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de lui. Certains jouent un rôle de garçon

poussé à la caricature tant ils sont enfer-

més dans ce rôle. »

Améliorer le vivre ensemble

Mais s’attacher à l’égalité est un travail

de chaque instant. Il s’agit ainsi de ne pas

systématiquement donner la parole à un

garçon, d’énoncer les pronoms person-

nels sans oublier « elle », ou simplement

de discuter des choses du quotidien,

comme au moment de Noël et de ses

catalogues aux jouets hyper sexués.

« Ce

travail est important parce que les stéréo-

types sont forts et c’est à cet âge-là

qu’on peut les atténuer »

lance Nathalie,

maman de Faustine, en CM1 à l’école

Château-Gaillard

de

Villeurbanne

(Rhône) qui participe aux « ABCD ».

Les « ABCD », c’est « ouvrir le champ des

possibles », selon l’expression de l’ensei-

gnant Olivier Héricher.

« On insiste sur le

fait qu’il faut faire des choses selon ses

goûts et ne pas s’en interdire parce

qu’on est un garçon ou une fille,

lance-t-

il.

L’objectif est de décomplexer l’enfant

face aux stéréotypes fixés par la

société. » « L’école ne doit pas les enfer-

mer. Mais en même temps, on ne

déconstruit rien, on ne brise pas des

modèles,

précise Danièle Creachcadec.

C’est une démarche pédagogique

d’ouverture pour améliorer le vivre

ensemble. »

Au moment de faire le bilan de l’expé-

rience, beaucoup d’enseignants sont

enthousiastes.

« On a changé un certain

nombre de nos pratiques, on a ouvert les

yeux sur la nécessité d’expliciter les cho-

ses »

, assure Danièle Creachcadec. Le

rapport de l’inspection générale de

l’Education nationale sur le dispositif a

noté des éléments positifs – mais aussi

des points qui le sont moins… (lire l’enca-

dré ci-contre). En tout cas, alors qu’elle

était prévue, la généralisation des

« ABCD » a été abandonnée. Des syndi-

cats enseignants ont dénoncé ce recul

d’autant que, selon eux, le « plan d’ac-

tion pour l’égalité filles-garçons »

annoncé le 30 juin par Benoît Hamon,

ministre de l’Education, et Najat Vallaud-

Belkacem pour remplacer les « ABCD »,

n’engendrerait aucune action concrète.

Ce plan, qui concerne tous les établisse-

ments des premier et second degrés, est

basé sur quatre axes : la généralisation

de la formation du personnel éducatif à

l’égalité filles-garçons, la diffusion d’outils

pédagogiques pour aider les ensei-

gnants, des séquences pédagogiques

enrichies et l’information des parents.

L’égalité filles-garçons prendra ainsi

place dans la formation initiale des futurs

enseignants, dans la formation continue

des enseignants déjà en exercice et

dans les futurs programmes scolaires qui

devraient être effectifs à la rentrée 2016.

Car selon Benoît Hamon :

« L’égalité filles-

garçons, ça s’apprend. »

n

EC

Le sport s’avère être un bon moyen de com-

battre les stéréotypes.

EDUCATION

ZOOM

numéro 382 - Août-septembre-octobre 2014 -

www.peep.asso.fr

6

Muriel Salle,

responsable de la mise en œuvre de l’ABCD de l’Egalité dans l’Académie du Rhône,

historienne et formatrice des enseignants à l’ESPE Lyon spécialisée dans la mixité et l’égalité

Comment s’est mis en place le dispositif des

« ABCD de l’égalité » ?

En septembre nous avons reçu des inspecteurs et des

conseillers pédagogiques pour une formation sur l’égalité.

On a démontré à partir d’études scientifiques que le

traitement différencié des garçons et des filles s’opère

fortement dans le système scolaire. Pour beaucoup

d’enseignants, la sensibilisation a porté ses fruits.

Cette formation est-elle nécessaire ?

Il y a un travail à faire sur les attitudes des enseignants

pour gommer ces traitements différenciés. En effet, pour

que ça change il faut déjà que les professeurs s’en

rendent compte, ce qui est parfois douloureux car ils

sont généralement très attachés à l’égalité et ne

remarquent pas que leur comportement ne va pas dans

ce sens.

« La sensibilisation a porté ses fruits chez les enseignants »

UN RAPPORT NUANCÉ

En juin, l’Inspection générale de l’Education nationale (Igen) a publié un

rapport d’évaluation des « ABCD de l’égalité » (à consulter sur le site

www.lavoixdesparents.com)

. Si des éléments positifs ont été relévés (en

particulier du côté des enseignants, en demande de soutien et d’accompa-

gnement « du fait du caractère sensible du sujet »), le rapport souligne une

« réalité difficile à apprécier tant sont diverses les situations académi-

ques » (ressources pédagogiques inégalement exploitées…). Et le rapport

de pointer un manque manifeste : l’information préalable des parents

d’élèves. Une analyse bien entendu partagée par la Peep. D’autant plus,

comme le souligne Valérie Marty, présidente nationale, que sur ce type de

sujets,

« les familles doivent être nécessairement associées »

. L’Igen pré-

conise d’ailleurs de « communiquer avec les parents pour aplanir les diffé-

rends, lever les malentendus et partager un projet éducatif avec eux. »