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- numéro 395 - Mars-avril 2017
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MAGAZINE
EN FAMILLE
lièrement en conflit avec sa fille de 16 ans
qui passe une semaine sur deux chez son
ex-conjoint :
« Lorsqu’elle est chez son
père, son petit copain peut rester dormir
et elle est libre de sortir même en se-
maine, jusque tard dans la nuit. Cela me
place dans un mauvais rôle, alors
qu’avant le divorce ces règles tombaient
sous le sens »
, regrette-t-elle.
« Il est essen-
tiel que les parents gardent une proximité
éducative, qu’ils aient la même façon
d’éduquer, qu’ils sachent mettre des limi-
tes, comme ils le faisaient auparavant, si-
non comme dans ce cas, cela peut réali-
menter le conflit »
, conseille le psychiatre,
qui met aussi en garde sur les capacités
des enfants à profiter de leur culpabilité.
Car si de nombreux parents couvrent leurs
enfants de cadeaux après un divorce, il
n’est pas rare que les enfants y trouvent
aussi leur compte, les plus malins allant
jusqu’à obtenir le cadeau en double !
Chacun à sa place
« Les enfants ont besoin qu’on soit pro-
ches d’eux, qu’on partage des moments
ensemble, il ne faut pas compenser le di-
vorce par des excès de cadeaux. Et à l’in-
verse, il ne faut pas “parentifier” l’enfant,
en lui demandant de s’occuper de ses (suite page 34)
frères et sœurs, comme souvent dans les
grandes fratries si le parent est dépassé »
,
ajoute le Dr Benzohra. Pour rester dans
son rôle d’éducateur, il faut savoir dépas-
ser ses propres douleurs pour se rendre dis-
ponible pour ses enfants. Souvent plus fa-
t préserver les enfants ?
Nour-Eddine Benzohra,
psychiatre et thérapeute familial, vient de publier (avec Colette
Barroux-Chabanol) « L’art d’être des parents séparés » aux éditions Albin Michel
« Il faut protéger ses enfants, répondre à leurs
questions, leur expliquer les choses avec des mots de
leur âge, sans rentrer dans trop de détails ni des
déballages… et surtout sans jamais discréditer l’autre
parent. Pour que la résidence alternée fonctionne, il
faut surtout que le climat soit apaisé pour pouvoir
dialoguer et continuer à prendre à deux les décisions,
notamment scolaires. Attention à ce que l’école ne les
stigmatise pas, toutes les difficultés scolaires ne sont
pas dues aux séparations ! Les problèmes ne viennent
d’ailleurs souvent pas de la séparation mais plutôt de la
discorde familiale. Moins le conflit dure, mieux c’est
pour les ex-conjoints et a fortiori pour les enfants. Il
faut que les parents arrivent à se décentrer de la
problématique conjugale.
L’enfant n’a pas à être au cœur du
conflit et il ne faut surtout pas le
prendre comme allié dans une
« collision de guerre ». Cela peut aller
jusqu’au syndrome d’aliénation parentale (SAP), qui
peut amener l’enfant à ne plus vouloir voir son autre
parent. C’est terrible. L’enfant n’est pas le bon
interlocuteur, il faut se tourner vers une tierce
personne, un bon ami mais neutre ou un conseiller
conjugal, un psychologue… pour réussir à clôturer
l’histoire, entrer dans une relation apaisée et être un co-
parent. Et ensuite, il ne faut surtout pas être intrusif
quand les enfants sont chez l’autre et pour les enfants,
apprendre à accepter le(la) nouveau (lle) venu(e) dans
ce nouveau schéma familial. »
« Se décentrer de la problématique
conjugale pour devenir un co-parent »