Grand Témoin
Florence Robine,
Directrice générale de l’enseignement scolaire (DGESCO)
La Voix des parents : Les parents ont-ils raison d’être inquiets
de la mise en place des nouveaux rythmes scolaires à la ren-
trée ?
Florence Robine : Le ministre a été très clair sur le fait que 100 %
des communes appliqueront les nouveaux horaires à partir de
la rentrée. Et ce pour une bonne raison : ce sont les recteurs
d’académie, et pas les maires, qui fixent les horaires d’école,
conformément à la loi sur la refondation de l’école. Les maires
sont tenus de mettre à leur disposition les moyens nécessaires.
Il est aussi de leur responsabilité de mettre en place des activi-
tés péri-éducatives après les cours. Il se peut que certains ne le
fassent pas. Je le regrette. Heureusement, dans la très grande
majorité des cas, la nouvelle organisation a été mise en place
de manière concertée avec les communes. Il peut y avoir des
blocages ici ou là, mais j’ai bon espoir que, d’ici la rentrée,
l’esprit de responsabilité reprenne le dessus. Il en va de l’ave-
nir de nos enfants. C’est pour prendre en compte leur rythme
plutôt que celui des adultes que cette réforme est menée.
VDP : Plusieurs études montrent que le niveau des élèves ne
cesse de faiblir. Qu’allez-vous mettre en œuvre pour inverser
cette tendance ?
F.R. : Il est grand temps de s’occuper des contenus. Le travail
de refonte des programmes de l’école élémentaire, de la
maternelle et du collège a déjà débuté. Il aboutira dans les
mois qui viennent. Nous devons mieux organiser l’enseigne-
ment et accompagner plus efficacement les élèves. La nou-
velle formation des enseignants va aussi porter ses fruits. Les
premiers stagiaires, qui vont arriver sur le terrain cette année,
vont bénéficier d’une formation à la fois théorique et pratique
et d’un meilleur accompagnement. La réforme de l’éducation
prioritaire est aussi un chantier formidable car elle donne des
moyens supplémentaires aux établissements et du temps de
concertation aux enseignants afin qu’ils mènent une réflexion
sur leurs pratiques. Il ne faut pas non plus avoir peur de modifier
la carte de l’éducation prioritaire. Nous allons nous y atteler.
VDP : La plupart de ces réformes ont été lancées avant votre
arrivée. La direction qui a été prise est-elle la bonne ?
F.R. : Si je suis là, c’est que je crois profondément en la réussite
de ce projet. Depuis le temps que je travaille dans l’éducation,
je connais les difficultés des écoles et des familles. Je sais ce
dont elles ont besoin. Je vais poursuivre le travail engagé tout
en y apportant mes propres convictions. C’est le cas en
matière d’évaluation par exemple. Comme le ministre, je sou-
haite la faire évoluer pour la rendre plus efficace et plus valo-
risante pour les élèves. Même si le processus est lent, l’école est
en train de changer. Il faut faire preuve de patience, de force
de conviction, d’ambition ainsi que d’une certaine souplesse
sans lâcher sur les objectifs.
DOSSIER
www.peep.asso.fr- numéro 382 - Août-septembre-octobre 2014
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Normalienne et agrégée de sciences physiques, Florence Robine est devenue inspectrice générale en
2004. Après avoir été successivement rectrice des académies de Guyane, de Rouen et de Créteil, elle a
été nommée directrice générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) le 7 mai dernier. C’est elle qui
est en charge d’élaborer la politique éducative et pédagogique et d’assurer la mise en œuvre des
programmes d’enseignement des écoles, des collèges, des lycées et des lycées professionnels. Agée de
55 ans, c’est la première femme à occuper ce poste.
« Je vais poursuivre le travail engagé tout
en y apportant mes propres convictions »