DOSSIER
BIEN S’INFORMER POUR BIEN S’ORIENTER
numéro 389 - Janvier-février 2016 -
www.peep.asso.fr24
Eric Delteil,
conseiller d'orientation-psychologue et directeur du CIO
(centre d’information et d’orientation) d'Orthez (64)
Avec les nouvelles technologies, les élèves et leurs
parents disposent d'une grande quantité d'informa-
tions factuelles sur les études et les métiers. Que
pouvez-vous leur apporter de plus ?
Il est vrai qu’avec internet notamment, on dispose au-
jourd’hui plus facilement d’informations sur les parcours
d’études, les métiers. Néanmoins tous ne se valent pas. Un
site est à privilégier :
monorientationenligne.fr. Il dépend
de l’Onisep, il est donc fiable et permet d’entrer en contact
avec des conseillers bien formés. Quant à nous, au sein
des centres d’information et d’orientation, comme dans
les établissements scolaires, nous apportons une plus-va-
lue dans le sens où notre objectif est d’aider le jeune à
construire son parcours scolaire et professionnel jusqu’à
l’aider à hiérarchiser les choix émis, de travailler avec
l’élève sur l’objectivation.
C’est-à-dire concrètement ?
Je vais vous prendre l’exemple d’une jeune fille qui est ve-
nue me voir récemment. Elle avait plusieurs idées en tête :
la coiffure, l’élevage canin… et la cuisine ! Je l’ai d’abord
interrogée sur ses réelles motivations : le pourquoi de ces
choix, ensuite s’est-elle rendue à des journées portes ou-
vertes dans des établissements qui proposent les forma-
tions vers les métiers qu’elle envisage, a-t-elle rencontré
des professionnels de ces secteurs, etc. Mon rôle est en-
suite de l’informer sur la portée de certains choix d’orien-
tation. Ainsi, opter pour la coiffure, cela signifiait qu’elle
devait suivre une formation loin de chez elle, donc en in-
ternat… Etait-elle prête à quitter le domicile familial ? Des
critères personnels qu’il faut prendre en compte.
Prenez-vous aussi en compte d’autres critères pour
aider au mieux les jeunes qui vous sollicitent, à
s’orienter ?
Bien sûr, nous devons aussi tenir compte des débouchés
professionnels. Même si ce critère reste assez aléatoire
car la vision statistique / chiffrée que nous avons est sou-
vent sur le court terme, donc il faut être prudent. Enfin, les
résultats scolaires sont également un critère à ne pas né-
gliger, car tout projet doit être en cohérence avec les exi-
gences scolaires demandées. C’est notamment le cas pour
des filières de formation qui ont des critères de sélection
élevés.
Justement,
quand
l'envie d’un jeune de
se diriger vers un mé-
tier précis se heurte à des résultats scolaires visible-
ment insuffisants, quels conseils lui donnez-vous ?
On doit tenir un langage de vérité. En revanche, on ne dira
jamais « tu ne seras pas ci, ou tu ne seras jamais ça ». Nous
n’avons pas à interdire quoi que ce soit. Mon expérience
m’a bien montré que tous les parcours sont possibles. J’ai
l’exemple d’une personne qui a commencé par un CAP de
carrossier, qui a poursuivi par une formation de technicien
forestier et qui est aujourd’hui… kinésithérapeute.
Après la 3
e
se pose la première grande question sur
l’orientation : la voie pro ou la voie générale et tech-
nologique. Pour certains, ce choix est difficile…
En effet, mais il ne faut jamais oublier que rien n’est défini-
tif, dans les deux sens. Ainsi, il existe par exemple la pos-
sibilité pour un lycéen de la voie générale de suivre une
formation professionnelle diplômante en un an après son
bac, comme il est possible d’intégrer une première profes-
sionnelle dans certaines conditions après une seconde gé-
nérale. J’ai remarqué aussi que beaucoup connaissent mal
les nouvelles filières technologiques, elles ont été moder-
nisées et peuvent convenir à un grand nombre de jeunes.
Quant à la voie professionnelle, ce peut être aussi un bon
choix, en choisissant un bac Professionnel ou un CAP,
mais j’informe aussi l’élève que dans le cadre de certains
CAP, par exemple, ce ne sera plus l’école telle qu’il l’a
connue, il signera un contrat de travail, c’est un contrat
d’apprentissage ou un contrat de professionnalisation, que
celui-ci peut être rompu lors de la période d’essai, etc.
Les parents sont eux-mêmes souvent désorientés
face aux questions d'orientation concernant leur en-
fant. Quels conseils leur donneriez-vous ?
Premier conseil, valable pour les parents comme pour les
enfants, être curieux. A partir des questionnements, cher-
chez les informations. Et ensuite, se poser la question
« qu’est-ce qu’on en fait ? ». Nous sommes justement là
pour répondre à leurs interrogations. Nous recevons tous
les publics. Il ne faut pas que les parents hésitent à pren-
dre rendez-vous avec leur enfant pour rencontrer un
conseiller d’orientation !
« Notre but : objectiver les choix
d’orientation »