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tion. » « Il y avait des abandons de pro-

cédure et on perdait des maîtres de

stage »

renchérit Joëlle Guyot, adjointe

au sous-directeur des politiques de for-

mation et d'éducation à la direction

générale de l'enseignement et de la

recherche au ministère de l'Agriculture.

Désormais, la venue d’un inspecteur du

travail n’est plus nécessaire. Le maître de

stage ou le chef d’entreprise employant

un apprenti doit uniquement déclarer à

l’inspection du travail les tâches soumises

à dérogation qu’il compte faire exécuter

au jeune.

« Le document comporte des

informations sur le jeune, son avis médi-

cal et la formation sécurité qu’il a suivie »

précise Irène Guillaume. Cette déclara-

tion doit se faire au plus tard huit jours

avant le début de la période de travail

pour que, si besoin est, l’inspecteur du

travail vienne réaliser les vérifications.

Ce changement de réglementation a

ainsi pour objectif de lever des freins à

l’embauche de jeunes travailleurs et, en

particulier,

d’atteindre

l’objectif

annoncé du gouvernement des 500 000

apprentis d’ici 2017 – ils étaient 423 000

en 2014.

« Un risque que les entreprises ne

jouent pas le jeu »

Toutefois, cet assouplissement des règles

de sécurité fait craindre une diminution

de la sécurité des jeunes.

« L’employeur

va déclarer ce qu’il voudra déclarer »

estime ainsi Jérôme Dammerey, secré-

taire général du SNUEP-FSU, syndicat

d’enseignants de la voie professionnelle.

« Il y a un risque que les entreprises ne

jouent pas le jeu »

ajoute Olivier Bleuven.

Les regards se tournent essentiellement

vers les petites entreprises.

« Les grandes

entreprises agissent dans les règles,

pour-

suit Olivier Bleuven.

Elles ont des services

juridiques, de ressources humaines, qui

mettent tout en œuvre pour recevoir les

jeunes. Elles ont les moyens de les former.

Le problème, ce sont les petites structu-

res qui n’en ont ni le temps ni les

moyens. »

Ainsi, Cyril Blot, élève de 16 ans en Bac

pro Travaux publics au lycée Martin

Nadaud de Saint-Pierre-des-Corps, a

déjà connu quelques frayeurs.

« Sur un

chantier lors d’un précédent stage dans

une petite entreprise, on m’a fait

conduire de gros engins, un peu du jour

au lendemain. J’avoue que j’ai eu un

peu peur… »

« Ce qu’il se passe, c’est qu’on simplifie

« On m’a fait conduire de gros engins, un peu du

jour au lendemain… », confesse Cyril Blot, élève

de 16 ans en Bac pro Travaux publics.

EDUCATION

ZOOM

www.peep.asso.fr

- numéro 387 - Août-septembre-octobre 2015

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gles de sécurité plus souples

(suite page 6)

« L’ancien texte était inapplicable : il conduisait à une visite

automatique d’un inspecteur du travail en cas de demande de

dérogation. Cela avait deux conséquences. Comme les

inspecteurs n’étaient pas assez nombreux, il y avait de très

longs délais d’attente. Puis, certaines entreprises ne

prenaient plus de jeunes pour ne pas risquer une visite d’un

inspecteur. Le décret a assoupli les règles de sécurité qui

étaient parfois absurdes : un élève en CAP cuisine ne pouvait

pas, par exemple, utiliser un robot-mixeur… Le législateur

avait décidé d’interdire tout pour s’enlever toute

responsabilité. Le problème est que, désormais, on doit se

contenter de ce que le patron déclare. Cela peut poser

problème pour le travail en hauteur

par exemple : dans le bâtiment, pour

monter au-delà de cinq mètres,

l’employé doit être titulaire d’un

certificat. Or, c’est à l’entreprise de le former à cela, mais ça

coûte du temps et de l’argent et, désormais, l’inspection du

travail n’aura plus les moyens de vérifier. Charge, en cas

d’accident, à l’employeur de justifier tout cela… On demande

parfois aux établissements de faire ces formations, mais on

n’a pas le temps. On ne peut pas supprimer les cours

d’enseignement généraux, ou alors il faudrait réduire la durée

des stages et augmenter la présence en établissement. »

« Des règles de sécurité parfois absurdes »

Nicolas Duveau,

enseignant d’électrotechnique au lycée professionnel Auguste-Perdonnet,

à Thorigny-sur-Marne