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Gorge qui pique, crise d’éternuement, yeux rouges qui démangent… Le retour des beaux jours signe aussi la réappari-

tion des allergies printanières, qui touchent de plus en plus d’enfants. Comment mieux vivre avec les pollens ?

MAGAZINE

SANTÉ

numéro 396 - Mai-juin-juillet 2017 -

www.peep.asso.fr

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P

lus de 25 % des Français sont at-

teints de pollinose, communé-

ment appelée « rhume des

foins ». Si toutes les tranches

d’âge sont touchées, on note une pré-

dominance chez l’adolescent et le jeune

adulte. Et les allergologues reçoivent des

enfants de plus en plus jeunes :

« Il est

rare que les enfants soient allergiques

avant 5 ans,

temporise le Dr Payot, pé-

diatre allergologue.

Il faut commencer

par consulter son médecin traitant ou

son pédiatre, car il faut faire un bilan

avant de parler d’allergie ».

Les symptômes étant proches du rhume,

attention aux confusions.

« C’est un

rhume un peu permanent, un enfant qui

éternue, a le nez qui coule, gratte, avec

souvent une conjonctivite associée, voire

de la toux. Des symptômes aggravés

lorsqu’il fait beau avec du vent alors

qu’en cas de pluie ça s’améliore »,

ré-

sume-t-il. Le coupable est le pollen, cette

partie mâle des fleurs, dont la petite taille

ne permet pas d’être vu à l’œil nu mais

qui peut, s’il a un potentiel allergisant,

provoquer rhinites, yeux rouges et gêne

respiratoire allant de la toux à la crise

d’asthme.

Traitement et attitudes à adopter

« Toutes les espèces ont des périodes et

des régions où elles pollinisent : à partir de

février les arbres comme les cyprès, bou-

leaux puis les graminées au printemps et

en août les herbacées, comme l’ambroi-

sie sur la Vallée du Rhône »

, explique Gil-

les Oliver aérobiologiste au RNSA*. Ce ré-

seau publie des bulletins d’information et

étudie via des jardins les espèces allergi-

santes afin d’alerter la population dès les

premières pollinisations sur leur secteur.

« Ces informations permettent de débu-

ter un traitement avant l’apparition des

premiers symptômes »

. Car si votre en-

fant est en pleine crise, mauvaise nou-

velle, il est trop tard pour débuter une

désensibilisation.

« Il faudra attendre l’au-

tomne pour faire un bilan allergologique,

en vue d’une désensibilisation »

, explique

le Dr Payot, qui conseille d’obtenir un trai-

tement adapté prescrit par son médecin.

Sous forme de sirops, comprimés, spray

nasaux ou collyres, les médicaments anti-

histaminiques et corticoïdes locaux soula-

geront votre enfant, ainsi que les bron-

chodilatateurs en cas d’asthme.

Ensuite, suivez les conseils de l’OMS** qui

consistent notamment à éviter de sortir

durant les pics polliniques, de fuir les

parcs où l’herbe est fraîchement tondue,

de fermer ses fenêtres en voiture.

« Et dès

qu’on rentre, il faut laver ses yeux…

comme ses vêtements et cheveux où les

pollens peuvent rester »

, rappelle le Dr

Payot, qui ajoute que le tabac et la pol-

lution sont des facteurs aggravants.

« La

pollution abîme la paroi des pollens, ce

qui accroît leur concentration et abaisse

le seuil de sensibilité des personnes aller-

giques »

, confirme Gilles Oliver.

n

Notes

* RNSA Réseau national de surveillance

aérobiologique :

www.pollens.fr

Pollinarium Sentinelle : www.alertepol-

lens.org

** Organisation Mondiale de la Santé

François Payot,

pédiatre allergologue à Lyon

« On peut débuter la désensibilisation à partir de 5 ans. Plus

on commence tôt, plus on freine l’évolution de la marche

allergique ! Le bilan allergologue traque les suspects pour

trouver le(s) coupable(s). Une fois celui-ci identifié, on met

en place une immunothérapie allergénique : cette

désensibilisation ne se fait plus via des piqûres mais par

voie sublinguale. Quatre mois avant la saison et pendant

toute la période de pollinisation, on donne une petite dose

que l’enfant garde 2 minutes sous la langue, ce

qui provoque la fabrication d’anticorps et

bloque la réaction allergique. Il faut de la

coopération et être régulier mais c’est bien

toléré par les enfants ! Pour les graminées, on a même des

comprimés lyophilisés. Ces techniques sont à la fois

simples et efficaces ! Pour beaucoup, c’est spectaculaire :

ils sont guéris et l’effet perdure sur minimum 4-5 ans ».

« La désensibilisation se fait par voie sublinguale »

Allergies printanières :

traquez le coupable !