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Que signifie le fait que cette année soit placée sous le signe

du sport à l’école ?

La signature de cette convention est le fruit de l’objectif com-

mun que nous avons avec Najat Vallaud-Belkacem de favori-

ser la pratique sportive à l’école, qui est un plus pour la com-

munauté éducative. Le sport à l’école enseigne la culture des

règles, l’esprit de compétition, l’émancipation et c’est le

moyen de sensibiliser les jeunes à la pratique sportive en club

ou en association. Et si on veut que les jeunes s’y intéressent, il

faut les faire pratiquer. Il y a certes, parmi les 17 millions de

licenciés en France, environ un sur deux qui a vingt ans ou

moins, alors que cette tranche d’âge ne correspond qu’à 25 %

de la population.

De plus, il y a 2,7 millions de jeunes licenciés dans l’environne-

ment scolaire, à travers les trois associations. Mais nous avons

une interrogation : pourquoi beaucoup de jeunes sont licen-

ciés entre 7 et 13 ans et disparaissent des clubs à partir de 14

ans, et, qui plus est, pourquoi ce sont souvent des filles de

quartiers populaires ?

Avez-vous trouvé la réponse et comment remédier à cela ?

C’est un véritable sujet de société. Quand une fille atteint

l’âge de devenir une femme, elle se dit que, pour plusieurs rai-

sons, et pas uniquement confessionnelles comme on peut par-

fois l’entendre, elle n’a plus tout à fait sa place dans les clubs.

Or, le sport est un élément essentiel d’émancipation dans ces

quartiers. Une des réponses apportées a été la division par

deux du prix de la licence UNSS dans les établissements priori-

taires, car le prix peut être un frein.

Lorsque j’étais président du conseil général du Nord, j’avais

mis en place le « Pass’Sport 59 » : tous les enfants qui entraient

en 6

e

se voyaient, à hauteur de 50 euros, prendre en charge

une partie de leur licence sportive, et ce sans critère de res-

sources. Avec Najat Vallaud-Belkacem, on n’accepte pas que

l’argent soit un frein à l’entrée dans un club, car la pratique en

club structure les jeunes. Je crois aux valeurs républicaines du

sport. On a d’ailleurs mis en place le « Plan citoyen du sport »

(lire ci-contre) qui est inscrit dans le budget 2016 pour environ

12 millions d’euros. De plus, les nouveaux rythmes éducatifs

vont créer des besoins en pratique sportive, et des emplois

d’éducateurs sportifs. C’est une véritable politique volontariste

autour du sport.

Pourtant, il manque beaucoup, notamment dans les petites vil-

les rurales, d’installations sportives et, alors que l’Etat insiste sur

la nécessité pour les jeunes de savoir nager, il diminue ses

subventions aux communes, qui gèrent les piscines. N’est-ce

pas contradictoire avec cette « politique volontariste » ?

Je connais cet argument. Les collectivités territoriales doivent

participer à l’effort global de réduction des déficits publics. Il

faut alors prioriser les politiques publiques. Le 10 octobre der-

nier, j’ai inauguré la piscine de Clichy-sous-Bois, qui était une

ville de 70 000 habitants qui n’avait pas de piscine. C’est le

département qui a tout financé. Quand un élu a moins de

moyens, il y a des choix à faire, et je crois que privilégier les

choix en direction des enfants est essentiel. Mais on ne peut

pas forcer les maires à faire ce choix…

On a par ailleurs mis en place un plan de développement des

piscines dans les quartiers prioritaires, car on ne peut pas

numéro 388 - Novembre-décembre 2015 -

www.peep.asso.fr

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Grand Témoin

Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et

« Ce que l’on n’investit pas dans

on le paie plus tard en réparati

Annoncé en mars dernier dans le cadre du projet

« La République en actes », le plan « Citoyens du

sport », d’un budget d’environ 12 millions d’euros,

vise en particulier, selon le ministère des Sports,

« à développer la pratique du sport dans les quar-

tiers populaires ». Concrètement, ce plan devrait

permettre notamment :

- La création de 400 emplois supplémentaires

d’éducatrices et éducateurs sportifs dans les quar-

tiers de la politique de la ville

- La formation de 1500 jeunes aux métiers du sport

en 3 ans

- La formation de bénévoles et salariés de fédéra-

tions aux valeurs citoyennes

- Le développement du programme « J’apprends à

nager »

- Le lancement d’une campagne de communication

contre toutes les formes de discrimination dans le

sport, qu’elles soient basées sur l’origine, le sexe,

l’orientation sexuelle ou le handicap.

Le plan « Citoyens du sport »