Prise de conscience
En outre, alors qu’elles ont en moyenne
de meilleurs résultats scolaires, les filles
font globalement un choix d’orientation
moins ambitieux. C’est devant ce constat
d’échec que les ABCD de l’égalité ont
été expérimentés. Des écoles volontaires
ont alors répondu à l’appel des rectorats
et les enseignants ont reçu une forma-
tion.
« On a décidé de participer car cela
nous obligeait à creuser une réflexion sur
nos pratiques »
explique Danièle
Creachcadec.
« On a pu observer en
quoi elles véhiculaient les stéréotypes »
ajoute Olivier Héricher. Selon le ministère,
86 % des enseignants qui ont pris part aux
formations proposées dans le cadre des
« ABCD » ont admis avoir « pris
conscience de leur participation incons-
ciente au processus de reconduction des
stéréotypes éducationnels ».
Pour mettre en pratique le dispositif, les
enseignants ont pu bénéficier de ressour-
ces pédagogiques. Un site Internet créé
spécifiquement contient des conféren-
ces de spécialistes, des textes officiels ou
encore des travaux de chercheurs et des
séquences pédagogiques. Par exemple,
une étude de l’histoire de l’art et de la
mode fait observer que le travail des
rubans et dentelles n’a pas toujours été
l’apanage des dames ou, en français,
l’étude de contes permet de s’interroger
sur les rôles féminins et masculins.
Ces séquences se placent au sein des
programmes scolaires existants : les
« ABCD » ne sont pas une nouvelle
matière mais sont intégrés de manière
transversale dans les différents enseigne-
ments.
« A l’école maternelle, on ouvre le
champ de l’expérimentation et on n’in-
terdit rien sous prétexte que c’est un gar-
çon ou une fille,
explique Danièle
Creachcadec.
Tous les coins (dînette,
construction, etc.) sont ouverts à tous.
C’est essentiel pour la construction de
leur personnalité et leur ouverture sociale.
A l’élémentaire, on insiste sur le fait qu’il
n’y a pas de rôle prédéfini. Par exemple,
lors des jeux d’équipes, on a instauré la
parité et les enfants s’aperçoivent que
chacun peut aider l’équipe selon ses
compétences et que l’on peut travailler
tous ensemble, en complémentarité. »
Le
sport s’avère ainsi être un bon moyen de
combattre les stéréotypes. (lire à ce pro-
pos le témoignage d’Olivier Héricher ci-
dessus).
Les cours d’histoire, en étudiant des per-
sonnages historiques féminins, et ceux de
français peuvent aussi servir l’égalité.
« On a fait des ateliers écriture où les filles
écrivaient le portrait des garçons et inver-
sement,
explique Danièle Creachcadec.
Les garçons étaient alors choqués de ren-
voyer l’image de personnes fortes et pas
gentilles. Un garçon a par la suite fait des
efforts pour être plus gentil avec les filles
car il n’aimait pas qu’on ait cette image
« On n’interdit rien sous prétexte que c’est un
garçon ou une fille. Tous les coins (dînette,
construction, etc.) sont ouverts à tous »
assure
Danièle Creachcadec, directrice de l’école pri-
maire Louise-Michel à Montreuil.
EDUCATION
ZOOM
www.peep.asso.fr- numéro 382 - Août-septembre-octobre 2014
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andonnés, mais remplacés
(suite page 6)
« Cette expérience m’a servi et m’a ouvert le regard sur mes
pratiques. Par exemple, je fais attention à ne pas toujours
demander aux garçons de mettre en place les installations et
aux filles de porter les dossards ! Car quand on fait ça, on
induit des choses sans faire exprès. Je fais en sorte que des
filles jouent au basket et que des garçons s’inscrivent à la
chorale. On ouvre le champ des possibles. L’objectif est de
décomplexer l’enfant face aux stéréotypes fixés par la
société, d’assimiler le sens de l’égalité. Je ne suis
pas là pour m’occuper de ce qui se passe dans les
familles ou pour influer sur la sexualité de
l’enfant. J’ai été extrêmement blessé par ce que
l’on a pu dire sur notre profession et nos pratiques. Sur le
fronton de mon école est inscrit « égalité » : je dois la faire
respecter, même si garçons et filles sont différents et le
seront toujours. »
« décomplexer l’enfant face aux stéréotypes »
Olivier Héricher,
directeur et enseignant de l’école ZEP Albert-Camus de Fécamp (Seine-Maritime)