’agriculture

biologique (FNAB).

Nous organisons aussi

des rencontres entre les gestionnaires de

cantine et les producteurs de manière à

ce qu’un dialogue s’installe entre eux et

que chacun prenne conscience des

contraintes de l’autre »

.

Le retour aux produits de saison

Autre écueil : l’introduction du bio dans

les menus implique souvent des change-

ments au niveau de l’organisation du ser-

vice. Par exemple, les gestionnaires de

cantine doivent apprendre

à anticiper les commandes

plusieurs mois à l’avance de

manière à laisser le temps

aux maraîchers de produire

la quantité de légumes

demandée. Quant aux cuisi-

niers et à leurs équipes, ils

doivent parfois se remettre à

peler les pommes de terre, à

émincer les carottes, à éplu-

cher les salades et ne plus se

contenter de réchauffer des

plats préparés à l’avance. Ils

doivent réapprendre à avoir

recours aux produits de saison, mais aussi

trouver des recettes originales pour faire

manger aux enfants certains légumes

qui d’ordinaire ont peu de succès,

comme les topinambours ou les choux-

fleurs. Pour réussir ce tour de force, les

cantines doivent faire preuve de péda-

gogie. Certaines ont mis en place des

ateliers d’initiation au goût, d’autres font

tester différentes recettes aux élèves et

leur demandent de choisir celle qu’ils

préfèrent, d’autres encore emmènent

EDUCATION

ZOOM

www.peep.asso.fr

- numéro 392 - Août-septembre-octobre 2016

5

c’est maintenant ?

(suite page 6)

« La caisse des écoles du quatrième arrondissement de Paris

vient de lancer ses 5 cuisines dans la démarche Mon Restau

Responsable. Le diagnostic a été réalisé il y a quelques mois

et la séance publique d’engagement se tiendra en octobre.

Dans un premier temps, nous nous fixerons comme objectifs

l’achat d’équipements moins énergivores et l’introduction

dans les menus de 40 % d’aliments bio et labellisés d’ici la fin

de l’année, contre 35 % aujourd’hui. Ce qui me plaît dans

cette démarche, c’est qu’elle tient compte de nos contraintes,

qu’elles soient financières ou organisationnelles. Elle nous

permet ainsi d’harmoniser notre déploiement avec le plan

alimentation durable de la ville de Paris qui prévoit 50 % de

bio et labels d’ici 2020. Elle nous offre la liberté de faire ce

que j’appelle du bio « intelligent », à savoir l’achat de produits

locaux et de saison plutôt que du bio venant de très loin. Elle

tient compte aussi des difficultés d’approvisionnement liées à

notre situation au centre de Paris, comme le fait qu’aucun

boulanger du 4

e

arrondissement ne soit en mesure de nous

approvisionner en pain, non pas pour des questions de

fabrication, mais parce qu’ils ne peuvent pas nous livrer. »

« Avec Mon Restau Responsable, nous allons avancer à

notre rythme »

Virginie Duchesne,

directrice de la caisse des écoles de Paris 4, qui sert 2.000 repas par jour