- numéro 382 - Août-septembre-octobre 2014
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lycée professionnel Pontarcher n'a pas
fait faire cette année de stages passe-
relles au sens strict, soit 4-5 jours en juillet
et août.
« Soit les élèves se réorientaient
dans des filières professionnelles pro-
ches, soit ils trouvaient trop compliqué
de rattraper le retard pris dans une
matière qu'ils n'avaient jamais étu-
diée. »
Ce fut le cas de Nassuhati Massoundi, 21
ans qui suite à deux échecs au bac ES
en Outre-mer et en France a décidé de
partir en terminale bac pro Secrétariat
dans ce lycée, mais le retard pris en
comptabilité ne pouvait se compenser
sur seulement quelques jours de stage.
« J'ai réalisé que ce serait difficile de
faire une bonne terminale sans connaî-
tre les bases. J'ai alors accepté de repar-
tir en 1
re
pour ne pas risquer de rater
mon bac une nouvelle fois. »
Un effort
payant car pour son proviseur Eric
Gurgey,
« elle s'est révélée être une
excellente élève qui va pouvoir repren-
dre son projet professionnel là où elle
l'avait abandonné »
.
Un dispositif souple et ouvert
Si la cible de ce dispositif reste en priorité
les élèves en classe de première géné-
rale ou technologique souhaitant chan-
ger de série, ou souhaitant passer dans
la voie professionnelle ou inversement,
ces stages peuvent également s'adres-
ser aux élèves de seconde souhaitant
s'orienter de la voie générale et techno-
logique vers la voie professionnelle ou
inversement. Et, de façon exception-
nelle, peuvent être concernés les élèves
des classes terminales de l'enseigne-
ment général et technologique comme
Nassuhati. Dans ce cas, les stages
devront avoir lieu dès les vacances de
Toussaint pour un changement d'orien-
tation le plus tôt possible dans l'année.
EDUCATION
VIE SCOLAIRE
Virginie Coupriaux,
enseignante en 1
re
et terminale (commerce et vente) et coordinatrice
tertiaire au lycée professionnel Pontarcher de Vesoul
Comment qualifieriez-vous votre expérience des
élèves « passerelles » ?
En moyenne j'en ai un à deux par classe sur un effectif
de 15 et dans la majorité des cas, ce dispositif
fonctionne car le projet est réfléchi et mûri. En
revanche si cette passerelle est pensée comme le
moyen pour l'élève en difficulté d'avoir plus facilement
son bac, c'est une erreur ! Le bac pro n'est pas plus
simple que le bac général ou technologique. Quand ils
arrivent des filières générale ou technologique, ils n'ont
pas la connaissance de l'entreprise ni de l'exigence des
stages. S'il n'y a pas à la base l'envie d'intégrer une
entreprise très tôt, cela s'avère très difficile pour eux.
Sur 3 ans de lycée, il y a 6 mois de stage ce qui implique
d'adhérer au fonctionnement d'une entreprise car elle
ne fera pas de cadeau.
Manque de motivation des élèves ou
défaut d'information ?
Il y a le manque d'information des élèves
et de leur famille mais aussi la représentation qu'ils se
font de la voie pro, qui est parfois totalement erronée.
Sur le papier, la passerelle vers la voie pro paraît simple
mais dès lors qu'ils ont l'obligation d'aller 35 h en
entreprise de manière assidue, les choses se
compliquent.
Les passerelles ne font pas de miracles mais il y a
heureusement des révélations pour ceux qui adhèrent à
la formation. Et, dans ce cas, c'est bénéfique pour la
classe de montrer que d'autres parcours sont
possibles et que ces élèves ont su rebondir après avoir
connu une situation compliquée en seconde ou en
première.
« Les passerelles ne font pas de miracles ! »
(suite page 14)
n :
quelle efficacité ?
Lors d’un stage passerelle, l’élève s’engage à
fournir un travail soutenu, notamment dans les
disciplines nouvelles pour lui.