« Le ciel
attendra »
Dans ce film, la réalisatrice
des Héritiers, qui se passait
déjà en milieu scolaire,
s'attache à étudier les
changements psychologiques
des adolescentes que des
éléments extérieurs, tel
qu'internet, peuvent
entraîner vers le pire. Elle dresse le portrait de deux jeunes
filles : Mélanie, 16 ans, qui vit avec sa mère. Au départ, c'est une
jeune fille comme les autres. Elle aime ses amies, aller au lycée
et jouer du violoncelle. C'est une idéaliste qui aimerait que le
monde change. Un jour, elle « rencontre » un garçon sur
internet, qu'elle voit comme son « prince charmant ». En réalité,
elle va peu à peu se faire embrigader par des intégristes de
Daech jusqu’à l’inconcevable. Sa mère ne s'aperçoit de rien.
L'histoire tente de comprendre ce qui se passe dans la tête de
son héroïne, pour en être arrivée là. L'autre personnage
principal est Sonia, 17 ans, vivant avec ses deux parents et sa
petite sœur, elle aussi endoctrinée et sur le point de commettre
un acte terrible…
Qu’est-ce qui pousse des jeunes apparemment sans problème à
partir faire le djihad ou, pire, à commettre un attentat sur le sol
français ? Le nombre de jeunes filles signalées en France pour
radicalisation n’a cessé d’augmenter. Elles seraient aujourd’hui
au nombre de 867 dont 218 à avoir rejoint la Syrie (selon Le
Monde du 3 mars 2016). Elles sont de toutes origines et tous
milieux sociaux dont une moitié de converties.
Le film essaye de montrer le processus de cet embrigadement
mais ne donne évidemment pas de réponse à ce phénomène
(crise d’adolescence ? Jeunes filles particulièrement fragiles ?
Etc.) qui nous laisse tous sidérés de voir qu’en quelques
semaines, une adolescente peut basculer vers l’horreur sans que
sa famille, qui se trouve dans la pièce à côté, ne s’en aperçoive.
n
MT
« Le ciel attendra », de Marie-Castille
Mention-Schaar, avec Noémie
Merlant, Naomi Amarger, Sandrine
Bonnaire, Clotilde Courau, Zinedine
Soualem, Yvan Attal et la contribu-
tion, dans son propre rôle, de Dounia
Bouzar (anthropologue, directrice du
CPDSI, Centre de prévention, de déra-
dicalisation et de suivi individuel).
Sortie en salles le 5 octobre 2016.
CINÉMA
Guy Ferrandis