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vérité et la liberté). Ensuite, il existe un

nombre plus ou moins important de

notions à étudier selon la série choisie :

de 14 notions pour les scientifiques à 23

notions pour les littéraires.

Et c’est bien là que l’enseignement de la

philosophie a connu son principal

tournant pédagogique. Comme le

raconte Simon Perrier,

« le début des

années 70 a sonné la rupture avec un

enseignement de connaissances en

philosophie sous une forme dogmati-

que où l’on attendait, par exemple,

des élèves qu’ils sachent par cœur

comment Descartes fait la preuve de

l’existence de Dieu. Cette épreuve

technique était liée à un bac très éli-

tiste (15-20 % de réussite au bac à

cette époque) qui voulait former de

futurs étudiants en philosophie. »

C’est en 1973 qu’apparaît ainsi le

programme par notions balayant

toutes les philosophies et évitant

toute forme d’endoctrinement.

« Au

19

e

siècle on n’enseignait qu’un cer-

tain type de philosophie, celle dont

on tenait à ce qu’elle soit celle des

élites,

reprend le président de l’APPEP.

Aujourd’hui, on ne dit pas aux profes-

seurs

« vous serez plutôt platonicien que

kantien », on leur laisse le choix des

auteurs pour traiter les notions choisies.

Et on leur laisse ainsi la possibilité, pour

traiter les notions, de mettre les élèves

devant le plus possible d’orientations

afin de choisir un angle de traitement. »

Une pratique innovante

Une liberté que Damien Theillier, profes-

seur de philosophie depuis 15 ans, a

exploité au point de modifier sa

méthode d’enseignement

(1)

il y a 10

ans. Face à la désillusion observée

chez certains de ses élèves ne com-

prenant pas ce qu’on attendait

d’eux à l’examen et qui les condui-

sait inexorablement à un désamour

de la philosophie, il a fait le choix

d’un enseignement qui a radicale-

ment transformé sa pratique et ses

résultats.

« Sans renoncer au pro-

gramme de notions, ce qui n’aurait

Pour l’écrivain François-Xavier Bellamy,

« La recherche de la vérité est le pre-

mier principe qui fonde toute la philo-

sophie et cela suppose rigueur, exi-

gence intellectuelle et humilité. »

EDUCATION

VIE SCOLAIRE

losophez !

François-Xavier Bellamy,

agrégé de philosophie et écrivain

(Les déshérités ou l’urgence de transmettre, Plon)

Pourquoi est-il important de philosopher en

terminale ?

C’est une chance pour les élèves de notre pays d’avoir

l’occasion de rencontrer la philosophie sur des

questions que chacun se pose. Et chacune de ces

questions est susceptible de faire grandir leur liberté.

Nous vivons dans un temps qui se raccourcit avec la

tentation permanente de l’immédiateté, or, en trouvant

la distance par rapport à nous-mêmes c’est là que naît

la liberté.

La philosophie est faite pour tous et parle à tous. La

recherche de la vérité est le premier principe qui fonde

toute la philosophie et cela suppose rigueur, exigence

intellectuelle et humilité. Et on ne va pas chercher la

vérité si l’on est sûr de soi. En se mettant à l’école des

autres c’est là que l’on grandit.

Faudrait-il élargir son enseignement à d’autres

classes ?

J’ai eu l’occasion d’en faire avec des petits de CE1 et

CM1 et si l’appétit pour la question est chez eux

naturel, l’approfondissement est plus difficile. Plus

urgent et nécessaire que d’étendre l’enseignement de la

philosophie aux élèves de 1

re

, il faut le mettre en place

en terminale professionnelle et participer ainsi à sa

revalorisation.

« La philosophie est faite pour tous

et parle à tous »

5

(suite page 6)

www.peep.asso.fr

- numéro 384 - Janvier-février 2015